Smashed Gladys

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17/20
Nom du groupe Smashed Gladys
Nom de l'album Smashed Gladys
Type Album
Date de parution 1985
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1. Playin' Tuff
2. 17 Goin' on Crazy
3. Eye of the Storm
4. Revolteen
5. It Ain't Right
6. Hard to Swallow
7. Once You've Tasted Blood
8. Dream Away Heartache
9. Never Take No (for an Answer)
10. Metal Guru
CD Bonustracks
11. Bump in the Night
12. Black Beauties & Blue-Eyed Blondes
13. Sweet Pain
14. Woman
15. Living, Loving & Learning

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Smashed Gladys


Chronique @ ZazPanzer

19 Fevrier 2015

With all the Liquor Friends that money can buy you...

Née au Canada de parents anglais ayant émigré pour vivre le rêve américain, c’est en voyageant que la jeune Sally Cato grandit. Elle pose notamment ses valises à Los Angeles puis Portsmouth avant de revenir à Toronto, ville où elle rencontre début 1979 un certain Bart Lewis, ‘ricain en vadrouille originaire de Philadelphie et heureux possesseur d’une six-cordes. Sally taquinant quant à elle le micro, les deux jeunes zazous ne tardent pas à monter un combo Punk, The Conchords, afin de prendre violemment d’assaut chaque club de l’Ontario, si minuscule soit-il.

Malgré le succès scénique des Conchords et de plusieurs autres gangs canadiens évoluant dans le même registre, à l’instar notamment d’Arson, l’ambitieuse Sally met rapidement un terme à cette première aventure, jugeant le public ontarien peu enclin à comprendre le sens de sa Musique. «Il faut se tirer, explique-t-elle à Bart; quitter cette province conservatrice pour s’installer là où tout se passe, là où tout se décide; là où l’on pourra mettre le Monde à nos pieds.» Bart croyait-il en son étoile ou fit-il le voyage pour les beaux yeux de Sally ? L’Histoire ne le dit pas, mais les deux aventuriers emménagent au centre de l’Univers, aka Manhattan, dès 1981. Ils ne resteront pas isolés bien longtemps car poussé par, au choix, l’amour, la jalousie, la clairvoyance ou peut-être l’instinct, un troisième larron prend sur un coup de tête un aller simple Toronto-NYC pour rejoindre Sally et Bart. L’homme répond au flamboyant patronyme Marcel La Fleur et n’est autre que le guitariste d’Arson, combo qu’il avait fondé et qui splitte immédiatement après son départ pour se reconvertir dans la New Wave sous le nom de Boy’s Brigade; ainsi va la vie…

Il faut deux années supplémentaires à Sally, Bart et Marcel pour recruter leur section rythmique, mais quelle section rythmique ! Nous sommes en 1983 et Smashed Gladys voit officiellement le jour, désormais armé du bûcheron Matt Stellutto derrière les fûts et de Monsieur J.D. Malo à la basse dont la classe n’a d’égal que son putain de nom de scène, puisque l’on sait aujourd’hui que J.D. signifiait secrètement Jack Daniel’s, que Malo était l’espagnol pour «Evil / Naughty / Wicked» et que c’est le culte voué au tout jeune et relativement méconnu Nikki Sixx qui poussa Fernando Rosario Jr. à se rebaptiser.

Sans renier ses influences Punk, notamment les Stooges, Smashed Gladys œuvre désormais dans un style hybride, influencé à la fois par AC/DC, Nazareth, mais également par les Dolls, T. Rex, les vieux Kiss, le tout premier Mötley et certainement Hanoi Rocks. Il résulte de ce joyeux bordel un Hard’N’Roll catchy, sincère, raw, crasseux, authentique qui prend aux tripes comme pas permis mais qui n’est malheureusement plus ou pas encore dans l’air du temps… La scène newyorkaise est en effet désormais totalement vampirisée par la New Wave… Les Gladys s’en cognent. Ils s’enferment pour répéter d’arrache-pied et boire comme des trous. Ce n’est qu’au moment de démarcher les clubs, après avoir enregistré la traditionnelle demo-tape, que l’Évangile selon Bon Scott se rappelle douloureusement à eux… It’s a long way to the top if you wanna Rock’N’Roll…

Oui, malgré les pépites contenues dans la cassette que Sally a en bonus distribuée en laissant les barmen profiter de son décolleté so-gorgeous, ce putain de téléphone reste désespérément muet. Il finit par sonner… C’est le Cat Club à East Village. Le gérant accepte de les laisser jouer… Une soirée et une seule.

