Les terres finlandaises regorgent d'une multitude de lacs enchanteurs à l'instar de leurs innombrables formations qui, telles des elfes éparpillés dans les vastes forêts de cet immense territoire, marquent souvent les espaces musicaux internationaux de leur empreinte. C'est notamment dans le registre du métal symphonique que s'expriment en grand nombre les groupes finlandais les plus diversifiés. Dans l'ombre de formations majeures comme
Nightwish ou
Amberian Dawn émergent quelques combos à l'aura plus discrète. C'est dans cette lignée que s'inscrit le groupe finlandais de power métal
Dotma.
Rien n'est moins évident que de se démarquer d'une sévère concurrence sur ce terrain musical au bord de la saturation. Toutefois,
Dotma a osé s'intercaler dans cet espace ténu du métal symphonique à chant féminin pour nous proposer un album d'une rare densité instrumentale et techniquement solide. Sur le plan vocal, Johanna Lesonen, de sa voix claire et aérienne, n'est pas sans rappeler
Heidi Parviainen (
Amberian Dawn), mais dans un registre moins lyrique. Elle a également écrit, et avec finesse, la plupart des textes des chansons.
Les huit titres que compte l'opus nous transportent véritablement dans un voyage musical à l'orchestration épique, aux harmonies colorées et à la rythmique soutenue. Cet album s'avère également bien inspiré sur le plan des compositions. Certes, peu d'originalité se dégage dans l'ensemble, mais rares sont les passages souffrant de carences mélodiques et d'absence d'emphase.
Parmi les morceaux les plus significatifs au niveau de la richesse des compositions et de l'ampleur des plages, j'ai retenu la piste : "
Kingdom of the Sky", véritable fresque finissant comme elle a commencé, en douceur. La montée en puissance s'opère progressivement au son des guitares saturées, bénéficiant de la plénitude vocale des choeurs et d'envoûtantes variations de tonalité de la diva. L'ambiance romantique qui se dégage renvoie à la finesse de la ligne mélodique, notamment au niveau des refrains. De plus, un joli solo de guitare achève de nous convaincre de la qualité de la composition. Tout aussi convaincant, se place ici l'ultime et opulent morceau de l'opus "Memory
Worth Dying For". L'introduction orchestrale, typiquement orientée métal symphonique, nous conduit vers des passages plus aériens, notamment sur le plan vocal. Cet entraînant titre nous octroie de somptueux couplets, de mélodieux refrains ainsi qu'un beau solo de guitare, pour s'achever tout en douceur.
Pour les amateurs de morceaux moins roboratifs mais plus dynamiques, ils ne seront pas en reste avec l'entame de l'opus "
Legend of
Blackbird". La rythmique est rapide, les riffs de guitare sont bien présents et la structure orchestrale est dans le moule du métal symphonique pur. La voix se cale parfaitement dans cette mouture et contraste avec l'instrumentation par son côté angélique. Ce titre tout en nuances nous gratifie, en outre, de belles reprises, entre lesquelles s'intercalent de doux refrains.
Plus épique encore, l'énergique "
Reborn" séduit par la symbiose du duo entre Johanna, à la voix haut perchée, et Vladimir Lumi, à la voix chaude et profonde. Les refrains mélodiquement sans failles permettent d'apprécier à sa pleine mesure l'efficacité de ce duo. Dans cette même veine peut encore être inclus "
Silent Sunshine", à la fois puissant et doux, usant de riffs bien distillés, offrant aussi un intéressant solo de guitare, le tout sublimé par les variations vocales des plus abouties chez Johanna.
Pour ceux qui recherchent également un moment d'apaisement, "
Indian Fall" répond à cet appel. Il s'agit là d'une des plus somptueuses ballades qui soient. La richesse des harmonies autant que la souplesse de l'orchestration répondent en écho à la voix délicate, finement modulée, voire troublante et d'une lumière étincelante de l'interprète. On détient là un morceau d'une grande force émotionnelle apte à faire fondre bien des résistances.
Les deux morceaux restants, "Whispering" et "The Cave", me sont apparus un peu moins convaincants sur le plan harmonique, mais témoignent néanmoins de nuances mélodiques avérées et de qualités rythmiques non négligeables.
Sans réelle ambition de vouloir se hisser parmi les formations dominantes du genre, le groupe propose, en toute simplicité, un album plutôt agréable, accessible, bien produit et qui fait la part belle aux intéressantes qualités vocales de la chanteuse. Rappelant parfois
Amberian Dawn, sur le plan instrumental et vocal, le combo s'en démarque par davantage de légèreté sur certains titres, moins d'envolées lyriques et parfois plus de nuances dans les accords.
Cet album de bonne facture conviendra certainement aux amateurs de power symphonique à chant féminin, à condition d'éviter de succomber au réflexe de la comparaison avec certains opus de formations plus aguerries à cet exercice. Aussi, gageons que ce combo trouvera sûrement sa place parmi les groupes avec lesquels il faudra compter dans les années à venir. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter.
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