Né de l'impulsion d'un ex-membre d'
Osirion qui, comme tant d'autres avant lui, voulut faire de la musique uniquement par lui-même et surtout pour lui-même,
Saint Freness est un projet qui demeure parmi les plus discrets et confidentiels de la scène underground française. En effet, sept années se sont écoulées depuis que cette entité a vu le jour et un long travail de composition a été effectué, la tête-pensante du projet décidant d'opter pour la voie de l'introspection et de l'expression musicale purement personnelle, pour un résultat qui attira l'attention de Gaulhammer qui décida de produire ce premier album,
Sotres, à un nombre très limité d'exemplaires.
Ce premier méfait pourra dérouter les amateurs de Black
Metal au son old-school par son aspect assez moderne au niveau du son, aspect introduit dès "Alrunes" et ses riffs imposants et tranchants retranscrits de manière propre et puissante qui pourrait rappeler des productions suédoises, cependant force est de constater que
Saint Freness ne fait pas partie de ces formations misant sur un aspect clean et accrocheur, mais au contraire, se rallie à celles ayant pour mot d'ordre la sincérité et la profondeur. Ces deux éléments se perçoivent notamment par la parfaite alchimie entre tous les instruments qui donne aux compositions différents niveaux de lecture, notamment par ce parallèle ente riffs minimalistes et incisifs et des nappes de clavier qui savent se démarquer allègrement du reste afin de renforcer de manière conséquente l'atmosphère des titres lorsque ce ne sont pas quelques envolées guitaristiques bien placées qui prennent la relève. C'est d'ailleurs ce qui fait le sel principal de l'album, car en dehors du fait que le leader adopte une manière de faire somme toute classique en apparence, il apporte tout de même un aspect très ambiancé à ses compositions et ce à travers des registres variés, tantôt d'une légèreté purement atmosphérique, tantôt d'une lourdeur et d'une froideur presque industrielle ce qui donne au final un album avec un fort caractère et qui saura certainement faire voyager les personnes qui seront en phase avec l'univers ici crée.
En dehors de ces quelques éléments principaux, la construction de l'album fait également partie des points forts. Chaque piste est à sa place et la progression de l'écoute se fait de manière très fluide et aussi variés que puissent être les sentiments véhiculés et abordés par
Saint Freness, les changements de rythme se feront toujours en conséquence, que ce soit avec des tempis rapides et vindicatifs (peut-être les meilleurs moments de l'album) comme sur le jouissif et accrocheur "Dakinis" ou le plus mid-tempo et envoûtant "Madan", nul doute que toutes les cordes dont la tête pensante dispose sont utilisées à bon escient et avec brio, la nature de l'oeuvre et l’atmosphère formant une véritable unité de bout en bout quelque soit le registre abordé, le chant, par ailleurs, collant parfaitement au tout et demeure convaincant et viscérale comme il se doit d'être. Cependant, comme avec toute oeuvre personnelle, il arrivera des instants où tout ceux qui ne seront pas en phase avec l'univers pourront décrocher à n'en pas douter, particulièrement lors des moments les plus atmosphériques comme "Onosceles" qui pourra s’avérer agréable lors des premières écoutes mais qui finira par en lasser certains à coup sur, et il en va de même pour "
Corpse of Madness" et quelques autres passages où
Saint Freness se permet quelques breaks bien à lui où l'on sent l'introspection ce qui ne sierra pas forcément aux auditeurs les moins immergés dans l'oeuvre, bien qu'encore une fois l'atmosphère reste extrêmement prenante et profonde en tout point.
L'attente et le travail fournit en valaient finalement la chandelle, car au final "
Sotres" se révèle être un album marquant et une preuve que lorsqu'on donne du temps à un projet pour mûrir et se bonifier tout en gardant son intégrité, de bonnes choses en ressortent. Bien sûr, comme souvent avec ce genre de production, il y aura peu de chances de trouver un juste milieu et très vite ceux qui auront pu poser une oreille sur l'album se diviseront entre ceux qui resteront totalement de marbre et ceux qui seront comblés par l'atmosphère glaciale, sombre, malsaine voir même cosmique qui s'en dégage. Dans tous les cas, il mérite qu'on s'y essaye.
Val'
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