Pochette violette assez amatrice, logo fort banal dans sa sobriété, trois chansons seulement, dont une reprise de
Black Sabbath, ça commence avec de relativement mauvais préjugés pour
Surtr, jeune groupe français de doom. On est un peu rassuré en constatant que cette démo éponyme s'étire quand même sur plus de vingt minutes, mais dès la première ça ne s'annonce pas très varié niveau riffs parce que c'est LENT ! Bon ok, c'est du doom, donc grosses grattes graves et batteur sous valium. Pour cibler un peu plus le genre,
Surtr évolue dans un style un peu plus traditionaliste, que la scène anglaise par exemple, avec une voix claire et grave, et une musique aux légères influences heavy à l'ancienne, du genre
Black Sabbath. Ces derniers ont laissé une marque visible sur le groupe, la reprise de la chanson "Electric
Funeral" en est témoin. Mais
Surtr apporte quand même une petite touche personnelle, en laissant par exemple vibrer ses cordes plus que raisonnable, ce qui donne un peu de tension au son lorsque ça leur prend, un peu à la manière du dernier
Rorcal. Alors ça diffère un peu d'Ozzy et ses compères par endroits. Mais malgré ces évidentes recherches d'identité, qui se trahissent notamment à travers un soi-disant concept intitulé "
World of Doom" auquel appartiendraient les deux premières pistes, le groupe souffre d'un manque d'originalité et d'un amateurisme un peu trop voyant. Effectivement, l'écoute de ces deux titres n'est pas déplaisante, mais on peine à saisir quels sentiments on cherche à nous évoquer.
Surtr enchaîne des transitions surprenantes, passant d'un tempo lourd à un bref passage plus rapide sans que ce soit parfaitement maîtrisé, et du coup l'effet qui en résulte se révèle vaseux et confus.
Pour en venir à l'amateurisme, la production n'est pas trop trop déplaisante, en revanche la voix du chanteur révèle trop souvent ses faiblesses. Si elle est peut-être plus mûre sur leur album, c'est à voir, mais la démo souligne ses hésitations, ses notes indécises, et certains cris "true heavy yeah!" sont, hélas, complètement ratés, et s'écrasent tristement, dommage. Enfin, sur Electric
Funeral, c'est le massacre. Reprendre une légende comme
Black Sabbath est un pari risqué : le fossé se creuse rapidement entre la prestation du jeune Ozzy et celle du vocaliste de
Surtr, à l'accent français moyennement séduisant par endroits. Autrement, sans être ni guitariste ni percussionniste, j'ai cru entendre plusieurs fois des imprécisions au niveau de ces instruments-là. C'est dommage, car s'il est compréhensible de traiter la prestation comme elle nous parvient lors d'un enregistrement live, ce n'est en revanche pas se montrer difficile que d'exiger d'une sortie studio qu'elle soit sans faute. En conclusion un début mitigé pour
Surtr. Dans l'ensemble c'est correct, et pas trop ennuyeux, mais une écoute attentive dévoile une musique un tout petit peu creuse et manquant un chouya de personnalité, et surtout dotée de verrues difficiles à négliger. Ça reste une démo, cependant, à considérer comme telle, et leur album offre peut-être quelque chose de plus consistant. En attendant, si ça ne m'a pas dérangé d'écouter ce disque pour en faire la chronique, il va prendre la poussière parce qu'il y a plus intéressant dans la scène doom actuelle.
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