Décidément, en ce moment, les boucs se portent bien : entre les derniers albums de
Goatvermin,
Goatwhore,
Goatpenis, et autres
Goatblood en 2017, les full lengths d’
Archgoat,
King Goat, Goat Explosion et Goathammer l’année passée, ainsi que le Egregors of the
Black Faith de Witchgöat sorti le mois dernier, la bergerie satanique a sacrément la côte depuis quelques années. C’est d’ailleurs dans ce contexte de bêlements bestiaux et infernaux que les Norvégiens de Goatkraft décident de sortir à leur tour leur premier album sur Iron Bonehead après une première démo sobrement intitulée
War Metal ainsi qu’un EP l’an dernier dont le dernier titre n’était autre qu’une cover de
Unholy Vengeance of
War de
Black Witchery. Goatkraft,
War Metal,
Unholy Vengeance of
War, vous voyez d’entrée le topo, les références sont explicites et pas besoin de vous faire un dessin quant au style joué par le quatuor, surtout que celui de l’artwork est déjà assez éloquent.
Effectivement,
Sulphurous Northern Bestiality n’offre pas plus de surprise que de fioriture, balançant un vrai black death direct et bas du front dans la plus grande tradition du war metal. Ici, on ne fait ni dans la finesse ni dans la technique, on se contente d’envoyer la purée sur 11 titres et 28 petites minutes et si t’es pas content, on s’en branle. O. et G. dégueulent des riffs primaires, bêtes, méchants et diaboliquement entraînants qui donnent foutrement envie de tout péter autour de soi, A. torture sa basse qui claque comme mille fouets infernaux, tandis que T. balance des blasts incessants et décérébrés qui assomment et que les vocaux dégueulasses et subtilement vomis de G. nous agressent délicatement les tympans.
Evidemment, tout ça ne fait pas dans l’originalité, avec deux trois riffs maximum tournant par titre et entraînant une linéarité aussi bête que jouissive, mais le cahier des charges du bon album de war metal est parfaitement rempli, avec une agressivité plus qu’honorable qui ne tourne pas pour autant au bourrinage vide et sans âme. Comme tout album du style qui se respecte,
Sulphurous Northern Bestiality est ultra primaire et répétitif, mais il déglingue proprement et quand on est amateur du genre, on ne recherche de toutes façons pas vraiment la subtilité; on est certes encore loin de l’intensité et de la folie de tous les instants d’un
Revenge, mais la musique des Norvégiens est suffisamment bestiale pour faire fuir tout amateur de black mélodique, ce qui pour beaucoup de war metalleux, suffit déjà à faire un bon album. Sans rien apporter de nouveau, voilà une galette qui devrait plaire aux inconditionnels de
Blasphemy,
Archgoat ou
Black Witchery.
D’ailleurs, les brutasses de Goatkraft se distinguent légèrement de la masse avec un son puissant et relativement clair pour le style ainsi que la présence remarquée de cette basse infernale. Pour le reste, on envoie du riff gras et headbangant qui souille le calebard, le tout parfois saupoudré d’une bonne giclée aux relents de punk frelaté, et basta : aucun solo de gratte hurlant (sauf sur Hordes of
Damnation et quelques notes timides sur
Spell of
Black Pestilence), très peu de changements de rythme, une quasi absence de ces mid tempo rampants et diaboliques que l’on trouve chez
Archgoat par exemple, chez les Norvégiens, c’est simplicité et efficacité maximum, et ça marche. Oui, cet album défonce quasiment non stop du début à la fin, mais il le fait avec une grande maîtrise et un je ne sais quoi de fun malgré le sérieux du propos, et la courte durée de l'objet fait qu'on morfle en continu sans avoir le temps de s'ennuyer.
Les grattes ronflent, la batterie tape, A. et G. gueulent, je dépèce mon arrière grand-mère à coups de hache rouillée et je défleure l’anus de ma petite cousine de huit ans, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Après les albums de Thy Feeble
Saviour,
Archgoat,
Knelt Rote, Of Feather and Bone et Goathammer sortis l’année passée, voilà que Goatkraft vient jeter un nouveau pavé dans une mare déjà bien débordante de foutre et de sang. Une seule conclusion s’impose : merci les gars de nous gâter de vos douces mélodies, de propager l’amour et la foi et de rendre le monde meilleur grâce à votre musique!
Merci pour ton avis très constructif, mais je te saurais gré de développer un peu de peur que ton commentaire avisé ne passe lui-même pour ce qu'il dénonce.
Merci! Au revoir!
Qualifier de Death/Black un disque qui suce à ce point Black Witchery et donc, par filiation Blasphemy, c'est juste une putain de grosse connerie.
