Liste des groupes Stoner Stöner Stoners Rule

Quand en 2020 deux ex-Kyuss décident de monter un nouveau projet musical dénommé Stöner, on peut difficilement avoir des doutes sur l'orientation stylistique principale. D'un côté Brant Bjork, fort de ses participations à diverses formations de renom (Fu Manchu, Vista Chino) et d'une carrière solo bien rempli (14 albums et un live). De l'autre Nick Oliveri qui a lui aussi été bien occupé dans Vista Chino, Queens of the Stone Age, Mondor Generator etc.

Bref deux vieux briscards de cette scène qui, accompagné du fidèle batteur Ryan Güt, ont sorti d'abord un album live sans public (Covid oblige), enregistré en plein desert et qui fut édité par Heavy Psych Sounds Records en compagnie de 4 autres lives captés dans les mêmes conditions. Ici, il s'agit de la version studio des titres déjà présents sur ce live, prévu également sur le label italien pour la fin juin 2021, et tout simplement intitulé "Stoners Rule".

Conscient de l'aspect direct et un catégorique de cette appelation, le trio balance d'emblée le très bon "Rad Stays Rad". Bjork balance un riff de guitare dont il est friand, avec un son bien fuzz et sale qui colle immédiatement aux tympans. Oliveri le suit avec une basse grondante et le tout soutenu par la batterie efficace et groovy de Güt. Niveau voix, Bjork occupe le devant de la scène avec son timbre nonchalant, rejoint par Oliveri avec des choeurs plus nerveux. Un soli plus loin, nous voilà plongés en plein desert rock où la tête hoche avec délice durant ce long titre (6mn30), idéal pour se détendre après une grosse journée.

Même si l'ensemble est fortement impacté par la patte de Mister Cool, la présence du grand chauve à la 4-cordes amène des muscles supplémentaires, notamment sur "The Older Kids" et "Nothin". Deux morceaux simples et pêchus, qui n'ont pas d'autres ambitions que faire passer du bon temps à l'auditeur.

Le muscle prend un surplus de stéroïdes sur "Evil Never Dies", où Oliveri prend la voix lead. Un morceau punkisant mais suffisamment langoureux pour s'intégrer dans l'ensemble sans dénoter. D'un autre côté, le bluesy et un poil longuet "Own Yer Blues" et le savoureux "Stand Down" portent l'estampille brantbjorkienne dans leurs moindres recoins.

Stôner garde un gros morceau pour la fin, avec le double "Tribe/Fly Girl" et ses 13 minutes de jam, qui lentement vous emballe dans un cocon sonore nerveusement douillet. Un titre où le talent d'instrumentistes des 3 compères se révèle par touches, donnant un beau cachet impressionniste à l'ensemble.

L'enchainement des titres s'effectue naturellement, avec un soin perceptible à l'équilibre des instruments et des voix. On peut louer le travail de Yosef Sanborn au Rad Cabin Studio de Joshua Tree (lieu imparable pour enregistrer du desert rock !!). D'ailleurs, le studio Branca, habitué au genre, utilise lui aussi des clichés désertiques sur l'artwork pour appuyer le trait.

Disque sans prétention, façonné par 3 artistes dont l'amour pour ce style de musique est indéniable, "Stoners Rule" propose un stoner simple, sans embellissements inutiles, mais avec un feeling gros comme l'égo de Neymar. Sans être celui de l'année, Stöner lâche sans doute l'album de l'été pour tous les amateurs. De quoi attendre tranquillement le retour des festivals !!