Enième groupe de metal symphonique à chant féminin, mais contrairement à nombre de ses pairs, cet expérimenté combo étasunien restera tapi dans l'ombre de longues années durant avant de se placer plus volontiers sous le feu des projecteurs. En effet, pas moins de 12 longues années séparent leur premier et présent EP, «
Sorrow », de leur introductive et discrète démo, «
Past Sorrow », dont ils reprennent la totalité du propos ; tout en conservant les lignes mélodiques à l'identique, les cinq compositions de cette initiale offrande feront l'objet d'une méticuleuse remastérisation et d'une ingénierie du son de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut. Une production d'ensemble plus soignée qu'autrefois, qui a eu pour corollaire un remaniement partiel de l'équipage. Aussi, un petit flashback s'impose...
Le projet a vu le jour en 2009 sous l'impulsion commune du guitariste/programmeur et orchestrateur Jordan B. Sanders, du batteur Mike Klodzinski et de la parolière et chanteuse aux pugnaces impulsions Donna Roland (dite ''Just Donna''), tous trois membres du groupe de power symphonique et électro nord-américain Order Of
Tyr, Présente sur la démo, cette dernière sera ici remplacée par Ashlinn Snow, chanteuse aux claires et puissantes inflexions, plus en adéquation avec les exigences esthétiques et techniques actuelles du groupe. De cette étroite collaboration émane une œuvre rock'n'metal symphonique aux relents progressif et dark gothique à la fois pulsionnelle, énigmatique et enivrante, dans la mouvance de
Delain,
Xandria,
Draconian,
Frozen Crown,
Tristania et
Bif Naked. Mais entrons plutôt à bord de la petite goélette en quête de quelques trésors intimement enfouis...
C'est parfois sur un champ de lave en fusion que nous projettent nos acolytes, ces derniers trouvant dès lors matière à aspirer le pavillon. A commencer par «
Betrayal », un tubesque et tonitruent mid/up tempo aux riffs acérés et doté d'une sanguine rythmique, que n'auraient renié ni
Delain, ni
Tristania. Disséminant parallèlement d'amples et ondulantes nappes synthétiques tout en plaçant judicieusement ses breaks, mise en habits de lumière par les limpides ondulations de la déesse, elles-mêmes calées sur une sente mélodique toute de fines nuances cousue, cette headbangante offrande ne saurait rater sa cible.
Lorsqu'il en vient à diversifier ses phases rythmiques, le combo s'y adonne avec maestria, trouvant à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. D'une part, le ''xandrien'' mid tempo symphonique gothique et progressif « Be Here » se fait aussi invitant qu'intrigant, délivrant de sémillants gimmicks guitaristiques tout en offrant de saisissants effets de contraste atmosphérique. Dans ce champ de turbulences incessamment réalimenté en corpulents coups de boutoir évoluent les claires et magnétiques volutes de la princesse. Dans une même énergie, on retiendra non moins le polyrythmique « Forever » au regard de ses rayonnantes et inaltérables rampes pianistiques, de son entêtant refrain et de la soudaineté de ses variations atmosphériques.
Sur un tempo plus mesuré, la troupe parvient là encore à nous rallier à sa cause. Ce qu'atteste « In Dreams », engageant et aérien mid tempo symphonique gothique à la confluence de
Tristania et
Delain. Déversant ses couplets bien customisés que relaye un refrain immersif à souhait mis en exergue par les impulsives volutes de la sirène, y adjoignant de soudaines accélérations du corps orchestral et de délicats arpèges au piano à l'opportun positionnement, cet entraînant effort joue dans la catégorie des hits en puissance, que l'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Quand il nous mène en d'intimistes espaces, à sa manière, le collectif nous adresse ses mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre «
Desire », une power ballade d'une rare élégance mêlée d'un zeste de pugnacité, sous-tendue par d'enveloppantes gammes pianistiques et d'un grisant picking à la guitare acoustique. Encensé par les corrosives modulations d'une interprète bien habitée, cet instant privilégié au carrefour entre
Frozen Crown et
Bif Naked aurait les armes requises pour espérer aspirer le tympan de l'aficionado de moments tamisés.
Au final, la troupe étasunienne nous livre un propos à la fois pimpant, empreint d'un zeste de mystère, des plus troublants, aux contrastes atmosphériques et rythmiques marqués, propice à un headbang subreptice. S'ils varient leurs exercices de style à l'envi tout en octroyant une œuvre à l'ingénierie plutôt soignée mais aucunement aseptisée, nos inspirés compères, en revanche, ne sont pas parvenus à digérer totalement leurs sources d'influence pour essaimer des séries d'accords certes prégnantes mais moins empruntées qu'elles n'apparaissent. Cependant, témoignant d'une technicité instrumentale et vocale dores et déjà efficiente ainsi que de lignes mélodiques des plus impactantes mais nullement édulcorées, la formation nord-américaine détiendrait dès lors un arsenal de défense des plus dissuasifs pour ses nombreux opposants, ou, du moins, susceptible de faire d'elle un sérieux espoir de ce registre metal. Bref, un premier jet empreint de fraîcheur et d'emphase...
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