Loch Vostok est définitivement un groupe à part. Pour rappel, la formation suédoise est née des cendres de l’excellent groupe de metal progressif
Mayadome. Ce dernier, alors signé sous le prestigieux label
Shrapnel Records, sortira deux albums avant de se séparer. Teddy Möller est le fil conducteur de cette aventure. Multi-instrumentiste doué, il troque alors son costume de (très bon) batteur pour celui de guitariste et chanteur. Une petite remise en perspective pour rappeler que la formation, au demeurant toujours plutôt confidentielle, roule sa bosse depuis plus de 20 ans.
Venons-en au cœur du sujet. Sortie en 2017,
Strife est la septième offrande officielle de
Loch Vostok en 14 ans. Avec une régularité quasi métronomique, et malgré un line-up relativement instable, le combo vogue contre vents et marées. En effet, les Suédois ne font fi d’aucune réelle contrainte stylistique. Une démarche artistique ambitieuse et intègre mais plutôt déroutante. En effet, sur une base évidente de metal progressif mélodique, le groupe incorpore sans vergogne riffs typiquement Black, passages Death et blasts en tous genres. Il en va de même du chant, qui explore le spectre des genres cités précédemment. Possédant une vraie marque de fabrique, les aficionados des œuvres précédentes ne seront pas dépaysés.
Techniquement, l’ensemble est irréprochable et la production particulièrement efficace (le Mastering est l’œuvre de Jens Bogren qu’on ne présente plus). On passera plus rapidement sur un artwork curieusement un peu désuet et des thématiques abordées plutôt classiques.
Strife est un album aventureux. Cependant, à l’instar du puissant «
Babylon Groove » qui ouvre l’album ou du single «
Strife », le mélange des genres ne sera certainement pas du goût de tous. Trop extrême pour certains, trop catchy pour d’autres, le résultat peut laisser de marbre. Le groupe possède pourtant une qualité d’écriture indéniable. Et c’est finalement, paradoxalement, sur les morceaux les plus « classiques » que cette dernière s’affirme (« Consumer, Formerly Known as
Human », « Forever » et « Purpose »). Véritable madeleine de Proust, cet effort recèle un nombre conséquent de références que vous vous ferez un plaisir de découvrir par vous-même (
Annihilator,
Dimmu Borgir…).
Loch Vostok ne fait pas dans l’immédiateté et ne vendra jamais des palettes d’albums. Cependant, sa passion et son intégrité artistique sont indéniables. Il serait, en ce sens, dommage de ne pas lui donner sa chance car "
Strife" s'avère être un petit bijou d’orfèvrerie pour peu que l’on lui accorde du temps.
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