Prudence est mère de sûreté, dit-on ! Un adage suivi à la lettre par ce sextet italien originaire de Codogno en Lombardie. En effet, créé en 2019, le groupe réalisera son introductif single, «
Christmas in the Realm », quelque cinq années plus tard ! Une modeste mais pimpante mise en bouche qu'un mois à peine séparera de leur premier album studio, «
Storytellers of the Middle Age », signé chez le jeune et dynamique label italien Underground Symphony. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part du combo lombard ! Quelles seraient alors les atouts des dix pistes de cette fraîche offrande pour espérer voir nos belligérants opposer une farouche résistance face à leurs si nombreux homologues ? Cela étant, les 46 optimales minutes de cet initial élan pourront-elles dores et déjà les porter parmi les sérieux espoirs de ce registre metal ?
C'est dans une arène power mélodico-symphonique à chant mixte déjà investie par moult jeunes loups aux dents longues que viennent guerroyer nos six valeureux gladiateurs, à savoir : Francesca Tosi (Madhour, ex-Haddah, ex-Meursault Opera...) et Riccardo Casaroli en qualité de vocalistes, Chiara Anelli et Michele Cassoni aux guitares, Davide Nobile à la basse, suivis de Gianluca Scotti (Unsylence, Kadaverica...) derrière les fûts. Ce faisant, le combo italien nous place au sein d'un propos à la fois volontiers frondeur, souvent enjoué, quelque peu épique et un brin romanesque, où les sources d'inspiration seraient à puiser dans le patrimoine compositionnel de
Visions Of Atlantis,
Nightwish,
Ancient Bards et
Frozen Crown.
Témoignant d'un réel potentiel technique et de sentes mélodiques des plus engageantes, le collectif transalpin laisse également entrevoir des arrangements instrumentaux de bon aloi ainsi qu'un mix bien ajusté entre lignes de chant et orchestration. Et si quelques finitions manquent encore à l'appel, la troupe a, par ailleurs, requis le fusain du graphiste français Stanislas W. Decker (
ADX,
Jorn,
Primal Fear,
Serious Black,
Stryper...) pour son artwork d'inspiration fantastique et au trait affiné, corrélativement à l'environnement fantasy dans lequel elle se plait à nous immerger. Avec la participation, pour l'occasion, de Tomi Fooler, producteur et vocaliste du groupe de power italien
Skeletoon, le groupe annonce clairement la couleur de ses intentions. Il ne nous reste plus qu'à nous asseoir à bord du liner et à suivre nos redoutables flibustiers dans leurs pérégrinations marines...
C'est dans une mer houleuse que nous mène le plus souvent le cargo, non sans disséminer quelques gemmes dans son sillage. Ainsi, précédé par «
Forsaken Land » – brève et a-rythmique entame symphonico-cinématique aux arrangements ''nightwishiens'' –, « The Storytellers » se pose tel un pimpant et épique up tempo aux riffs grésillants et au martelant tapping ; à la confluence de
Frozen Crown et
Ancient Bards, le frétillant effort octroie un entêtant refrain mis en exergue par un duo mixte en voix claire en parfaite osmose. Et ce n'est pas le flamboyant solo de guitare à mi-morceau décoché qui nous déboutera davantage de l'époumonante offrande, loin s'en faut. Dans la veine de VOA, le titre éponyme du groupe, « Mediera », se dote d'arguments techniques et esthétiques similaires pour tenter de nous rallier à sa cause. Et la sauce prend sans tarder, là encore.
Sur un même modus operandi et sans être directement inscriptibles dans les charts, d'autres espaces d'expression sauront à leur tour aspirer le tympan du chaland. Ainsi, un tantinet moins ''tubesques'', l'étourdissant et corrosif « May the
Dragon Fall in
Eternal Sleep » au même titre que le cinglant «
Lady of the
Lake » et l'impulsif «
King of
Albion » n'auront de cesse de nous asséner de virulents coups de boutoir tout en déversant de truculentes séries d'accords, ce qui, dans tous les cas, ne sera pas sans générer un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Mais le magicien aurait encore quelques tours dans sa manche en réserve...
Si le convoi instrumental consent parfois à ralentir sa cadence, ce ne sera pas sans insuffler de sémillantes vibes, aptes à nous aspirer, d'un battement d'ailes, dans la tourmente. Ce qu'atteste, d'une part, « In Quest For », mid/up tempo voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, au carrefour entre VOA et Anciant Bards ; égrainant un refrain catchy mis en habits de lumière par deux vocalistes bien habités et recelant de grisantes montées en régime de son corps orchestral, l'enfiévré et néanmoins souriant manifeste ne saurait être esquivé. Dans cette dynamique, on retiendra non moins le mid/up tempo « The
Magic Kingdom », et ce, tant pour l'énergie aisément communicative qu'il génère que pour ses gimmicks de claviers empreints d'une intarissable jovialité.
Lorsqu'ils en viennent à nous livrer leur ample pièce symphonico-progressive, nos acolytes parviennent, là encore, à nous retenir plus que de raison. Ainsi, non sans rappeler VOA, les quelque 7:35 minutes du polyrythmique « The
Lost Sword » nous immergent au cœur d'un espace aussi épique qu'éruptif tout en sauvegardant un sillon mélodique des plus fédérateurs. Mis à l'honneur par une vibrante triangulation oratoire, où s'insèrent les poignantes impulsions de Tomi Fooler, laissant entrevoir d'insoupçonnées accélérations du dispositif percussif et octroyant un fringant solo de guitare à mi-parcours, le rayonnant manifeste n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres.
Enfin, quand ils nous mènent en d'intimistes espaces, nos compères trouvent alors, et sans mal, les arguments susceptibles de générer la petite larme au coin de l'œil. Ce qu'illustre « Enchanted
Forest », ballade a-rythmique d'une sensibilité à fleur de peau, que n'aurait sans doute reniée VOA. Mis en habits de soie par les câlinantes oscillations de nos deux tourtereaux et sous-tendu par de délicats arpèges pianistiques, l'instant privilégié ne saurait être éludé par le féru de tendres aubades.
Résultat des courses : à l'aune d'une œuvre à la fois solaire, variée eu égard aux exercices de style dispensés, témoignant d'une magnétique fraîcheur, et n'accusant pas l'ombre d'une quelconque baisse de régime, force est d'observer que le combo italien s'en sort avec les honneurs. Cependant, le message musical ainsi délivré ne saurait nous faire oublier l'empreinte de leurs maîtres inspirateurs, quand les prises de risques, elles, se font peau de chagrin. D'autre part, des mélodies, certes, avenantes, mais conférant une impression de déjà vu, une production d'ensemble restant à parfaire et une quasi absence d'originalité sont autant de carences contribuant à atténuer le rayonnement de ce premier essai.
Si des arrangements finement esquissés et une technicité instrumentale bien huilée pourront partiellement compenser ces irrégularités, cet initial mouvement, à défaut de pouvoir dès lors en faire de sérieux espoirs, pourra néanmoins placer nos acolytes parmi les outsiders avec lesquels la concurrence devra composer. Bref, une méticuleuse et engageante mais prévisible mise en orbite du vaisseau lombard...
The album "Storytellers of the Middle Age" offers a captivating blend of storytelling and musical artistry as the thrilling challenges of @poppy playtime chapter 3 take viewers on a magical journey with rich melodies and dynamic arrangements.
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