En Grande-Bretagne, au début des années 90, quelques irréductibles groupes tels que
Nosferatu, The Marionettes, et Vendemmian s'évertuent à jouer du
Gothic Rock, et cela en dépit du désintérêt d'une grande partie du public pour ce style (hormis en Allemagne où subsiste une importante scène).
Si l'influence principale de ces jeunes pousses demeure la mythique formation The Sisters Of
Mercy (qui, tenue d'une main de fer par son caractériel chanteur Andrew
Eldritch, continue de donner de nombreux concerts, mais refuse d'enregistrer un quatrième album !), pour d'autres comme
Eterne c'est aussi la nouvelle vague Germanique dont les divers groupes (
Dreadful Shadows,
Love Like Blood, The
Garden Of Delight) délivrent un
Gothic Rock imprégné de
Dark Wave (
Das Ich, Deine Lakaien).
Formé en 1991 sous le nom d'
Eldritch ce groupe, constitué de David Dando (chant, guitare, basse, programmation) et Martyn Lear (claviers), enregistre en 1992 la démo trois titres "
Quietus Eterne"
L'année suivante le duo se rebaptise
Eterne, ressort sous ce nouveau patronyme la démo "
Quietus Eterne", et en enregistre une seconde ("
The Endless").
Toujours en 1993 le groupe sort le EP "
As the silence fades..." sur le minuscule label finlandais Demonosound.
Signé sur Candlelight Records (label fondé en 1993 par l'ancien bassiste d'
Extreme Noise Terror Lee Barrett)
Eterne enregistre en 1995 son premier album "
Still Dreaming", qui sort la même année.
Bien que figurant dans le catalogue Candlelight Records aux cotés de "In The
Nightside Eclipse" (
1994) d'
Emperor et de "
Orchid" (1995) d'
Opeth, aucune trace de
Metal n'est à signaler sur "
Still Dreaming".
En effet, dès "
Flesh Made Word"
Eterne lâche un somptueux
Gothic Rock saupoudré de
Dark Wave emmené par la voix de David Dando (qui n'est pas sans rappeler celle de
Rozz Williams, le regretté chanteur de Christian Death et
Shadow Project).
Moins énergique, mais beaucoup beaucoup plus austère, "Divine" voit
Eterne se rapprocher davantage du groupe emblématique de la
Dark Wave, c'est à dire
Lacrimosa.
Si les premières notes de "The Crawling Chaos", avec cette guitare abrasive, laissent à penser qu'
Eterne se metallise, cette option est vite étouffée par les sinistres nappes de claviers de Martyn Lear.
Comme (quasiment) la plupart des formations de Rock
Gothic et de
Dark Wave
Eterne utilise une boîte à rythmes ce qui accentue le coté martial de ses compositions, notamment sur les plus lugubres comme "Scarlet Field" et "
Still Dreaming".
Bien que moins marqué par The Sisters Of
Mercy que certains de ses compatriotes cités au début de la chronique,
Eterne n'en demeure pas moins un rejeton du groupe d'Andrew
Eldritch (n'oublions pas qu'à ses débuts
Eterne se nommait...
Eldritch !) comme l'attestent les langoureux morceaux "
Marionette" (qui, comme on peut le lire plus haut, est également le nom d'un autre groupe anglais très influencé par The Sisters Of
Mercy) et "
Thanatos".
Avec "
The Endless"
Eterne propose un superbe titre sur lequel on retrouve certes encore l'empreinte de The Sisters Of
Mercy, mais aussi, et c'est ce qui fait sa singularité, celle de
Sopor Aeturnus
And The Ensemble Of Shadows avec ces funèbres orchestrations qui renvoient à son exceptionnel album "...Ich Töte Mich Jedesmal Aufs Neue, Doch Ich Bin Unsterblich, Und Ich Erstehe Wieder Auf, In Einer Vision Des Untergangs..." (
1994).
Passé le court "Forever" l'influence de Christian Death est à nouveau palpable sur "A Certain Kind Of
Bitterness", un morceau ponctué de cris et de rires stridents ainsi que de vocaux caverneux.
Même si
Eterne n'a rien, mais rien à voir avec la nouvelle vague anglaise de
Doom Metal et de Death/
Doom Metal (le quatuor
Anathema,
Cathedral,
My Dying Bride, et
Paradise Lost) difficile, à l'écoute du très bon "Epilogue", de nier l'influence des premiers enregistrements de
Candlemass sur ce titre.
C'est sur les sombres nappes de claviers de "In Retrospect", un morceau aussi joyeux qu'une inhumation un jour de pluie, que se clôture "
Still Dreaming".
En 1996, à nouveau sur Candlelight Records,
Eterne sort dans l'indifférence générale (et sans aucune promotion de la part de son label) "
Deadauthor".
Un peu moins froid que "
Still Dreaming", ce second disque sera le chant du cygne du duo anglais qui splitte peu après sa sortie.
Oublié aujourd'hui
Eterne a cependant laissé son emprunte au sein de la scène Gothique, en particulier sur le groupe français Liturgy Of
Decay qui, en 1999, a sorti un appréciable EP auto-produit nommé "Suffering The Ideal" dans une veine proche de "
Still Dreaming".
Un album que j'avais acheté à sa sortie, ça fait un bail que je ne l'ai pas écouté. Faudra que je refasse tourner, j'en ai de tres bons souvenirs, dans un style, comme dit dans la chronqiue, qui n'a rien de metal.
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