Conscients que ce gig scellera leur destin dans un sens ou dans l’autre; que cette nuit à venir verra les Gladys vivre ou mourir, les cinq gypsies arpentent Manhattan du Nord au Sud et d’Est en Ouest durant la semaine le précédant. Armés de seaux de colle et de flasques de Jack, ils distribuent une quantité industrielle de tracts, collent des affiches face aux urinoirs jusque dans les clubs les plus sordides de la Big Apple, paient des tournées et en promettent d’innombrables autres à chaque gusse susceptible d’avoir une gueule à écouter autre chose que Duran Duran…

Cette première date au Cat Club attire au final trois cents pèlerins.

Peut mieux faire, certes… Mais Tommy Gunn, le patron du Cat', n’est pas un newbee… Tout comme les quelques centaines de hardos présents ce soir, il a compris. Il a senti. Au moment même où les talons de Sally la Délicieuse ont pris possession de la scène, tous ont su. Il offre aux Gladys une résidence… Il ne se trompe pas. Quatre mois plus tard, c’est mille deux cents rockers qui se pressent à l’entrée du Cat Club à chacun des gigs du nouveau House Band…

«Insuffisant !» affirme Sally à ses quatre mecs médusés ! Oui, outre sa beauté sauvage et sa voix à se damner, l’alter-égo féminin de Blackie Lawless possédait, semble-t-il, un sens du business peu commun et une paire de couilles hypertrophiée... C’est sans ciller qu’elle expose ainsi à ses bandmates un plan de carrière qu’elle a imaginé, basé sur l’adage vieux comme le Monde «l’Union fait la Force» : «Seul, même le plus sexy des groupes ne peut que finir par lasser, pense-t-elle. Nous ne tiendrons pas bien longtemps comme ça. Ce n’est donc plus seulement les Gladys qu’il faut promouvoir si nous voulons perdurer… Ce qu’il faut, c’est redonner aux newyorkais l’envie d’écouter du Rock’N’Roll. Remettre sur scène les groupes qui en jouent encore ! Ils doivent bien se trouver quelque part… Vous me suivez ?»

Un orage éclate sur Manhattan alors que quatre mecs bourrés regardent en silence ce brin de fille qui leur demande naïvement de faire renaître le Rock à New York City…

Les railleries, crises de rire et autres moments de stupéfaction passagers passés, les cinq amis se séparent. L’idée est folle mais qu’a-t-on à perdre finalement ? Direction les clubs, les caves, les studios, les bars et autres lieux de perdition où tout hardos qui se respecte est susceptible de traîner…

De nouveaux noms apparaissent bientôt en petits caractères sur les flyers des Gladys : Princess Pang, Adam Bomb, Warrior Soul, Battalion, Circus of Power, The Pharaohs, Law And Order et autres Cycle Sluts… La machine est en route. Tous ces nouveaux combos, gonflés à bloc, retournent la Grosse Pomme et s’ouvrent de nouvelles portes : le Limelight, l’Amour, le Danceteria, le Lismar Lounge… Les radios locales se déplacent, les fanzines se réveillent. Un certain Ace Frehley passe même au Cat’ un samedi soir pour taper le bœuf sur «Cold Gin»…

De quelques gigs transpirant d’authenticité, joués au Cat Club de NYC courant 1983 par un groupe obscur nommé «Smashed Gladys» n’ayant à son actif qu’une demo-tape, naquit donc sur la côte Est rien de moins qu’une putain de nouvelle scène, parallèle à celle générée à l’autre bout du pays par les précurseurs Mötley Crüe; scène qui fut un plus tard qualifiée de «Sleaze Rock», «Glam Metal» ou «Hair Metal»… Même s’il est probable que Bart Lewis ait fait tourner en boucle «Oriental Beat» et «Too Fast For Love» (1982), rendons enfin à César ce qui lui appartient et levons nos canettes à la gloire éternelle bien que méconnue de Smashed Gladys, premier combo Sleaze de l’East Coast ! Hail !

Sally qui ne croit pas au hasard continue à modeler de ses mains la destinée des Gladys déglinguées. Engagée sur le tournage du clip de «Looks That Kill», elle s’arrange pour se faire remarquer, Dieu sait comment, par Neil himself, qui lui donne rendez-vous le lendemain pour un shooting ! Collée à un Vince goguenard, Sally fait ainsi la page centrale d’un magazine US quelques semaines plus tard, vêtue d’un petit body et de jarretelles affriolantes. On se demande encore si c’est cette photo ou la cassette confiée à Ace qui poussa le maître incontesté du cunnilingus, aka Gene Simmons, à décrocher son téléphone pour appeler Sally…

Les choses vraiment sérieuses auraient donc logiquement dû commencer pour les Smashed Gladys lors de ce deal avec l’illustre bassiste de Kiss qui les prend sous son aile et leur produit aussi sec une démo plus professionnelle… Malheureusement, Gene, trop dispersé à cette époque, bâcle son travail et ne leur obtient un contrat qu’avec «Heavy Metal America», obscur label britannique au patronyme ironique, dont le principal et quasi unique fait d’arme est d’avoir signé Leatherwolf… S’ensuit la logique implacable du premier opus qui reste anonyme faute de promotion, mais également de distribution puisqu’il n’est absurdement vendu qu’au royaume de sa Majesté où il n’intéresse personne… Bravo Grande-Langue !

Enregistré au Pays de Galles dans les mythiques Rockfield Studios (Queen, Motörhead, Rush, Sabbath, The Cult), le self-titled «Smashed Gladys» est pourtant produit par Monsieur Mark Dearnley qui n’est autre que l’ingé-son attitré des albums d’AC/DC. C’est d’ailleurs Malcolm himself qui le recommande aux Gladys, et on peut lui faire confiance… Dearnley est un tueur, un vrai de vrai. Le Hard, il connaît. Il concocte donc logiquement aux ‘ricains un son merveilleux. Live, brut, violent. Hard. «Organique» lirait-on certainement de nos jours…

Musicalement, ce premier full-length ne peut encore être qualifié complètement de Sleaze : il est avant tout Hard Rock, comme nous le prouve royalement le riff de l’opener «Playin’ Tuff» et ses pêches qui frappent chirurgicalement à l’endroit où, bien cachés, nos cœurs de motherfuckers palpitent… Et si l’album est entièrement teinté de ce son et de cet esprit old-AC/DC, on retiendra particulièrement pour l’illustrer les tueries «Hard To Swallow», «Once You’ve Tasted Blood» ou «It Ain’t Right» qui n’auraient pas fait tâche sur un disque de nos australiens favoris… À côté de cette évidence cependant, quelque chose de différent se fraie un chemin au travers de ces dix bijoux… C’est insidieux, poisseux et incurable, ça s’accroche à ton âme pour te suivre toute ta vie, ça t’empêche de grandir et de basculer dans leur Monde, et ça s’appelle le Sleaze. Tout l’esprit du raz de marée qui engloutira la côte Ouest quelques mois après ce disque est déjà là, et c’est magnifique. Que ce soit dans «Revolteen», dans ce qui ne peut apparaître que comme un hymne, j’ai nommé l’énorme «17 Goin’ On Crazy», ou encore dans la délicieuse cover de T-Rex, c’est flagrant, et c’est surtout jouissif.

Dearnley a capturé pour toujours sur cette galette l’essence même de ce qu’étaient les Smashed Gladys, et a même été encore plus loin: à la Hargne, il a offert l’Insouciance. L’idée que tout est possible… et qu’au final on s’en contrebranle. New York en 1984 peut-être…

Ça me les brise grave de devoir finir sur le laïus classique concernant l’excellence des musiciens, d’autant plus que ça ne sert à rien. Si ta guibole ne s’est pas mise à claquer le parquet de manière autonome sur les martèlements du couple rythmique infernal Matt / JD; si tes conduits auditifs formatés par Pro-Tools ne sont parvenus à apprécier le feeling monstrueux qui habite les soli des badass Bart Lewis / Marcel La Fleur; si la voix explosée au Tennessee Whiskey de la Grande Prêtresse Sally ne t’a pas mis dans une transe indescriptible… ben je vais te laisser finir ton Malibu et retourner à Hardcore Superstar, hein.

Dans le cas contraire, tu t’es déjà servi un autre Jack en zieutant avidement les plateformes de vente et tu t’es aperçu que quelques copies de l’unique pressage vinyle y circulent à des prix relativement abordables… Et si tu n’as malheureusement pas un avocat-banquier-trafiquant d’organes localisé en Suisse ou un pote nommé Chacal, autant te prévenir, c’est ta seule option pour acquérir ce chef d’œuvre; la version CD immatriculée SG Records / SGR00323 se négociant désormais dans des sphères inaccessibles aux communs des mortels… En même temps, le vinyle c’est tellement mieux pour vivre pleinement ce qu’il convient de nommer une expérience, à savoir se passer au casque le majestueux «Eye Of the Storm» ou la déchirante «Dream Away Heartache», sans conteste les points d’orgue de ce disque qui aurait dû marquer 1985 d’une pierre ou d’une poudre blanche mais qui s’est contenté d’atterrir dans la collection de quelques passionnés qui continuent à lui vouer un culte aujourd’hui.

Malgré l’échec commercial de ce premier jet, les Smashed Gladys tournent, encore et toujours. Ils ouvrent pour Cheap Trick, Blue Öyster Cult, Poison et signent enfin en 1987 un contrat de 2,5 millions de $ pour cinq albums chez Warner Bros Records. Un seul verra finalement le jour : «Social Intercourse» (1988). En effet, pour d’obscures raisons, alors qu’il est aujourd’hui évident que les Gladys auraient pu fracasser les charts, Warner ne fait aucune promotion de ce second opus. Écœurée par ce pseudo-management, une furie débarque un beau matin dans les bureaux climatisés de la Warner… Elle remet dans la gueule des costards-cravates quelques millions de dollars et quatre disques à venir avant de ressortir sourire aux lèvres, libre, intègre, belle…

J.D. rejoint alors le Michael Monroe Band. Roger Lane (qui avait remplacé Marcel La Fleur durant la tournée du premier album) se met au service du groupe de Danny Nordahl, The Throbs. Sally ouvre une boîte de design qui s’occupe de créer des costumes et des décors pour les shows de Broadway. Aux dernières nouvelles, Matt Stellutto bossait chez les New York Mets. Personne ne sait ce qu’est devenu Bart Lewis, mais on a récemment retrouvé sa trace à Toronto, en Juillet 2012 : il jammait avec son ancien bandmate Marcel qui a ressuscité Arson !

Album ultime de Hard Rock d’obédience Sleaze enfanté par un groupe visionnaire, «Smashed Gladys» a curieusement mis de longues années à intégrer ma collection, alors que je le connaissais pourtant… Un mec avec qui j’avais échangé quelques mots sur Internet m’a envoyé le CD, dans la foulée, comme ça. Un geste simple, mais pourtant peu courant… Alors même si je conchie cette saloperie de toile qui a bouleversé nos vies et flingué les disquaires, et que je signerais tout de suite pour revenir en arrière, j’avoue qu’elle a parfois de bons côtés, et je voudrais à ce stade rendre hommage à quelques fadas dangereux embrigadés dans une Secte...

Hail aux Goules, this one’s for you mates.

10 Commentaires

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Chacal - 23 Fevrier 2015: Diantre ... Quel hommage !! Je pensais être fan du groupe, mais là je viens de passer en seconde, que dis-je en division d'honneur !! Bravo, la classe à Dallas, comme d'hab (GhouleBoule ? :)).
Saturnine - 23 Fevrier 2015: Merci pour cette remarquable chronique ! Les petites histoires font la grande. Long live rock n' roll.
ZazPanzer - 25 Fevrier 2015: Merci pour vos retours, collègues ;-)
Cucrapok - 18 Mai 2018:

Lecture passionnante merci Zaz.. pour l'article mais surtout pour m'avoir refilé ça via la toile infernale sans laquelle j'aurais connu. Je vais le réécouter attentivement! Super leur faces de poudre blanche sur la petite vidéo en-dessous! laugh

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