Synkletos est le projet depuis 1995 de deux hommes qui sous les pseudonymes Demiurgos et Kaermis, sortent en 2011 leur premier album, nommé fort à propos
Spiritual Alchemy.
Fort à propos, car les deux musiciens moscovites proposent (ou plus précisément tentent de proposer..) une véritable aventure spirituelle, conviant l'auditeur dans un voyage transcendantal à la rencontre des éléments, de la nature et des émotions humaines.
Décrit comme cela, on peut soit s'attendre à un chef d’œuvre de subtilité, soit à une œuvre niaise et kitsch.. malheureusement nos deux compères se sont plutôt orientés vers la seconde solution.
Musicalement, Synkletos officie dans un mélange assez étrange de
Doom Death soft (et très atmosphérique) et de
Power Metal (influence particulièrement visible au niveau des soli), couplé à des influences plus progressives. Une mixture qui surprend, tant elle peut donner l'impression d'être plus ou moins contre nature, les passerelles entre le
Doom -surtout "extrème"- et le
Power étant pour le moins rares (mais les exemples existent,
Memory Garden par exemple).
Si en soi cet aspect hybride pourrait mener à un résultat intéressant, il est plombé par un certain manque d'homogénéité et surtout par une niaiserie sans vergogne, qui a illuminé mes premières écoutes tant j'avais du mal à retenir les éclats de rire. L'aspect mélodique, par ailleurs très poussé (l'instrumental The Ascent en est un bon exemple), évoque plus souvent un téléfilm à l'eau de rose que l'immortalité de l'âme (le morceau Golden Fields of
Creation m'a d'ailleurs étrangement fait penser à Ti Amo d'Umberto Tozzi, l'impression ne disparaissant en partie qu'au bout d'une dizaine d'écoutes). Les claviers, très mis en avant, tendent à aggraver la dimension kitsch de l'album et le chant clair (couplé à un growl honorable) sans être véritablement mauvais souffre d'un contexte musical ne le mettant vraiment pas en valeur.
On remarquera par ailleurs la grande place des pistes instrumentales (tout de même la moitié de l'album), ce qui pourrait laisser l'auditeur sur sa faim mais n'est pas incohérent par rapport au concept et au style pratiqué.
Et pourtant... malgré tous les défauts cités, l'album bénéficie d'une certaine efficacité, assez relative (comme toujours) mais à mes yeux bien réelle. Un morceau comme The Elementals par exemple, en dépit de toutes ses faiblesses, propose des mélodies ayant la capacité d'entrer dans la tête et d'y rester assez durablement, et qui sauront sans doute satisfaire ceux d'entre vous sensibles aux facettes les plus niaises du
Metal (et ce sans jugement d'aucune sorte de ma part).
De même l'identité générale de l'album, si repoussante soit-elle pour une bonne partie des amateurs du genre, a pour elle d'être plutôt originale et personnelle, ne serait-ce que par sa ligne directrice "new age" bien affirmée (les paroles ainsi que les photos choisies pour illustrer le livret étant particulièrement révélatrices) et par son mélange assez incongru des genres. Le lien entre le fond et la forme est de fait vraiment présent, et on peut en quelque sorte résumer le contenu de l'album à la phrase "Let the Light of the
Spirit Shine !", extraite du morceau
Spiritual Alchemy et reprise au dos du livret. Vous la trouvez bien trop sucrée et sirupeuse à votre goût, et inconcevable pour un album sensé être du
Doom ? Ne tentez même pas l'écoute. Vous la trouvez plutôt cool, éventuellement en la prenant au second degré ? Envisagez de laisser sa chance à l'album, il a le potentiel de se révéler être un petit plaisir coupable, du genre que l'on cache pour rester crédible, mais un plaisir tout de même.
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