Les événements tendent à se précipiter pour le quintet finlandais ! En effet, porté par un saisissant «
Far Away », son premier album full length, signé chez le puissant label finlandais Inverse Records, le combo reviendra dans la course moins d'un an plus tard à peine. S'il nous avait accoutumés à davantage de tempérance avant de se lancer dans l'arène, le collectif nord-européen créé à Lempäälä il y a maintenant quatre ans n'a pas pour autant cherché à brûler les étapes, loin s'en faut. Aussi, nous octroie-t-il, cette fois, un EP 4 titres, répondant au nom de «
Strong », s'égrainant sur un ruban auditif de 17 minutes tout au plus, où est évoqué un hymne général à la force intérieure inhérente à chacun de nous, celle qui, précisément, nous pousse à agir pour tenter de surmonter les épreuves que la vie nous réserve parfois.
Plus qu'une simple parenthèse dans le processus créatif du groupe, cet opus, aussi modeste soit-il, serait à appréhender comme le chapitre suivant du voyage entamé sur le précédent effort.
Dans cette traversée, on suivra à nouveau Monia Sommer (ex-Skygazers), frontwoman aux corrosives et puissantes inflexions, et ses quatre acolytes d'hier. Resté partiellement fidèle à ses fondamentaux, la troupe nous livre un effort estampé heavy mélodique et alternatif, pour l'essentiel. Un propos la fois volontiers impulsif, parfois tourmenté, un brin enivrant, dans la veine coalisée de
Battle Beast,
Ela,
Halestorm et
Bif Naked, la touche personnelle en prime, et non sans une surprise à la clé ! A l'instar de son devancier, ce méfait bénéficie d'un enregistrement de bonne facture, n'accusant que d'infimes sonorités parasites tout en dispensant une belle profondeur de champ acoustique, auquel se superpose un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation. Une production d'ensemble plutôt soignée qui a pour corolaire une technicité instrumentale et oratoire parfaitement maîtrisée et des lignes mélodiques finement ciselées. Il ne nous reste plus qu'à monter dans la frêle embarcation en quête d'éventuelles pépites cachées dans ses entrailles...
A l'instar de son illustre devancier, ce second mouvement fait la part belle aux pistes enflammées, le combo parvenant alors bien souvent à aspirer le tympan du chaland. Ce qu'atteste, tout d'abord, «
The Wolf and the Owl », échevelant up tempo aux riffs acérés dans la lignée de
Battle Beast ; déversant de furieux coups de boutoir doublés d'un martelant tapping, se dotant parallèlement d'un refrain catchy mis en exergue par les rocailleuses inflexions de la déesse, et paré d'un bref mais vibrant solo de guitare, le ''tubesque'' méfait ne se quittera qu'à regret. On pourra non moins esquiver le tonique « Fake You » tant pour ses enchaînements intra piste des plus sécurisants que pour son énergie aisément communicative. Recelant, en prime, de grisants arpèges d'accords et une sente mélodique, certes, convenue mais des plus efficaces, ce saillant manifeste au carrefour entre
Bif Naked et
Ela générera un headbang bien senti et quasi ininterrompu.
Quand le convoi instrumental en vient à ralentir un tantinet sa cadence, nos acolytes trouvent à nouveau les armes pour nous faire plier l'échine. Ce qu'illustre «
Strong », rayonnant mid tempo syncopé aux riffs épais, à mi-chemin entre
Halestorm et
Ela. Dévoilant des couplets bien customisés, relayés chacun d'un refrain immersif à souhait mis en habits de lumière par les corrosifs médiums de la sirène, auxquels s'ajoutent d'insoupçonnés mais opportuns changements de tonalité, un pont techniciste alimenté de seyants gimmicks suivis d'un fringant solo de guitare, ainsi qu'un final en crescendo, c'est dire que les arguments esthétiques et techniques sont loin de manquer à l'appel de ce seyant méfait. Et la magie opère, là encore.
