Au gré de ces hasards dont sont alourdis nos errements fautifs, ils nous arrivent, parfois, de découvrir certaines œuvres émanant de groupes desquels nos aprioris les plus bassement confortables nous tenaient éloignés. Parmi ses formations dont la renommée résonne faiblement à nos consciences coupables de s'abaisser aux préjugés, évoquons donc
Tarantula.
Nos attitudes indifférentes laissant ces portugais dans l'anonymat est d'autant plus consternantes que ces musiciens furent les illustres précurseurs en cette année 1981, en ces terres dévouées, notamment au Fado, d'un Heavy
Metal alors naissant. Né sous l'impulsion de deux frères Paulo et Luis Barros, respectivement guitariste et batteur, la formation sortira un premier album éponyme en 1987. Mais c'est en 1990, avec un album baptisé
Kingdom of Lusitania, que leur renommée va véritablement franchir les frontières de leur pays natal. Suivront six opus jusqu'en 2005, date à laquelle sort Metalmorphis.
Les lusitaniens ne sont donc pas véritablement des néophytes forts de ces trois décennies durant lesquels ils arpentèrent les chemins sinueux d'un Heavy
Metal aux accointances
Hard Rock, et même parfois Blues, très prononcées. Après un silence de six longues années, ils nous proposent de découvrir leur univers par le biais d'un nouvel effort intitulé
Spiral of Fear.
Sans grand bouleversement par rapport à son œuvre précédente, exception faites d'une noirceur ici bien plus présente,
Tarantula poursuit dans l'expression d'une musique à la fois puissante et mélodique. Et dès les premières mesures d'un excellent
Dark Age, il nous dévoile la première salve d'un Heavy
Metal moderne et harmonieux dans lequel ce premier riff sombre et cette rythmique puissante, précédant un refrain remarquable, nous enthousiasme d'emblée. Au delà de cette première impression éminemment séduisante, le titre nous réserve quelques autres délicieuses surprises comme, par exemple, ce solo de guitare mis en exergue par quelques superbes effets électro, quelques atténuations et quelques subtils diminutions de niveau sonore qui donnent à l'ensemble une saveur particulièrement personnel. A cette première piste très engageante, il faudra en ajouter quelques autres tout aussi charmeuses. Citons donc Vultures et
Hope.
Si Open your
Eyes et Shadows, parviennent, eux aussi, aisément à nous convaincre en usant de schémas à peu près similaires à ceux de ce premier morceau marquant, l'intensité et l'inspiration de cet opus devient, ensuite, moins émérite. Et ainsi, sans pour autant nous décevoir, des morceaux tels que Who you Really Are,
Spiral of Fear ou, par exemple,
Blind Ambition sont nettement en deçà.
Parlons aussi des chants de ce plaidoyer. Sans s'illustrer particulièrement dans l'usage intempestif d'aigus excessifs, Jorge Marques impose, avec douceur, un timbre aux intonations propre au
Hard Rock, voir même au
Hard-FM. Le contraste qu'impose cette confrontation entre cette musique souvent intense et sombre, et cette voix ronde et légère, est très intéressant.
Abordons encore quelques autres vertus de cette œuvre en évoquant, notamment, les travaux du guitariste de cette formation,
Paulo Barros dont les mélodies et les soli sont ici de grandes qualités.
Spiral of Fear, huitième album des ibériques de
Tarantula, est donc un album possédant de nombreux atouts qui pourraient l'aider à s'extraire de la masse informe de ces productions sans âme. Va-t-il y parvenir? Rien n'est moins sur. Les préjugés sont tenaces...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire