Le problème de posséder un patrimoine musical important est la difficulté évidente de s’en séparer ou de parvenir à s’extraire des évidences qui lui sont liées.
Quand
The Dark Element est né, le rapprochement entre les deux personnalités à l’origine de l’entité semblait évident. D’un côté
Anette Olzon et sa carrière solo qui ne décolle pas et de l’autre Jani Liimatainen qui semble encore et toujours perdu dans ses aspirations depuis son départ de
Sonata Arctica. Partagé entre la reproduction presque à l’identique de la musique de ses idoles, qui plus est avec (Timo
Kotipelto pour
Cain’s Offering et Anette ici pour
Nightwish). Si on compte en plus dans les rangs désormais Rolf Pilve, actuel batteur de
Stratovarius, on sait cette fois encore que nous serons en terrain (très) connu.
Il faut le dire ; le premier opus n’a pas laissé un souvenir impérissable et l’espoir d’un second album était de facto obligatoire si le projet voulait avoir un avenir.
C’est chose faite avec ce "
Songs the Night Sings". La chronique pourrait et devrait être très courte. Si vous êtes fan de
Nightwish, vous devriez aimer. Sinon non. Et encore faut-il que ça ne vous dérange pas d’écouter un clone si parfait que l’on pourrait trop souvent s’y méprendre. A quelques détails près cependant, et pas des moindres.
Notamment, que l’on apprécie ou pas le monstre de
Tuomas Holopainen, il faut dire que le boulot sur la production, les orchestrations et le niveau d’arrangements dépassent presque tout ce que fait n’importe qui dans le genre, et que la dimension épique et démesurée est très difficile à reproduire, ce que ne parvient évidemment pas
The Dark Element avec uniquement des samples, tout en voulant jouer exactement dans la même cour. Dès le premier extrait éponyme dévoilé, accompagné d’un clip à la pauvreté aussi affligeante que les précédents (les deux, sans leurs musiciens, qui joue dans un hangar...et le second ça sera autour d’un halo lumineux...tristesse bonjour), le constat est évident. L’intro rappelle, comme sur l’album précédent, "Storytime" (difficile de se séparer d’un tel passé), l’ensemble sonne comme du metal sympho d’excellente facture, avec un riff simple et efficace, des tonnes de samples, un joli solo de basse, un refrain qu’on fredonne et un solo (qui seront bien trop rare sur l’album, dommage quand on a la gâchette de Jani) qui est sympa. Mais n’est-ce pas exactement ce qu’on critiquerait si
Nightwish faisait ça l’année prochaine ? Et ce ne sont pas les maigres effets électroniques qui vont changer cet état de fait.
Pourtant, tout est bien fait. Exactement exécuté et, à plusieurs reprises, on s’en voudrait presque d’être trop dur avec l’album. Comment ne pas succomber devant "When It All Comes
Down" et son intro martelée par les percussions et une mélodie symphonique digne d’une BO ? Par cette progression évidente mais menée par des professionnels du genre. On ne peut néanmoins s’empêcher de regretter la pauvreté des guitares et que Rolf s’évertue à jouer comme Jukka Nevalailen, c’est-à-dire tout en puissance et en jouant beaucoup avec la caisse claire et le tom basse pour apporter beaucoup d'impact à l’ensemble.
On a souvent la sensation, notamment sur les intros, que l’on va tenir un titre référentiel mais cet engouement est souvent cassé par des tics de composition beaucoup trop gros et des poncifs qui gâche un peu le plaisir. Je pense par exemple à "Pills on my Pillow" qui s’ouvre sur un riff et une puissance dantesque avant de sombrer (si l’on peut dire, le résultat reste « in your face ») dans un remake maladroit d’un "
Wish I Had an
Angel" avec ses beats electro sur le refrain qui démontrent que, quoique fasse
The Dark Element, il semble aimanter de manière presque caricaturale à son ainée. "Not Your Monster" ou "The
Pallbearer Walks Alone" s’en sortent mieux dans l’exercice et font office de vrais bons moments, de ceux qu’on aimerait entendre en live.
C’est finalement sur les compositions moins heavy que l’album parvient à nous toucher, à sortir de sa zone de confort. Si on notera une exception pour "
Silence between
Two Words" qui, aussi excellent soit-il, évoque beaucoup trop "Edema Ruh" de qui-vous-savez, les autres compositions se veulent plus intéressantes. La très pop "If I Had a
Heart" et son refrain entêtant, parfaitement secondé par un riff précis et moins linéaire que sur les titres plus « couillus » paradoxalement, aurait mérité un clip ou une exposition plutôt que les titres choisis, même s’il est bien moins « bombastic » que les autres. On citera aussi "To Whatever
End", plus nordique dans l’esprit, avec une présence accrue du violon. "You
Will Learn" se veut plus mélancolique, malgré le retour de l’électronique, et dévoile une personnalité un peu plus appuyée, bien qu’on soit loin de la déclaration du guitariste qui dit, je cite, « avoir explorer des territoires musicaux encore jamais entendus dans ses albums ou groupes précédents ». Si l’on sait que les phrases toutes faites sont importantes pour la promo, on est quand même en droit de se demander s’il le pense vraiment et si c’est le cas, de s’inquiéter pour l’avenir.
On ne peut dire clairement du mal de "
Songs the Night Sings", autant dans sa production que son interprétation. Juste un manque flagrant de personnalité et cette sensation de ne pas parvenir à se séparer d’un passé certes encombrant mais qui les empêche d’avancer. Tout est pro, propre et on passe un certain plaisir à l’écoute de l’album, si l’on omet ces références qui nous sautent constamment à la gueule. Mais c’est trop peu pour en faire un futur fer de lance d’un genre qui ne compte plus que sur ses héros. Des héros qui reviendront l’année prochaine et seront attendus au tournant, c’est une certitude.
Excellent album
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