Stories from Beyond

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15/20
Nom du groupe Darkonelly
Nom de l'album Stories from Beyond
Type EP
Date de parution 06 Juillet 2015
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1. Intro 01:36
2. Beneath the Mask 06:33
3. Mortal Seduction (ft. Pete Johansen) 06:24
4. Interlude: Eurydice in the Elusive Sky 03:12
5. Black Orchids 05:51
Total playing time 23:36

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Darkonelly


Chronique @ ericb4

23 Décembre 2015

Une entrée en matière saisissante et originale...

Nouveau venu parmi les groupes metal gothique symphonique à chant féminin, Darkonelly, combo français originaire de Dijon, brandit son premier EP tel un bâton de maréchal pour faire ouïr ses gammes et laisser glisser ses arpèges. Cette fraîche auto-production de vingt-quatre minutes laisse s'enchaîner cinq titres à la croisée des chemins entre un metal symphonique flirtant avec l'opéra metal et une empreinte doom gothique, avec quelques relents black metal. Ainsi, on retrouve une atmosphère éthérée proche de Draconian, quelques passages gothiques rappelant Tristania avec un zeste lyrique de Nightwish et une once épique de Xandria.

Les six artisans de « Stories from Beyond » n'ont manqué ni d'imagination, ni de compétences artistiques et techniques pour mettre sur pied leur projet. Pour précision, le nom du groupe signifie littéralement « le sombre monde de Nelly ». Aussi, l'artwork romantique au trait délicat de la jaquette, signé Serafina Stark, renseigne déjà sur les prérogatives du combo tout en cristallisant les déambulations réelles et virtuelles de Nelly, ici infiltrée dans un paysage enneigé. On comprend que le message musical contenu dans cette œuvre est une invitation au voyage des sens, nous amenant conjointement à une réflexion de fond sur la maîtrise de soi en toutes circonstances.

Pour ce faire, les textes des paroles, finement et judicieusement écrits, suivant un indéfectible fil conducteur, sont le fait de l'auteure, compositrice et interprète principale Marion-Lamita Peubey. Pour les faire danser, la belle a pu compter sur la polyvalence artistique et technique d'Alexandre Warot (guitariste, vocaliste, programmeur et ingénieur du son). Afin de compléter l'instrumentation, le duo a fait appel aux talents conjugués de Luc Leriche (guitare), Richard Ferri (basse), Maxime Ferri (claviers) et Quentin Dedole (batterie). Pour la mise en relief du propos, le collectif bourguignon a mis l'accent sur une qualité d'enregistrement de bonne facture et un mixage exempt d'effets de compression des parties entre elles, avec, en prime, un souci accolé aux détails et aux finitions de la production, phase rondement menée par Alexandre. Mais, une fois n'est pas coutume, suivons donc cette menue rondelle telle une pièce de théâtre en actes, chacun recelant ses particularités, afin de déceler la substantifique moelle du propos.

Une brève entame s'observe, à l'image d'un bain orchestral aux doux remous, sous le joug d'une atmosphère doom aussi enivrante que raidissante. Ainsi, une « Intro » semi-instrumentale de consistance symphonique pure et aux arrangements bien customisés laisse la bise s'infiltrer et un mur de choeurs masculins se déployer, et ce, suivant une cadence plombante d'une régularité métronomique. Le cortège instrumental évolue alors sur un espace synthétique enneigé. Soudain, de cristallines envolées lyriques de la belle s'insurgent, témoignant d'une démarche introspective de Nelly, contrastant avec l'intarissable froideur de cette atmosphère et les déferlantes incantations des choristes. Tout le pendant de l'acte est là ! Désormais, à quelles péripéties allons-nous être conviés à l'instar de cette saisissante et intimiste représentation de l'âme ?

Là où se terre le sel de l'oeuvre apparaît dès les premières notes du voisin de piste. On ressent déjà toute l'amertume d'une meutrissure de l'âme et du corps sur « Beneath the Mask », piste power symphonique à l'ambiance doom gothique, usant d'un tapping martelant et d'inflexions lyriques en bataille. Ce faisant, le schéma caricatural de la belle, au timbre clair, puissant et aux impulsions parfois déroutantes, non sans rappeler Aesma Daeva, et la bête, au growl lugubre, incarnée par Alexandre, ne tarde pas à se manifester et à s'amplifier. Ce qui n'est pas sans renvoyer à l'âpreté des tourments vécus par Nelly, victime d'agressions physiques et morales d'un moribond séducteur. Plus encore, une vrombissante lead guitare se déchaîne, désorientant l'accroche mélodique tout en faisant face à une présence violoneuse tombée en disgrâce. Intrigant et mordant moment laissant peu de répit à un tympan alangui. Mais, comment Nelly a-t-elle pu se laisser dévaster de la sorte ? L'acte suivant en témoignera...

L'art d'un conditionnement quasi programmé de l'esprit va échapper à l'attention de la belle. De quelle manière ? Un environnement violoneux laisse place à un riffing trépidant et un tapping fulminant sur « Mortal Seduction », titre heavy symphonique d'inspiration gothique et corroboré à une touche folk. Avec la présence de Pete Johansen (Tristania, Sirenia, etc) au chant clair (symbolisant la face avenante du séducteur), assistant la sirène dans ses frasques oratoires, la présence growleuse de la bête n'étant jamais bien loin (représentant l'envers vile et machiavélique du joli cœur), on parcourt des chemins de traverse mélodiques peu sécurisants mais parfaitement sous contrôle. Ce passage un tantinet doomesque use de la triangulation oratoire pour témoigner du piège tendu par le bonimenteur à l'encontre de sa victime. Ainsi, il traduit l'inquiétude, voire l'angoisse de Nelly se faisant ainsi séduire par un beau parleur et manipulateur notoire. On comprend alors en quoi l'ambiance glaciale se fait malsaine, tortueuse, gorgonesque. On regrettera la chute brutale en fin de parcours auditif, traduisant cependant une rupture entre deux mondes que tout oppose.

Comme un espace de flottement inattendu, quelques sombres instants nous sont octroyés sur « Interlude: Eurydice in the Elusive Sky », titre a-rythmique jouant sur les diverses vocalises de la déesse sur fond de nappes synthétiques enveloppantes et étrangement lisses, renvoyant à un monde onirique peuplé d'abyssales créatures. Tout se joue sur les nuances de tonalités à défaut de pouvoir compter sur une once de mélodicité. Et pour cause, on est pris dans la tourmente par une cauchemardesque nuit vécue par la douce.

En guise de fin du voyage, nous ne sommes pas en reste. Etonnant moment gothique symphonique un poil black, au riffing rocailleux, que « Black Orchids », calé sur les contrastes vocaux entre les aériennes impulsions d'une grande maîtrise de la belle et les lugubres éructations de la bête. L'intrigant duo fonctionne d'autant plus qu'il repose sur une assise aux claviers des plus avenantes et une lead guitare loin d'être maladroite que ce soit dans son picking ou dans ses accords. On flirte ainsi avec une atmosphère à la sauce Draconian. Cet obscur climat n'est pas sans renvoyer à la destinée tragique de Nelly, morte pour avoir succombé aux charmes fatals de son bourreau des cœurs. Aussi, eût-il été préférable de se protéger et de se méfier des apparences afin de faire l'économie de cette effroyable tragédie...

Au final, on reste scotché à cette scènette davantage par la profondeur d'un climat énigmatique et par l'intensité instrumentale du message musical que par de séduisantes lignes mélodiques. Et la sauce prend d'autant mieux que les textes des paroles sont brillamment mis en relief par les interprètes d'une pièce aussi brève que riche en nuances de tonalités. La dramaturgie de l'opus repose précisément sur des harmoniques peu convenues, des accords libertins et des contrastes vocaux inaliénables. Autrement dit, pas de refrains catchy, ni de couplets rayonnants, ni même d'arpèges aseptisés, ne transpirent de cette galette. Nous percevons simplement des enchaînements de séquences musicales sur chaque morceau, parfois déroutantes certes, mais formant un tout homogène.

On comprend donc que l'on sort du cadre d'un metal symphonique gothique classique, même si quelques envolées lyriques renseignent sur le registre d'adhésion du combo. Difficilement classable, cette œuvre originale est donc à appréhender en et pour elle-même. Elle pourra convenir à un public élargi à condition de prendre la mesure de l'épaisseur artistique du projet. Ainsi, plusieurs écoutes attentives seront requises pour saisir et certainement adhérer aux arcanes de cette production. Une fois cette étape franchie, le plaisir de découvrir une œuvre personnelle d'un groupe peu prompt à une adhésion inconditionnelle à une quelconque source d'influence est au bout du chemin. On attend désormais une confirmation de cet effort par un album full length de cette trempe...

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