Message a été reçu par le quintet néerlandais de revenir dans la course, muni d'un album full length. Cela étant, deux longues années sépareront l'introductif et encourageant EP «
Eden 2.0 » de son successeur, «
Strangers Parade » ; une auto-production égrainant dix titres (dont les deux singles : «
The Tower », sorti en octobre 2024, suivi de «
Escape », 6 mois plus tard) sur un ruban auditif de 44 optimales minutes. Une attente récompensée par un premier mouvement de longue durée jouissant, à l'image de son modeste devancier, d'une production d'ensemble de fort bonne facture, à commencer par un enregistrement aux petits oignons. A l'aune de cet élan s'assimilant à un voyage musical à travers le thème du contrôle, au sens large, le combo batave détiendrait-il, cinq ans après sa fondation, l'arsenal requis pour se jouer de la féroce concurrence continuant d'agiter l'espace metal symphonique à chant féminin ?
Plus encore, cet espoir repéré par son solaire EP pourrait-il dès lors se muer en valeur montante de ce registre ?
Après un remaniement partiel du line-up, la troupe compte aujourd'hui dans ses rangs : la chanteuse aux cristallines inflexions Yvette Ophelia, en remplacement de Désirée Nolta, suivie de Cees van Ooijen (ex-Android Soul, ex-Wastelands) aux claviers et aux choeurs, Lennert Kemper (feu-Dreamwalkers Inc, ex-Resolve) aux guitares, Robert van der Poel (ex-Android Soul, ex-Wastelands), en lieu et place de Rosario Pulvirenti, à la basse, et de Nicky de Jonge à la batterie. Le groupe ainsi constitué nous immerge dans un univers rock'n'metal mélodico-symphonique progressif aux coloratures gothique, power et heavy old school, dans le sillage coalisé de
Within Temptation,
Xandria,
Beyond The Black,
The Fall Of Eve,
The Gathering, Yes et
Kansas. Un heureux patchwork de sources d'influence qui a pour corolaire un set de compositions aussi fringant et enivrant que complexe et pétrie d'élégance. Mais embarquons sans plus attendre dans le vaisseau amiral, pour une croisière que l'on espère parsemée d'ilots d'enchantement.
A l'aune du précédent mouvement, l'essentiel de la traversée s'effectue sur une cadence réfrénée, non sans aspirer le pavillon dans la tourmente. Ce qu'attestent, en premier lieu, « After Midnight » et « Zodiac », mid/up tempi à la touche power mélodique et aux riffs acérés, dans la veine conjointe de
Beyond The Black, pour leurs chatoyantes harmonies, et Yes, au regard de leurs sémillantes lignes de claviers. L'un décochant de fulgurantes accélérations, l'autre, d'enivrantes harmonies, sur un seyant refrain tout en sauvegardant – dans un cas comme dans l'autre – une mélodicité toute de fines nuances cousue, où se calent les troublantes ondulations de la déesse, les deux truculents méfaits ne lâcheront pas leur proie d'un iota.
Dans cette mouvance, les deux singles sus-mentionnés pourront à leur tour laisser quelques traces dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan. Ainsi, tel une valse viennoise, et non sans rappeler
The Gathering, l'aérien mid/up tempo «
The Tower » incitera à un pas de danse chaloupé ; partiellement ré-enregistré pour l'album, ce ''tubesque'' élan se drape d'une sente mélodique des plus enveloppantes où se greffent les célestes oscillations de la princesse. Et la sauce prend sans tarder. On ne saurait davantage esquiver l'entraînant «
Escape », qui, marchant dans les pas de
The Fall Of Eve, laisse entrevoir des enchaînements intra piste ultra sécurisés ; également retravaillée pour l'occasion, l'enivrante offrande poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée.
Sur un même modus operandi, le message musical se fait parfois plus complexe, non sans accrocher l'oreille du chaland pour autant. Ce que révèle « Shortcut
Home », élégante fresque symphonico-progressive déversant ses quelque 6:11 minutes d'une traversée à la fois épique et romanesque ; alternant judicieusement couplets tamisés et refrains aussi endiablés qu'entêtants et recelant un pont instrumental inoculé d'une basse claquante et de fringantes rampes de claviers, cet opulent élan à la croisée des chemins entre
The Gathering et Yes n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres.
Un poil moins magmatiques, d'autres pistes pourront non moins trouver les clés pour nous assigner à résidence. Ce à quoi nous sensibilise, tout d'abord, « Nobody Knows », organique mid tempo syncopé aux riffs épais, à mi-chemin entre
Within Temptation et
Kansas ; pourvu d'un refrain catchy mis en exergue par les angéliques impulsions de la sirène, parallèlement instillé de grisants gimmicks guitaristiques et d'un pont techniciste bien amené et enorgueilli d'un ''floydien'' solo de guitare, l'engageant effort ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie, on ne saurait plus éluder le mid tempo progressif «
Strangers Parade », et ce, davantage au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre que pour son passage techniciste à mi-morceau injecté, dont la longueur nuirait à sa dynamique même. Et comment ne pas se laisser porter par les vibes enchanteresses insufflées par « Lie
Down », rayonnant mid tempo au carrefour entre
Beyond The Black et
The Gathering ? Enfin, bien que moins immédiatement accessible, « Idelette », dans une optique rock classique, essaime quelques séries de notes aptes à nous retenir, un peu malgré nous.
Enfin, lorsqu'ils nous invitent à les rejoindre en des endroits plus apaisants, nos compères se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre la ''xandrienne'' ballade progressive «
Through My
Hands » ; glissant le long d'une radieuse rivière mélodique qu'empruntent les ensorcelantes modulations de la maîtresse de cérémonie, et se chargeant graduellement en émotion au fil de la progressive densification de son armature instrumentale, l'instant privilégié fera plier l'échine à plus d'une âme rétive. Et ce n'est pas l'éblouissant solo de guitare – que n'aurait sans doute renié
Lanvall (
Edenbridge) – venant refermer la marche qui nous déboutera davantage de ce masterpiece, loin s'en faut.
Au terme d'un parcours aussi engageant que parsemé de moult péripéties, et sans accuser l'once d'un frustrant bémol, d'aucuns pourront ressentir le désir d'y revenir dès la chute finale amorcée, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Variant ses exercices de style comme ses phases rythmiques, témoignant d'une solide technicité instrumentale, de mélodies délicatement élaborées et d'une signature vocale aisément identifiable et des plus liantes, le collectif batave aurait désormais de redoutables armes pour espérer offrir une efficace opposition face à la concurrence. Et s'il peine à varier ses ambiances comme ses lignes de chant et à faire montre de prises de risques, cet opus peut néanmoins compter sur une judicieuse fusion de styles et sur une ingénierie du son coulée dans le bronze. De sérieux atouts susceptibles de placer aujourd'hui nos cinq acolytes parmi les valeurs montantes du metal symphonique progressif à chant féminin. C'est dire qu'à l'aune de ce sémillant et gracieux mouvement, la formation néerlandaise transforme l'essai...
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