Initialisé par la mezzo-soprano argentine Inés Vera-Ortíz et son frère à
Buenos Aires en 2008, ce projet metal gothique fut prestement mis en veilleuse plusieurs années durant par la belle, cette dernière ayant dès lors opté pour une évolution au sein d'autres groupes, dont
Rage Of Romance,
Lumine Criptica ou encore Beto Vazquez
Infinity. Occasion lui sera alors donnée de gagner tant en expérience studio et scénique qu'en technique vocale et en aura. Aux fins d'une rencontre artistique avec le claviériste et producteur Guillermo de Medio (ex-
Ariadna Project, ex-
Barilari, ex-
Cinnamun Beloved, ex-membre live et guest de
Tarja Turunen...), état de fait ayant généré une fructueuse mise en commun de leurs idées, ce ne sera pas avant 2017 que le projet renaîtra de ses cendres, comme pour conjurer le sort. C'est là le point de départ d'une toute nouvelle aventure pour Inner
Stream...
Conscient des enjeux et des risques encourus à brûler les étapes pour essaimer ses riffs et faire entendre sa voix, le duo patientera la bagatelle de quatre années avant de nous octroyer son premier album full length, «
Stain the Sea » ; une galette comptant 11 pistes dispatchées sur un ruban auditif de 40 optimales minutes, sortie chez le puissant label italien Frontiers Records. Dans ce dessein, nos deux maîtres d'oeuvre ont requis les talents d' Andrea Seveso aux guitares, de Mitia Maccaferri à la basse et de Nicholas Papapicco à la batterie. De cette fraîche mais étroite collaboration émane une œuvre rock'n'metal mélodique aux influences gothique, symphonique et électro, dont les influences de
Lacuna Coil,
Evanescence,
We Are The Fallen,
Delain, Volturian,
The Murder Of My Sweet, Metalite et
Amaranthe se font tour à tour sentir. Mais suivons plutôt nos cinq acolytes dans leurs pérégrinations...
Lorsqu'il nous projette sur des charbons ardents, c'est sans ambages que le collectif parvient à nous retenir plus que de raison. Ainsi, mis en habits de lumière par les puissantes et magnétiques impulsions de la déesse, c'est d'un battement de cils que l'entêtant refrain de l'impulsif et ''volturien'' « Fair
War » s'inscrira dans les mémoires. Dans une visée tout aussi moderniste, et non sans rappeler les dernières mesures de Metalite, l'entraînant «
Aftermath », lui, décoche des riffs en tirs en rafale doublés de vibrantes sonorités organiques et surtout une mélodicité toute de fines nuances vêtue et des plus immersives. Guère moins efficace, le ''delainien'' up tempo « Last Drink » dissémine un paysage de notes des plus rayonnants corrélativement à de toniques coups de boutoir ; une offensive propice à un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Enfin, dans la lignée atmosphérique de
The Murder Of My Sweet, le solaire et engageant «
Stain the Sea » ne saurait davantage être esquivé. Aisément inscriptible dans les charts eu égard à ses accrocheurs arpèges d'accords, ce pimpant méfait développe parallèlement une sidérante force de frappe tout en libérant un laconique mais sémillant solo de guitare.
Quand la cadence se fait moins véloce, le combo trouve à nouveau les clés pour aspirer le tympan, et ce, sans avoir à forcer le trait. Ce qu'illustre, tout d'abord, «
Massive Drain », tubesque mid tempo électro gothique à la confluence de
Lacuna Coil et
Amaranthe disséminant ses riffs crochetés tout en évoluant sur de sinueuses et enveloppantes nappes synthétiques ; mis en exergue par les troublantes inflexions de la sirène, couplets finement ciselés et refrains catchy glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Dans une même énergie, on n'éludera pas moins les troublants et ''evanescents'' « Hunt You » et « If You
Dare » au regard de leurs enchaînements intra piste ultra sécurisés et des insoupçonnées et grisantes montées en régime de leur corps orchestral. S'écoulant au fil d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se calent les chatoyantes volutes de la belle, les ''delainiens'' « The Bridge » et « Real », quant à eux, feront voler en éclat toute tentative de résistance à leur assimilation. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses insufflées par le ''lacunacoilesque'' « Dance with Shades », un hit un puissance encensé par les limpides et pénétrantes patines de la princesse et générateur d'une forte charge émotionnelle ?
L'aficionado de moments intimistes ne sera pas laissé pour compte, la troupe lui ayant par là même concocté ses mots bleus les plus sensibles, avec, pour effet, de générer la petite larme au coin de l'oeil. Ce qu'atteste « Drown Me », une power ballade romantique jusqu'au bout des ongles et d'une rare intensité émotionnelle, dans le sillage de
The Murder Of My Sweet. S'égrainant le long d'un infiltrant cheminement d'harmoniques, les sensuelles volutes de la maîtresse de cérémonie faisant mouche où qu'elles se meuvent et recelant un bref mais poignant solo de guitare, l'instant privilégié ne ratera pas sa cible.
Au final, on effeuille un propos aussi enjoué et des plus engageants que trépident et sensuel, susceptible d'éveiller d'authentiques plaisirs. Jouissant d'une production d'ensemble rutilante, dévoilant un réel potentiel technique et judicieusement exploité ainsi qu'une féconde inspiration mélodique de ses auteurs, sans omettre la charismatique empreinte vocale de la diva, la galette se parcourt de bout en bout sans encombres.
D'aucuns auraient probablement espéré un message musical plus diversifié sur les plans atmosphérique et vocal ainsi qu'une offre plus étoffée en matière d'exercices de style, par l'octroi d'instrumentaux, de fresques et/ou de duos notamment. De plus, l'ombre de leurs maîtres inspirateurs plane encore sur moult arpèges d'accords ; c'est dire qu'en dépit de son caractère avenant et de son tempo cadencé, le propos demeure le plus souvent prévisible, et rares sont les prises de risques inscrites au cahier des charges. Mais, pour un premier essai, le combo argentin s'en sort fort honorablement ; nous livrant une œuvre délicieusement colorée et éminemment fringante, ne concédant pas l'ombre d'une inutile longueur qui en eût altéré l'effet, la troupe aurait cette capacité à aspirer le tympan, un peu malgré nous. Bref, une première ogive d'une puissance dévastatrice...
Note : 15,5/20
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