Liste des groupes Power Mélodique Cain's Offering Stormcrow

Une petite distraction. Un moment de détente entre le véritable retour aux affaires, avec obligations, conséquences et impératifs.
Oui voilà, une cour de récréation. C’est un peu ça Cain’s Offering finalement. L’instant de légèreté dont des musiciens reconnus ne peuvent plus se permettre. Un espace où ils peuvent faire ce qu’ils veulent, où ils ne sont plus maitres à bord et peuvent juste se laisser aller au large par les vagues sans être décisionnaires. Mais nous là-dedans ? Est-ce que ça nous apporte vraiment de savoir ce qu’ils font quand ils s’ennuient ?

C’était déjà ce qu’on pensait à la sortie du premier disque du projet de Jari Liimatainen, réfugié de Sonata Arctica qu’il avait quitté car n’aimait pas la direction progressive prise par Tony Kakko (il était parti un an faire son service militaire et décida de ne pas revenir dans le groupe ensuite). Jouer un speed mélodique néo-classique, héritage des débuts de Sonata Arctica qui était lui-même un ersatz du Stratovarius de la grande époque. Et comme si cela ne suffisait pas, Jari décida de faire chanter son ami...Timo Kotipelto, semant encore plus le trouble. Quel intérêt de faire du sous-Stratovarius avec le chanteur de Stratovarius ? (on s’était posé la même question avec Disamornia Mundi quand ils accueillaient Bjorn Speed de Soilwork et jouait du sous-Soilwork). Quel intérêt pour le groupe et pour Timo ? Si encore ils exploraient de nouvelles choses...

Alors que l’on imaginait que "Gather the Faithful" resterait un one-shot, voilà que nous tombes entre les mains un "Stormcrow" présenté comme plus personnel et ambitieux, fardé d’une magnifique pochette orageuse et de superbes couleurs.
Pendant que Stratovarius est revenu au meilleur de sa forme, que Timo a retrouvé toute sa grâce, que Sonata a très mal digéré son retour aux sources et que les nouveaux groupes dans le genre ne sont pas légions, on se dit que Cain’s Offering a une jolie carte à jouer. Ils l’avaient certes, mais ils l’ont malheureusement gardé bien soigneusement dans leur manche, tant ils ont réalisé l’album que nous ne voulions pas.
Du speed mélodique finlandais tout ce qu’il y a de plus parfait et puissant (le son est gigantesque et digne des musiciens présents), rapide et technique, lumineux et flamboyant sans une once d’originalité, sans une once de personnalité, sans ne serait-ce qu’une seconde où nous avons la sensation d’entendre un vrai groupe. Car si cela ne suffisait pas, c’est désormais Jens Johansson qui s’occupe des claviers (au cas où Cain’s Offering s’éloignerait trop de Strato, on ne sait jamais) et qui amène toute une palanqué de sons qu’il a déjà globalement testé « à la maison ».

L’exemple flagrant est "The Best of Times", qui intègre des sonorités électroniques et, de ce fait, pourrait se différencier de son homologue. Dommage que ce soit les mêmes que celle de "Halcyon Days" (sur "Nemesis"). En revanche, on ne peut nier une excellente ligne vocale, sortant des sentiers battus, à mettre au crédit d’un Kotipelto qui, au-delà de son évidente ressemblance avec ce qu’il fait dans Strato, chante une fois de plus admirablement bien. Jari n’a pas perdu de sa fluidité et son jeu reste très abouti, utilisant une palette de notes qu’il maitrise à la perfection. Alors quoi ?
Simplement que le frisson n’est jamais là. On écoute un titre, deux puis trois et nous avons la sensation d’écouter une musique fraiche, honnête et puissante. Cependant, sur la totalité d’un disque, le manque complet d’identité se fait cruellement ressentir et dessert "Stormcrow" qui n’existe jamais pour lui-même mais pour les comparaisons qu’on en fait.

"I Will Build a Rome", premier extrait, officie dans un speed si mélodique qu’il laisse énormément de place à Timo qui, seul, ne peut faire autre chose que ce qu’il fait de mieux (autant demander à un aveugle de jouer aux sept erreurs !). La partie soliste rappelle énormément ce que faisait Sonata sur "Silence" ("Weballergy" / "False News Travel Fast" en tête) et ni le guitariste ni le chanteur ne sortent des idées qu’ils ont déjà exploités précédemment. Le titre éponyme ouvre pourtant l’album sur des chœurs assez inhabituels et très épiques, débutant l’album sur une note surprenante. Il s’agit d’ailleurs d’un des morceaux les plus réussis, bien que nous ne soyons jamais trompés sur la marchandise (certaines intonations de Timo rappelant très fortement les parties vocales de "Elysium"). Néanmoins, il contient un refrain très efficace et épique, ponctué de chœurs, qui donne irrémédiablement envie de chanter et offre une parcelle de soleil dans notre esprit.
A côté de cela, nous avons un "Antemortem" qui plagie (le mot n’est pas trop fort ici) les orchestrations du "Storytime" de Nightwish, avec un riff et des arrangements totalement identiques. Dommage car la puissance est là mais, mis à part les couplets où Timo est seul (un truc très Nightwishien aussi), le reste du titre souffre de beaucoup trop de similitudes pour être partial (surtout quand ce n’est plus du ressenti mais véritablement un morceau en particulier). Nous avons malheureusement la même chose avec l’instrumental "I Am Legion", où la mélodie est une copie conforme de celle écrite par Jerry Bruckheimer et Hans Zimmer pour le premier volet de "Pirates des Caraïbes" (et oui). Alors certes, le tempo augmente ensuite bien vite et la ressemblance disparait mais cela reste très gênant. C’est d’autant plus dommage que la suite est excellente et réserve justement parmi les passages les plus rapides de l’album. Il faut noter également un final magique où les percussions et l’aspect cinématographique prennent le pas sur le speed prouvant que Jari est capable d’autre chose et surtout avec très grand talent.

Inutile de parler de toutes les compositions puisque vous aurez déjà compris le propos. Les fans des groupes et artistes cités aimeront probablement, notamment ceux appréciant le metal mélodique scandinave en général. Après, cela dépend de ce que vous aimez. Si c’est pour découvrir de nouvelles choses sans prises de tête avec fraicheur et décontraction pourquoi pas. Si vous êtes cependant plus exigent, vous reviendrez très vite aux classiques et originaux du genre, les copiés étant généralement supérieur à la copie. C’est indéniablement le cas ici.