Liste des groupes Thrash Metal Durandal Soleil Noir

Durandal, c’est mythique. Une épée mythique, un groupe mythique. Attaqué par notre belle justice française pour délit d’opinion dans La Peste Brune, Durandal a pourtant sorti, cinq ans plus tôt, un autre album tout à fait appréciable. Ce groupe étant une des rares formations RAC à produire de la musique de qualité, il mérite qu’on s’y attarde un minimum.

Après Rejoins le côté sombre, une démo punk-oi insistant sur une certaine forme d’europaganisme mâtinée de skinheaderie, Durandal se fait connaître avec Soleil Noir. La couverture à elle seule résume tout le contenu du CD : Europe, unité, fascination pour ce que l’on considère habituellement comme ténébreux, fier paganisme…
Cette galette est faite sur le même style que Rejoins le côté sombre, avec un bien meilleur accord guitare/batterie et une meilleure qualité de son. Des morceaux puissants, des rythmiques lorgnant sur le thrash, une batterie-tampon, Durandal sait nous coller les oreilles aux enceintes. Malgré une production underground assez rugueuse, les morceaux manient l’Histoire et les mythes avec maestria. Chaque titre nous plonge un peu plus dans l’atmosphère guerrière du Soleil Noir. Vikings et XXème siècle réunis, dieux païens, Europe hyperboréenne, tout défile dans les titres et en nous, car c’est une musique à laquelle on accroche sans peine si on aime les grosses voix et les riffs death-punk.
Comme tout groupe de RAC, Durandal a également son mot à dire quant à la société d’aujourd’hui, et critique sans hésiter, de la même manière que les troupes du Soleil Noir fracassent des crânes, c’est-à-dire avec la brutalité spontanée des hyperboréens. Choquer ou ne pas choquer, peu importe, le groupe dit ce qui l’inspire et ce qu’il a sur le cœur. Durandal livre ici une musique authentique, des sons bruts et solides. Comment mieux ressusciter la noble histoire qu’ils font ici la leur ?
Soyez prévenus, ce CD ne fait aucune distinction entre ressentiment et exaltation toute simple, entre « bien » et « mal » tels qu’on les voit habituellement, tout s’y mêle jusqu’à ne faire qu’un. Voyage exaltant, où même la non-compréhension de certaines paroles donne plus de place à l’émotion, c’est autant la puissance des skinheads que des vikings qui est partagée ici.
Le morceau caché à la fin de l’album achève de terrasser l’auditeur, déjà bien entamé par douze titres puissants. Mythique d’une autre manière, mais mythique tout de même, il remet au goût du jour une fascination honteuse qu’on peut enfin apprécier de nouveau…

Thrash comme pas deux, belliqueux et rugueux, Soleil Noir ouvre la voie à La Peste Brune qui verra la consécration du Slayer français. Mais le chanteur aura changé. Avant de découvrir La Peste Brune si ce n’est pas déjà fait, appréciez la voix (même si elle n’est pas toujours très « propre ») du chanteur originel de Durandal, qui deviendra aussi ancien et mythique que le groupe lui-même…
Tel le chevalier de Roland, qui jeta son épée au loin pour en priver les sarrasins, oubliez la petitesse, la faiblesse et la paix : écoutez Durandal !