"- Tiens, écoute moi donc ça, mec.
-
Unlight ? C'est pas les mecs qui ont pondu un album très chiant l'année dernière ?
- Si, si, "Death Consecrates with
Blood". Mais là, franchement, avec ce skeud, je te garantis qu'ils sont franchement remontés dans mon estime.
- Bon, je te fais confiance, mon vieux."
Je ne connaissais
Unlight que par "Death Consecrates with
Blood", disque Ô combien efficace mais ennuyeux. Trop peu varié, pochette très moche, bref, quelque chose qui m'avait laissé un mauvais goût d'inachevé. Faisant une confiance aveugle dans les dires du collège cité plus haut, je me décidai à acquérir le dernier disque de la horde du pays de la charcuterie.
Première constatation, la couverture est aussi moche que la précèdente. Du "photoshop-like", une fois encore. C'est parfois réussi ("Pestapokalypse IV" de
Belphegor, pochette que je trouve superbe), mais dans le cas présent, c'est vraiment, vraiment laid : Un paysage désolé, un mec qui semble sortir d'Auschwitz, un crâne à la place de la trogne, et une espèce d'éclipse dans un ciel nuageux. Cet avis n'engage que moi, bien entendu, mais permettez moi de vous dire que le groupe partait déjà avec des points en moins.
Comme d'habitude, j'essayais de ne pas tenir rigueur outre mesure de l'artwork, espérant que le groupe ferait, à défaut d'un disque inoubliable, au moins mieux que son prédecesseur (sorti il y a à peine un an, quand même). Le rituel de découverte commence, et, comme à l'accoutumée, je m'assoie dans un fauteuil, cigarettes à portée, et le disque démarre. Et là, c'est la claque.
"Sulphurblooded" démarre sur un blast ravageur, sublimé par un solo franchement foutraque mais efficace. Le reste du titre se fait en alternance D-Beat/
Blast Beat à la batterie, tandem efficace pour un titre Black. Cette première pièce me rappelle certaines chansons d'
Hellsaw, surtout au niveau de la voix.
Le groupe semble avoir pris une direction bien plus foutraque sur cet album, en témoigne la coupure du titre suivant, jouée au clavier bontampi distordu, couplé à une voix pitchée : le genre de coupure qui vous fait directement penser "What-The-Fuck" ? Coupure qui arrive comme un poil sur la savonnette, et qui ne colle pas franchement à l'atmosphère du titre, mais qu'importe : c'est délirant, et j'adore ça. Le sourire au lèvres, je m'aventure dans le disque de plus en plus profondément.
Troisième titre : un bébé qui pleure et une chèvre, et un riff d'introduction lent. Ne vous attendez pas à du mid-tempo, le groupe enchaîne avec un roulement de batterie écrasant et une ligne de double marquant fortement la cadence. Les guitaristes s'en donnent à coeur joie sur ce "Sic
Transit Gloria Mundi", avec le riffs acérés très typés "scène Norvégienne".
Le titre suivant, "
Pale Rider-
Pale Horse", ne brille pas par cet esprit foutraque, même si le mid-tempo en milieu de titre est assez bien placé, permettant aux guitaristes, comme d'habitude, de s'exprimer librement, avec ici des solis lents mais ô combien éloquents, presque
Power Metal (non, sans rire, j'ai cru écouter du
Blind Guardian). On continue vraiment dans cet espèce de bazar musical, mais le groupe devient de plus en plus difficile à suivre.
"Become An Opponent", du moins son introduction, est tout sauf une introduction de Black : elle sonne très Heavy, la faute aux guitares, qui jouent des accords vieux comme le monde. Le reste du titre dispense un BM pur et dur, pas bien original, et qui commence à m'ennuyer sérieusement. A force d'alterner passages "WTF" et lignes typiques, le groupe lasse.
Le titre suivant possède une ligne de guitare qui fera hurler les fans du "
Hellfire"
1349 : la ligne est une copie conforme de celle de "Nathicana" (j'ai mis du temps à retrouver la chanson en question). Mauvais point, très mauvais : ça sonne comme du
1349, en moins bon (normal, dès lors que
Frost** n'est pas derrière les fûts, c'est pas top).
"
Invictus", pièce suivante, est ennuyeuse. Rien à ajouter : riffs prémâchés, pré-digérés, trois minutes d'ennui au pays du cliché BM. s'il y a bien une chanson qui n'est pas du tout impregnée du délire propre à cet opus, c'est cette dernière.
Bon, passons à la fin du disque : "
Dead All Thing
Will Be II" (ceux qui feront le rapprochement avec le langage de Yoda ne pourront que s'écrouler de rire), titre lent mais d'une lourdeur jupitérienne, possède un sample "WTF-approved" aux trois-quarts de la durée de la pièce, qui se termine sur la basse jouant le même riff durant quelques dizaines de secondes.
Les deux derniers titres sont calibrés "BM classique", hormis peut-être le dernier, ou les guitaristes se déchaînent dans un torrent de folie, pour que le titre se termine sur des guitares chorus sonnant très pop-rock (oui, vous avez bien lu).
Bon, je ne dois pas être de mauvaise foi, ce "Sulphurblooded" est bien meilleur que l'album précédent. Le groupe a su prendre des libertés et s'affranchir un peu des canons musicaux du BM classique, ce qui est une très bonne chose. Malheureusement, la production bien trop propre et aseptisée nuit fortement à la musique dispensée par
Unlight. Les guitares ne possèdent pas ce "grain" si particulier dont on fait les chef-d'oeuvres. Ensuite, second gros point noir, le groupe est parfois franchement ennuyeux sur certains titres, ou les expérimentations sont absentes. Je dis "expérimentations", cependant, elles sont quand même assez discrètes (nous ne sommes pas chez les fous furieux de
Spektr), mais toujours bienvenues.
Unlight accouche donc d'un disque plutôt bon sans être inoubliable. Plaisant à écouter de temps en temps, mais pas dans son intégralité.
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