Contrairement à ce que tu sous entends, on ne mesure pas la qualité d'un album à la populace qu'il fait fuir, surtout dans un style aussi casse gueule que celui ci. Seule l'ambiance qui s'en dégage compte. Un satanisme primaire et bestial, totalement inhumain et dégueulasse, s'épanouissant dans la violence et le chaos le plus total. Là est l'essence même de ce genre de Black Metal, chose que tu ne saisis absolument pas.
Dernier point, t'as bien fait d'éditer ta chronique, le nom de Black Funeral n'avait absolument rien a y faire (tout comme celui d'Archgoat d'ailleurs...). Encore que, ça permet de voir à quel point tu ne maîtrises pas cette scène, te mélangeant les pinceaux jusqu'au nom d'un des fers de lance du genre.
J’avoue que je ne suis pas un grand amateur de cette scène qui ne m’attire pas plus que ça même si je pense en connaître suffisament pour chroniquer un album lambda du genre. Je ne sais pas si d’après toi il aurait été plus juste d'écrire black death que death black – j’ai modifié - quoi qu’il en soit, je ne comprends pas pourquoi le terme death te fait tiquer; pour un groupe de ce genre, je trouve la différence très ténue et la barrière très floue. Toute cette scène a une très forte influence death dans le riffing - même Black Witchery, malgré son nom et ses thématiques - et dire que c'est du pur black me semble pour le moins douteux. Cet accordage, ce riffing, ce chant guttural qui se retrouvent dans la pluaprt des groupes du genre... Je m'avance peut-être et je ne sais pas si l'influence est avérée, mais cette scène semble s'inspirer des vieux groupes sud américains qui se contentaient de jouer un metal extrême primitif et blasphématoire en dehors des considérations d'étiquettes et de styles qui commençaient à peine à émerger, et je persiste à dire que la musique de Goatkraft tient autant des deux styles – les mots clé de leur page Bandcamp sont black metal, death metal, war metal et Norway - , d’ailleurs un album comme Fallen Angel of Doom sonne plus death que black à mes oreilles. Je ne comprends d'ailleurs pas non plus pourquoi tu dis qu'Archgoat n'a rien à voir là-dedans, et pourquoi tu les distingues tant de Black Witchery – le rapprochement est encore plus flagrant avec Inferno of Sacred Destruction : je trouve justement que sur des titres à la lourdeur poisseuse comme Bestial Devastation ou le furieux Imperial Hate, on est en plein dedans.
Ensuite, désolé si tu n’as pas apprécié la petite pique sur le peu d’exigence des amateurs du genre, mais sur la chronique d’une musique si subtile et nuancée, c’est de bonne guerre. Je précise quand même, au cas où : c’était de l’humour. Maintenant, sous-entendre que je n’ai rien compris à l’essence du style juste à cause de cette phrase… Honnêtement, pas sûr que le style en question soit tellement délicat et complexe à appréhender qu’il soit difficile d’en cerner les contours, et affirmer qu’il n’y a que l’ambiance et le satanisme qui comptent, c’est à mon sens incomplet ou au mieux une pirouette un peu facile : je ne sais pas si tu catégorises Goatkraft plus dans le war metal que dans le black death, mais généralement quand t’écoutes du Conqueror ou du Revenge, c’est pas vraiment le satanisme primaire qui te saute aux oreilles mais plutôt le chaos, la destruction et l’annihilation (d’ailleurs à part un ou deux « Antichrist », la thématique sataniste est très loin d’être récurrente dans ces deux groupes essentiels du style). L’ambiance, tu te la mets derrière l’oreille, tu te fais juste violemment dévaster la gueule par la musique qui est une putain de guerre totale, point. Du coup, s’il faut séparer les groupes de war metal des groupes de black death ultra satanistes à la Black Witchery, je veux bien, mais ça veut dire qu’il faut musicalement comme thématiquement classer Goatkraft dans la deuxième catégorie ce qui du coup renvoie à ma question de départ sur l’étiquette du groupe.
Ceci étant dit, j’aimerais bien savoir ce que tu as pensé de l’album. Ca m’intéresse, car je suis curieux de connaître les critères objectifs et concrets sur lesquels tu te bases pour dire qu’un groupe du genre est bon ou mauvais. L’ambiance, oui, je comprends, mais c’est quand même vachement subjectif, et personnellement, le satanisme primaire et bestial, je le ressens plus dans les premiers Archgoat et Beherit que dans Blasphemy ou ce fameux Sulphurous Northern Bestialty qui m’inspire plus le headbang bestial que le blasphème et le chaos total. Merci d’avance pour ta réponse, ça m’intéresse vraiment de creuser le sujet.
Merci pour ta chronique Icare!!
Je la trouve très juste et bien écrite.
Je n'ai rien à ajouter.
"Spell of Black Pestilence" est un petit bijou de War Metal. On ne leur demande rien d'autre que de nous matraquer le cerveau et c'est parfaitement exécuté!
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