Avec une pochette qui sent bon le vieux
Exciter et un tel titre d'album, les Finlandais de
Ranger ne peuvent absolument pas tromper le chaland sur la marchandise. Et, passés les courts instants d'orgue en intro, le titre d'ouverture "Speed
And Violence" renvoie immédiatement à ce bon vieux speedmetal. Celui dont le son n'est ni gonflé ni gros, celui dont le chant déraille parfois, celui dont les structures des chansons ont parfois tendance à se ressembler, mais qui reste bigrement authentique.
Beaucoup plus brut qu'un
Enforcer et moins thrash qu'un
Evil Invaders,
Ranger se téléporte avec l'auditeur dans les années 1982 - 1985. Les vocaux de Dimi éraillés et aux poussées aiguës sont complètement caractéristiques, la basse qu'il propose chevauche en cavalcades ("Without Warning", "
Satanic Panic"), et la production sonne même presque désuète, tant l'anachronisme est ici mis au premier plan.
Plus régressif que
Where Evil Dwells, l'album précédent, Speed
And Violence, reste simple, brut (les chœurs virils), et sent même le Iron Maiden époque
Di'Anno à plein nez ("
Demon Wind"). Le pire, c'est que ça fonctionne, plutôt bien même. Les morceaux sont entraînants, bien ficelés, et rendent un hommage vibrant au speed avant que celui-ci ne se thrashise irrémédiablement (on pense quand même un peu à
Bonded By Blood d'
Exodus dans l'urgence des couplets de "
Night Slasher"). Les adeptes d'arrangements subtils ou d'envolées lyriques peuvent passer leur chemin.
Bien sûr,
Ranger n'a pas la prétention de sortir un chef d'oeuvre, ni même un disque censé marquer l'histoire, mais tout ce tapage finalement bon enfant est réjouissant, surtout en 2016. Spinefarm, le label compatriote du groupe a sorti des choses beaucoup plus ambitieuses par le passé et cette sortie prouve que le revival speedmetal est bien présent. Sur Speed
And Violence, c'est l'authenticité qui prime. Les soli sont bien troussés (celui de "
Lethal Force" est superbe), ça speede la plupart du temps avec de beaux duels de guitares, les riffs sont lisibles par un enfant de 10 ans, et il n'en faut guère plus pour brandir le poing et hurler les refrains à l'unisson.
Complètement typé, et c'est justement ce qui fait son charme, ce troisième album de
Ranger est à réserver aux maniaques de speed metal, ceux qui vénèrent avec un souvenir ému les premiers
Exciter, Iron Maiden ou
Raven. Jamais génial néanmoins dans son rendu final, l'album constitue un bon défouloir, sans prétention aucune quoique moins virulent (et moins prenant) que son prédécesseur. Globalement pas très loin des standards de qualité de sa principale inspiration que chacun aura reconnue dans le titre de ces modestes lignes.
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