Né en 1999 à Vienne, en Autriche,
Shadowcast est le second projet des chanteurs Clemens Mayr et Lukas Linderbenger d'
Amortis (black symphonique), avant que ce dernier ne splite après 2001 et nous offre «
Gift of Tongues », l'opus d'adieu. La naissance de
Shadowcast marqua un tournant pour le duo, désirant officier dans quelque chose de beaucoup plus éthérée et industrielle, bien loin de la noirceur, de l'agressivité et des symphonies presque grandiloquentes d'
Amortis. Une première démo vit le jour en 2000 avant d'être suivie par un album en 2002, « Desperate Accuse
Dimension », lançant pour de bon la carrière des autrichiens, et montrant pour le coup leur nouvelle facette après la dissolution de leur ancien groupe. Un an plus tard, un nouvel opus vit le jour, et après près de huit ans d'absence,
Shadowcast revient en grande forme avec un « Spage Age Revolution » rayonnant.
L'album s'annonce comme voyage spatial presque initiatique dans un monde proche et lointain à la fois. A l'image de la pochette, c'est atmosphérique et étrange, l'espace nous est offert sur un plateau d'argent, à la manière de cette personne désarticulée nous offrant Saturne dans la paume de sa main.
« L'espace, l'ultime frontière » disait-on dans une série télévisée,
Shadowcast nous montre sa révolution à travers une nouvelle ère, en mélangeant des éléments industriels et parfois électroniques à un fort aspect atmosphérique, malgré un tranchant certain que l'on peut sentir aisément dans des riffs simples mais bien trouvés et adaptés à l'environnement musical de
Shadowcast. Rien de fantastique dans ces guitares pourtant lourdes, tout le génie se retrouve dans les compositions des claviers, à cheval entre un
Shade Empire et un
The Kovenant, l'aspect black metal en moins. Les effets sonores sont variés, sans non plus être abusifs et à la limite du supportable, tout est dosé avec habileté afin de faire transparaître cette impression de voyage cosmique. Tantôt nous sommes pris dans un déluge de sons métalliques (« Space Age Revolution »), tantôt ce sont les sonorités futuristes qui prennent le dessus («
Zero Zone »), tantôt les guitares prennent le premier rôle et se retrouvent paradées d'éléments électros/cosmiques du plus bel effet (« Killing Lifestyle »). Au moins,
Shadowcast fait dans la subtilité à l'image d'un « Endtyme », qui, après les écoutes, se révèle plus riche qu'il n'en a l'air.
Par conséquent, l'opus se révèle bien prenant, malgré quelques passages et morceaux ennuyants, comme « Moments » qui tend à nous endormir. Toutefois, le duo de chanteur assure tout le long de ces onze morceaux, alternant chant grave et rauque, et chant clair, lui-même devenant distordu, comme s'il on parlait dans une radio. Mêlé aux guitares et aux claviers, ces voix deviennent donc plus adaptées à la musique en question, même si parfois elles manquent d'agressivité, mais elles ont plus d'impact sur un «
Close 2 Everything » embarquant l'auditeur très loin dans un monde futuriste, riffs incisives et claviers imposants. A contrario, la balade « Change of Belief » par exemple marque l'apparition d'un chant féminin mélancolique sur un fond sombre et gothico/atmosphérique.
En fait, ce « Space Age Revolution » peut nous rappeler le travail de
Dominanz, notamment par l'aspect indus/atmo et spatial, sauf que
Shadowcast pousse le vice encore plus loin en ce qui concerne les sons cosmiques, tel un
Samael époque «
Eternal » contaminé par les sons synthétiques et les refrains entêtants (« Hellsong »).
Malgré tout, l'ombre d'
Amortis semble planer encore un peu au-dessus d'eux. Car même si l'aspect black metal a totalement été évincé, même si les éléments industriels prédominent largement, et même si l'ensemble est totalement éthéré, on retrouve des symphonies discrètes en fond dans chacun des morceaux, histoire de rendre le tout encore plus spatial, comme sur «
Creation Enigma » ou encore « Endtyme ». On peut aussi citer « Tomorrow », qui nous montre un jeu de claviers assez particulier, entre symphonie de fond et sons électros au premier plan, les guitares devenant pour le coup plus écrasantes malgré ce côté lancinant, la voix claire s'apparentant davantage à celle de Lex
Icon (
The Kovenant).
Les membres du groupe ont beau officier dans le black ou le death grâce à leur groupes annexes, il n'empêche qu'ils nous offrent là un bon album d'indus/atmo spatial, mettant bien l'accent sur les claviers, un peu à la manière de feu
Amortis. Jouissant d'une bonne production et d'un bon label, « Space Age Revolution » marque comme il faut le retour de
Shadowcast, même si on peut regretter le fait que les guitares soient un peu trop souvent en retrait.
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