Il est de ces groupes qui aiment bien prendre leur temps pour composer leurs albums, quitte parfois à se faire un peu oublier entre-temps. C'est justement le cas des Italiens de
The Modern Age Slavery, groupe formé en 2007 et qui en est à son troisième album. Il faut dire que pas moins de quatre ans séparent ce nouveau "
Stygian" de son prédécesseur "
Requiem for Us All", qui lui-même était le résultat de cinq longues années d'attente. Et comme c'est le cas à chacune de leurs nouvelles offrandes, celle-ci est signée sur un label différent, et aujourd'hui, c'est donc via le label Innerstrength Records que nos musiciens lancent ce "
Stygian".
En soi, la musique des Italiens est un subtil mélange de
Brutal Death
Metal avec quelques touches de
Deathcore. Mais bien que ces albums soient de bonne facture, il manquait toujours une certaine touche pour les propulser plus en avant. Sera-ce encore le cas cette fois?
Au niveau de la pochette, comme sur celle du disque précédent, on a à nouveau des références à un monstre tentaculaire. Cette fois-ci, la bête est une chimère enserrée entre des serpents et un kraken, qui a carrément décapité et démembré sa victime. Est-ce là une métaphore de ce qui va nous arriver ? C'est bien parti pour car, après l'introduction "Prelude to an
Evolution" qui consiste en des bruits inquiétants, voilà que déboule "The
Reprisal Within" qui démarre à fond à l'heure avant de déboucher sur un gros breakdown (mais un peu maladroitement placé) puis de repartir à toute vitesse.
Ainsi, les Italiens gardent leur recette à cheval entre Death
Metal et
Deathcore via ces éléments très rentre-dedans et des breakdowns destructeurs que l'on peut entendre sur "The
Reprisal Within". Mais plutôt que de se contenter de faire un énième disque de death bête et méchant, les Italiens ont cette fois incorporé de nouveaux éléments à leur musique, que ce soit le groove assez identique à celui de nos nationaux de T.A.N.K, les arpèges malsains à la
Thy Art Is Murder comme sur "Miles Apart" qui donnent un côté glacial et horrifique au disque, ou même la poli-rythmique à la
Meshuggah sur "Regression through Unlearning".
Je pourrais aussi parler des chœurs angoissants et du chant clair figurant sur l'éponyme que n'aurait pas renié Septic
Flesh, le côté orchestral en moins. Je pourrais aussi citer le chanteur qui a fait de véritables progrès au niveau de sa voix. En effet, celle-ci apparaît moins brouillonne qu'autrefois, ce qui la rend plus agréable.
Au final, cet opus apparaît plus travaillé que ses prédécesseurs, preuve que nos musiciens ont appris de leurs erreurs. Et surtout, les prises de risque ici sont les bienvenues. Attention toutefois à ne pas en faire trop, au risque de devenir un fourre-tout indigeste sans queue ni tête. En effet, déjà avant, les Italiens prenaient des idées à droite et à gauche ; ici ils sont allés bien plus loin, et on peut craindre qu'à l'avenir, ils ne cherchent à en faire trop.
Quoi qu'il en soit, on détient là un bon disque de Death, qui devrait réserver une place un peu plus grande sur le marché à cette industrie qu'est l'esclavage moderne, et que ces musiciens se chargeront de représenter à merveille.
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