Liste des groupes Death Metal Morbific Squirm Beyond the Mortal Realm

Plusieurs intérêts me viennent à l'esprit quand je pense à la lecture des tops 10 de fin d'année. D'abord, on peut confronter ses choix avec ceux des autres, faire preuve de bonne ou mauvaise foi dans la dualité vivats/opprobres, pester ou jubiler selon les places obtenues par ses favoris et surtout faire de belles découvertes en parcourant les listes.

C'est ainsi que Morbific (super patronyme) avait titillé ma curiosité en le voyant apparaître ça et là. Morbific, c'est un trio Finlandais, de la ville de Kitee plus précisément, composé de Jusa Janhonen (basse, growl), Onni Väkeväinen (batterie) et Olli Väkeväinen (guitare). Formé en 2020, le groupe sort rapidement une démo la même année avant d'enchaîner directement en 2021 avec leur premier album, "Ominous Seep of Putridity", chez War Anthem Records pour la version CD.

Attiré par la délicate odeur de viande avariée qui en émane, Memento Mori se charge alors de la sortie en CD de leur 2ème disque, "Squirm Beyond the Mortal Realm", en cette fin octobre 2022 (vinyle chez Me Saco Un Ojo Records, cassette chez Headsplit Records).
Dévoué à la coloration particulière du Death Metal finnois tout en étant friand de groupes tels Autopsy, Mortician ou Rottrevore, Morbific livre ici 10 titres étrangement putrides pour une durée de 48 minutes.

Bien représenté par l'artwork joliment brouillé signé Chase Slaker, on perçoit dès le premier titre éponyme que cet album va être particulier. Une nappe de synthé lugubre, un roulement de toms et vlan, voilà que déboule un riff aussi tordu que la psyché d'Albert Fish. Porté par le grain particulier de la guitare, une basse saturée à mort, une batterie audacieuse et un growl caverneux mixé très en arrière, le titre dégouline de lignes mélodiques (riffs et soli) étrangement attirantes, sur lequel plane une menace palpable. Le tout sonne comme le mélange atypique entre la singularité du death de leurs compatriotes et le jusqu'au-boutisme prêché par Mortician.

L'orientation des titres est elle aussi originale. Morbific réussit aussi bien sur des titres énergiques qui se rapprochent du swedeath ("Meal from a Open Skull" et ses blast-beats rageurs) ou plus viscéralement de Autopsy, à l'image des turpides "Bind, Torture, Snuff" et "Meth Mansion Murder" ou encore la percutante "Pathogenic Injection".

Ces jeunes lascars tirent aussi leur épingle du jeu sur la superbe "Suicide Sanctum", à la lourdeur maladive et au riffing vicieux. Ou encore la pièce finale "Malignant Germination" qui parsème de spores infectées votre pauvre cortex à chaque écoute. Ces deux titres sont les plus longs de l'album et on se baigne alors avec délectation dans cette ambiance boueuse comme un bon gros cochon repu.

Thématiquement, Morbific officie dans un registre typique au genre, rempli de gore et de perversions diverses. Plus personnellement, l'ambiance sonore renvoie ici aux œuvres macabres et oniriques de Fulci (L'Au-Delà en particulier, que ce soit l'artwork ou encore l'utilisation subtile de nappes synthétiques).
Cependant, je trouve un peu dommage que le growl de Jusa Janhonen soit si lointain dans le mix, ce dernier étant tout à fait potable quand on finit par le discerner. Mention très bien pour la basse qui, malgré sa saturation extrême, sert de véritable moteur rythmique à l'ensemble.

Donc il n'est pas vain de présumer qu'à nouveau, Morbific et son 2ème album squattent à nouveau les tops de fin d'année. Ce sera tout à fait mérité, tant cet album respire la passion pour le Death Metal, le vrai, celui qui fait des tâches indélébiles sur l'âme. Ici pas d'aseptisation ni d'enjolivements superflus, vous entrez dans cet univers à vos risques et périls. Mais le jeu en vaut sincèrement la chandelle.