Sortir un album est toujours une étape décisive dans la vie d’un groupe et très souvent des complications, qu’elles soient matérielles ou humaines, apparaissent et ne viennent pas faciliter cette tâche ardue qui nécessite tant de travail pour répondre aux attentes des artistes qui en sont à l’origine. Pour le côté créatif,
Epheles repose avant tout sur Nephtys depuis sa création en 1997, et si celui-ci se retrouve régulièrement entouré d’autres musiciens pour les enregistrements il demeure néanmoins à l’origine d’une très grande partie des compositions du groupe ce qui leur permis dès leurs premières années d’existence de sortir deux demos personnelles et de qualité et un excellent EP, « L’ombre de la Croix » en 2001, qui offrit à
Epheles la possibilité de signer avec un label pour la sortie de leur premier album «
Le Dernier Pardon ». Divers changements de line-up, de longues et difficiles sessions d’enregistrement qui s’éternisaient et le label qui mit fin à ses activités après la finalisation de l’album empêchèrent «
Le Dernier Pardon » de voir le jour avant 2003 et ce dernier ne fut finalement distribué que de manière autoproduite.
Le groupe était alors toujours en dessous des radars en dépit de l’attention que lui portait une partie des aficionados de l’underground hexagonale et la qualité reconnue des sorties précédentes mais semblait voué à rester dans l’ombre. Par chance, ou plutôt par intégrité, cela correspondait parfaitement à Nephtys et le groupe resta bien vivace et lorsqu’il fût possible de le ressusciter avec l’aide de Konklav Records un simple changement de nom, de pochette, et de noms des compositions dans la tracklist s’effectua et «
Souviens-Toi » vit le jour en 2006.
Aucun remaniement à signaler à priori et d’ailleurs, s’il y en avait eu un, il y a fort à parier que cela n’aurait pas dérouté grand monde, car la musique d’
Epheles, si elle s’est perfectionnée et métamorphosée petit à petit au fil des ans a toujours bénéficié d’une griffe artistique bien définie et la façon de faire s’est seulement bonifiée depuis la première demo «
Dead Natures For Humans Without Tears ». L’album s’ouvre sur un superbe « Le Linceul de la
Mort » balayant l’auditeur de ses riffs simples et puissants, aux tempis variés suivis par le jeu de batterie de
Sytris, son compère de l’époque, accompagnant chaque breaks et variations avec une minutie irréprochable et une frénésie toujours adéquate, retenue et martiale, presque frustrée dans les passages lents, et destructrice dans les accélérations, le tout uniquement entrecoupé de passages contemplatifs, presque planant lorsqu’on les compare au reste, où quelque notes de claviers très éthérées se fraieront un chemin pour accompagner l’auditeur dans l’intensité de la musique et renforcer également le côté puissant, pure et magistral des titres.
Dans la droite lignée de l’ep précédent, «
Souviens-Toi » en est même sa suite logique et la confirmation de ce que le groupe a pu sortir jusque-là. De part en part on est frappé par cette sorte de blizzard cristallin soufflé par les riffs, même lorsque le rythme se calme la basse prend le relais, grondante pour indiquer qu’il ne s’agit que du calme avant la nouvelle tempête. Mais le tout est loin d’être chaotique comme ces lignes pourraient l’indiquer,
Epheles joue la carte de la puissance certes, mais aussi de la pureté et de l’efficacité, aucun effet de style, de samplers tirés d’on ne sait où, chaque titre nous amène d’un point a à un point b avec ses moments forts, aucun filler, peu de longueurs si tant est qu’on accroche au style du groupe, juste un album de Black
Metal intense et qui nous plonge droit dans les ténèbres et les émotions de son géniteur. L’ambiance et le talent au service de son Black
Metal. D’autre part, si certains trouveront certainement des compositions moins marquantes que d’autre faute d’attentes personnelles (break inutile, pas assez ou trop de passages brutaux suivants les moments, « Laisse-Moi Mourir » qui s’avère assez ennuyeux), il y aura tout de même des moments de gloire qui mettront tous le monde d’accord comme le titre éponyme, « Ultima
Venia » ou le terrible « Des Siècles d’Ignorance » avec son riffing épique, le chant hargneux et vindicatif de Nephtys comme un appel à partir en croisade et ses breaks atmosphériques du plus bel effet avant la déferlante centrale, tout simplement le morceaux pour expliquer ce qu’est
Epheles.
Sans avoir tout à fait la reconnaissance qu’il mériterait aujourd’hui, Nephtys continue de porter son projet dans l’ombre au fil des années sans toutefois que «
Souviens-Toi » puisse jouir de l’attention qu’il mérite, l’album étant surtout découvert par quiconque explore la scène française par passion la plupart du temps. Néanmoins, si la sortie fut pénible, aujourd’hui ce premier opus peut se targuer d’être une des pièces majeures de notre scène et demeure une excellente expérience pour les amateurs de Black
Metal sincère, glacial et évocateur.
« Mangeant la terre, et m’enivrant en buvant…
Méprisant Amour et n’acceptant…
Accomplissant des rites effroyables, encore… »
Val’
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