Mais là où nos compères nous surprennent véritablement concerne « 37500 », unique pièce instrumentale de leur répertoire. C'est dans un univers rock'n'metal atmosphérique et progressif, cette fois, que nous mène le collectif finlandais, et non sans panache. Démarrant sur de subtiles et troublantes notes de guitare saturées qu'enchaîne un fin picking à la guitare acoustique, sur fond d'enveloppantes nappes synthétiques, le seigneur des airs ouvre peu à peu ses ailes. Lorsque le corps orchestral en vient à se densifier et que les puissants et métronomiques coups de tambour entrent en scène, un doux sentiment de plénitude nous envahit. Un exercice de style inédit, dans un registre metal encore vierge de toute incursion de leur part, et qui sied à merveille à nos valeureux gladiateurs.
Une fois encore, la troupe finlandaise fait preuve d'ingéniosité pour nous aspirer dans la tourmente. En dépit de son modeste format, ce message musical n'a pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense : des mélodies ciselées avec délicatesse, une interprétation des plus envoûtantes, un réel potentiel technique, au demeurant, savamment exploité, et une ingénierie du son difficile à prendre en défaut, sont autant de qualités à mettre à l'actif du combo. Si une prise de risque s'inscrit dans la trame de la laconique rondelle et que le champ des possibles stylistiques se fait plus ouvert, on pourra toutefois regretter l'absence de ballades et autres duos tout comme un frustrant manque d'allonge pour pouvoir se sustenter. Etat de fait qui ne saurait néanmoins empêcher le quintet nord-européen de confirmer sa position de sérieux espoir de ce registre metal, ce dernier nous livrant une œuvre, certes, dans un mouchoir de poche mais des plus palpitantes et audacieuses...
Note : 14,5/20
Je viens de l'écouter et pour ma part, je suis sous le charme! Je ne suis pas trop d'accord sur le fait qu'il manque des ballades car n'étant pas un album full length, c'est dispensable! J'attend de voir un deuxième ouvrage complet pour cela car je suis impatient de voir ce que ça nous pondre ce combo finnois!
En effet, il est rare que j'aime TOUTES les chansons qu'un groupe fait (il y en a toujours bien quelques une auxquelles je n'accroche pas), mais eux... bon dieu... rien n'est à jeter!
Sur celui-ci, la chanson titre est juste une tuerie, la première est dans la veine du précédent opus, et les chœurs ainsi que le refrain sur "Fake You" sont prenant au possible!
Mais alors la perle, là où je te rejoins une fois de plus, c'est "37500"!!! Quelle claque! Du pur bonheur!
Bref, dommage que ce ne soit qu'un EP! Je suis maintenant sur ma faim!
Encore merci pour cette chronique superbement magnifiée comme il se doit grâce à ta plume!
Encore merci de m'avoir permis de découvrir cette beauté qu'est Abandon All
Un grand merci pour ton élogieux retour et ton commentaire nourri ! Tout comme toi, en dépit des qualités de cet EP, je reste un peu sur ma faim avec seulement 4 titres pour se sustenter. Mais j'ai comme l'impression qu'il ne s'agit-là que d'un heureux trait d'union entre deux albums, le groupe nous offrant par là même un surprenant ''37500'', qui, pour ma part, a largement les armes pour rivaliser avec les plus belles des ballades.
Concernant les ballades, justement, pour ma part, un EP 4 titres constitue le format plancher à partir duquel on pourrait être en droit d'en avoir une au programme des réjouissances. Il s'agit, en fait, d'une valeur-test du spectre rythmique et émotionnel générés par le groupe, témoignant ainsi de son aisance à se mouvoir dans différents exercices de style. Mais je comprends ton point de vue, et, après tout, le groupe n'en a pas composé une seule depuis le début, et cela ne l'a pas empêché de nous prendre dans ses filets pour autant! Mais je ne désespère pas! A l'aune d'un second album full length, peut-être?...
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