Liste des groupes Power Mélodique Odyssea Storm

Onze ans.
Il serait peut-être exagéré de dire que l’album était attendu comme un saint puisque, en toute honnêteté, peu auraient parié sur un second disque sous le patronyme d’Odyssea, après le semi-échec de "Tears in Floods", intéressant et puissant musicalement mais n’ayant pas trouvé son public. Il faut dire que Pier Gonella, alors chez Labyrinth, qui proposait un nouveau projet de power metal avec le chanteur de Labyrinth et un nouveau talent (possédant une voix dans la même veine) n’avait, pour beaucoup, pas beaucoup d’intérêt artistique.

Onze ans plus tard, désormais à la tête de Mastercastle (qui ne décolle pas vraiment malgré plusieurs disques de qualité toute relative) et officiant également dans un groupe de black metal (Necrodeath), Odyssea semble plus cohérent dans les envies de son fondateur mais ressemble désormais plus à un projet qu’à un réel groupe, puisque seul Pier Gonella et Roberto Tiranti (chant) sont à la tête du projet, à eux s’ajoutant une multitude (plus d’une quinzaine) de guests en tous genres et pour tous les instruments, ainsi qu’un certain nombre de chanteurs. Néanmoins, nous ne situerons pas Odyssea dans la catégorie des metal opera comme peut l’être Avantasia, Ayreon, Epysode ou même Earthcry, autant car il ne s’agit pas d’un concept avec des personnages que ces guests apparaissent plus comme des opportunités et des collaborations amicales que de réelles recherches artistiques.

Si "Tears in Flood" avait laissé des sceptiques, cela sera surement bien moins le cas avec ce "Storm" ne possédant que des qualités dans un genre typiquement transalpin et comme il n’en est plus beaucoup fait.
Virtuosité, technicité, mélodie, rapidité sont autant de termes qui représentent ce "Storm" tempétueux plus par son caractère que sa musicalité, foncièrement lumineuse et positive. Cependant, "Anger Danger" démontre rapidement dans l’album que Gonella peut montrer les dents et sortir des riffs plus couillus et rugueux, tout en plaçant habilement un refrain impressionnant par ses airs d’opera et de ténors. Tiranti, sur les couplets, montre quant à lui qu’il n’a rien perdu de sa superbe et que sa voix aigüe, quand il le désire, est toujours bel et bien là.

Sans faire un tour d’horizon de chaque titre, certains restent plus marquants que d’autres, comme souvent dans le style, avec ses qualités et ses défauts. "Understand" excelle dans un premier temps grâce à un sublime refrain restant en tête dès la première écoute et ensuite par son solo démentiel qui, bien que clairement démonstratif (certains y seront allergique) laisse percer une fibre pas forcément éloigné d’un Steve Vai dans la folie du propos et les sons extraterrestres provenant de la guitare de Pier. "Ice" se situe dans un autre registre, bien plus mélodique, déjà par la présence de Giorgia Gueglio (Mastercastle) et par un refrain merveilleux de poésie et de mélancolie. Le titre track tente de proposer une direction plus moderne et proche de ce que fait Luca Turilli en solo, véloce et diablement efficace avec une virtuosité fortement mise en avant. Il en est de même pour "Apocalypse pt II" (la partie I étant l’introduction du dernier titre de "Tears in Floods"), un morceau instrumental et moderne, centré autour d’une guitare virevoltante et de multiples samples spatiaux ou électroniques. Heureusement, un "No Compromise" portant bien son nom se révèlera bien plus simple à appréhender et servira même de premier extrait à l’album. Gros riff, rythmique en béton et ce qu’il faut de mélodie pour en faire un potentiel hit des concerts, si concerts il doit y avoir dans un futur plus ou moins proche.
Il ne restera finalement que "Galaxy", sur lequel je resterais plus que dubitatif, autant dans la niaiserie de l’introduction vocale, des couplets en général et même de ce riff qui aurait plus sa place sur un générique de dessin animé que sur un disque de power metal. Nous excuserons ce moment d’égarement n’excédant heureusement pas les quatre minutes.

"Storm" pourrait donc se présenter comme un véritable premier album auprès d’un grand nombre de potentiels fans (ils ont même réenregistré "Fly" sur l’édition limitée) mais ne bénéficie malheureusement que de très peu de promotion pour réellement se faire connaitre. Odyssea mérite au moins qu’on y penche une oreille et intéressera clairement les fans des artistes cités dans ce texte. Sans créer un disque référence, Pier Gonella présente une belle œuvre qui mérite qu’on s’y attarde et qu’on s’y plonge à plusieurs reprises. Si vous avez déjà disséquez de multiples fois le dernier Avantasia, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire…