Lorsque l’on regarde de plus près la carrière de l’ombrageux guitariste irlandais, son amour pour le Blues n’a finalement rien de secret. Cette musique légendaire était clairement présente dans les influences des groupes dans lesquels il fit ses armes, que cela soit
Skid Row (le groupe irlandais à ne pas confondre avec le combo US de Rachel Bolan) ou
Thin Lizzy. Il n’y aurait donc rien d’extraordinaire à imaginer que le jeune garçon répétant ses gammes sous le regard d’un poster de Jimi Hendrix représente
Gary Moore dans son enfance. Ce qui est plus surprenant, c’est le contenu de ce nouvel album, même si son titre a le mérite de prévenir l’auditeur avec franchise. Mélange de compositions et de reprises de grands du genre, "
Still Got the Blues" marque un sérieux changement de cap pour le célèbre six-cordiste, abandonnant pour l’occasion le
Hard-Rock racé de ses précédents albums.
Entouré d’un line-up à géométrie variable selon les titres, et faisant aussi bien appel à quelques fidèles pointures telles que Bon Daisley (basse) ou
Don Airey (claviers, piano, direction des sections de cordes) qu’à de véritables légendes du Blues,
Gary Moore rend un véritable hommage au style musical sans lequel aucune branche du Rock, qu’il soit
Hard, Heavy ou autres, n’existerait actuellement. Et pour que sa démarche ne puisse subir aucune remise en cause, il va jusqu’à croiser le fer avec le légendaire Albert Collins sur un "
Too Tired", composé par Johnny "Guitar" Watson mais rendu célèbre par Collins. Renforcé par une section de cuivres et le piano enflammé de
Don Airey, ce Blues-Rock dynamique vient nous décoiffer pour un résultat enthousiasmant. Ce sentiment se décline d’ailleurs sur l’ensemble de l’album, en particulier sur la triplette rendant hommage à une autre idole de
Gary Moore : Albert
King.
C’est tout d’abord "Oh Pretty Woman", Blues chaloupé composé par A.C Williams rendu célèbre par
King lui-même, et occasion de comparer le jeu 'à l’ancienne' du légendaire guitariste avec les interventions plus électriques du maitre des lieux. Avec "
King Of The Blues", Gary offre une composition majestueuse et dynamique, elle aussi renforcée par une section cuivre et l’orgue Hammond de Airey, et comptant l’histoire de ce dieu vivant. Enfin, le feeling coule à flot sur la reprise du "As The Years Go Passing By" de Deadric Malone. Ballade langoureuse et intimiste, enluminée d’un superbe solo de piano de Nick Hopkins, elle vient prouver que Moore a souvent écouté la célèbre version que
King en avait offert dans le passé.
Difficile de citer chaque titre de cet album appelé à devenir un incontournable du genre. Nous rendrons cependant hommage aux 2 superbes ballades composées par le guitariste irlandais, que cela soit le titre éponyme gorgé d’émotions et au riff imparable, ou un "Midnight Blues" tout en rondeur et en délicatesse. Au rayon des titres écrits par notre hôte, "
Texas Strut" est un hommage aux barbus de
ZZ Top avec son boogie hyper dynamique et son gimmick vocal emprunté à "La Grange". Enfin, nous n’oublierons pas de signaler la présence de George Harrison à la slide et aux chœurs sur la reprise de son "
That Kind Of Woman", faisant office de pause plus Rock au milieu de ce déferlement jouissif de Blues sous toutes ses formes.
Une fois l’effet de surprise passé, "
Still Got the Blues" s’impose comme un remarquable album de Blues-Rock, à mi-chemin entre l’hommage aux légendes du genre et le véritable travail de composition. Nouvelle preuve du talent de
Gary Moore, il confirme son statut de guitar-hero aussi bien qu’il révèle son insaisissable génie capable de s’imposer dans différents style sans que l’on ne sache jamais où il va frapper. Vivement la suite !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire