De nos jours,
Mortuary Drape est un combo un peu oublié, mais il s’agit pourtant de l’un des groupes fondateurs de la prolifique scène extrême italienne aux côtés de
Bulldozer et
Necrodeath.
Cela faisait 10 ans que les Piémontais n‘avaient pas sorti de nouveau full length, et les voilà bien décidés à rattraper le temps perdu avec ce
Spiritual Independence dont le titre annonce clairement la couleur : en effet, force est de constater que, près de 30 ans après sa formation,
Mortuary Drape continue à jouer la musique qu’il aime, loin des modes et autres tendances actuelles, accouchant d’un mélange toujours aussi unique et savoureux de heavy et de thrash occultes teinté de black old school. A ce propos, l’artwork sans équivoque nous renseigne bien quant à l’orientation idéologique de la galette.
Dès The Hiss, le quintette dégage une ambiance épaisse et prenante aux relents mortifères presque gothiques avec ces violons menaçants qui enchaînent sur les choeurs féminins evanescents de
Lithany et ses arpèges torturés. Ce début esquisse un univers typique de la scène italienne, très axé sur les mélodies et le côté lancinant et noir de la musique. La suite du titre s’incarne en un mid tempo particulièrement lourd et sombre, faisant la part belle à la basse, et à la voix particulièrement grave et évocatrice de Wildness
Perversion. Les gratteux nous gratifient d’un bon solo bien heavy pour un morceau accrocheur et sinueux à l’occultisme omniprésent.
Pas de doute, on reconnait bien les Italiens et leur style macabre si identifiable, notamment par ces arpèges vénéneux à l’aura maléfique (l’interlude
Black Candle, la fin du titre éponyme, qui clôt l’album en beauté, avec cette décélération poisseuse, ces notes lugubres et décharnées de guitares et ces chuchotements inquiétants, flottant sur une longue plainte d’orgue, et émanant d’un au-delà qui semble soudain effroyablement proche) et ce côté presque ambiant et théâtral (Natural Death, superbe morceau lent et rampant, avec ces riffs lourds, ces arpèges sinistres et ce chant d’opéra baroque en début de titre, un glas funèbre sonnant, inéluctable, en fin de piste, et les cris d’agonie se fondant sur les notes irréelles d’un synthé brumeux).
Néanmoins,
Mortuary Drape n’en oublie pas pour autant l’efficacité, enchaînant des morceaux bien rythmés (
Once I Read, nous régalant de ses cavalcades groovy très thrash old school et de soli virtuoses qui viennent déchirer le voile sombre formé par les guitares et cette basse délectable, 1600 Gnostic Years, terriblement entraînant mais jamais réellement violent, avec les secousses de la basse et ces vocaux démoniaques, qui rajoutent une touche noire et sulfureuse à l’ensemble).
Le côté heavy est bien présent également, faisant parfois penser à
King Diamond dans cet enchaînement d’arpèges sombres, de cavalcades rythmiques et de soli déchirants (Immutable Witness) s’incarnant dans des morceaux à la théâtralité occulte, tandis que la voix de Wildness
Perversion, véritable maître de cérémonie, nous guide vers des terres plus extrêmes via ses éructations profondes et malsaines ou ses hurlements déchirés qui font froid dans le dos.
Après un
Buried in Time un peu plus moderne et death dans l’approche, privilégiant l’efficacité des compos et la complexité des rythmiques,
Spiritual Independance remet donc les pendules à l‘heure, nous offrant 46 minutes d’un metal typé 80’s à la fois puissant et imagé et à la production compacte et actuelle qui ne nuit pas pour autant à l‘ambiance noire si chère au groupe. Certes ce nouvel opus n’innove pas pour un sou, mais il semble proposer une sorte de bon compromis entre les premières œuvres, mélangeant habilement ambiant et musique crue et directe, et l’orientation plus technique et moderne prise par le groupe sur l’album précédent.
Sans être un chef d‘œuvre,
Spiritual Independence s’impose donc comme une œuvre sincère proposant une musique intemporelle qui devrait combler tous les amateurs de son heavy old school à l’aura blasphématoire. A (re)découvrir, ne serait-ce que pour rendre hommage à ces vétérans de la scène italienne sans qui les
Evol,
Graveworm et autres
Cadaveria n’auraient peut-être jamais existé.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire