Quand vous rentrez crevé d’une journée de boulot ou d’une journée de cours, quand vous accumulez les galères et autres emmerdes, quand vous vous sentez abattus pour X raisons et que vous voulez vous vider la tête avec un bon album qui vous envoie sur une autre planète, vous en choisissez un qui a sur vous un effet radical. Quand vous l’écoutez, le monde peut s’écrouler autour de vous, vous vous en foutez, vous êtes déjà parti ailleurs…
Certains préfèrent naviguer sur les terres du black metal, d’autres iront verser quelques larmes sur du heavy, chacun ses goûts et tout dépend de notre humeur du moment. Moi, quand tout part en couille autour de moi et que j’ai besoin de me renfermer dans ma bulle, de me ressourcer avec l’énergie du metal, je choisis très facilement ce premier album de
Exhorder. L’incroyable intensité de la musique prend alors le dessus sur tous les problèmes que j’ai pu rencontrer, j’ai tout simplement la formidable impression que le groupe ne joue que pour moi et que je ne fais qu’un avec les riffs énormes des gratteux. Les compos du groupe me pénètrent littéralement et je fais moi-même partie de leur musique le temps de l’écoute, je suis sûr que vous comprenez ce que je veux dire, tout fan de metal ressent cela avec certains albums…
Slaughter in the Vatican fait partie de ces albums que je n’échangerais pour rien au monde. Il y a une dizaine d’années, mes potes et moi, fauchés que nous étions, nous nous baladions d’un endroit à un autre à bord d’une magnifique Fiat
Panda, équipée tout de même d’un lecteur K7. Vu que le véhicule en question tremblait à mort une fois les 100 km/h passés, y’avait intérêt à mettre le volume très fort pour capter quelque chose ! Et la coutume était (pour les soirées aussi) que chacun d’entre nous apporte une compile qu’il avait soigneusement enregistrée à partir de ses albums préférés. Nos goûts étaient très proches (death metal), mais ces sélections donnaient lieu à de joyeuses engueulades, surtout quand on avait quelques bières dans le pif.
« - Mais non, pauv’ con, ce riff est à chier, celui là est bon !
- Tu me fais rire, t’es même pas capable de jouer correctement "
War Ensemble" de
Slayer !
- Ta gueule, Kerry
King est une merde, Mustaine a un vrai sens de la mélodie, lui !
- Mustaine ? Ce mec est un golio, vas plutôt bosser ta main droite au lieu de dire des conneries ! »
Etc, etc, etc…
Tout ça pour dire que le jour où j’ai placé pour la première fois des morceaux de
Exhorder dans mes fameuses compiles, j’ai eu droit aux commentaires suivants : "ouais, c’est pas mal, dommage que les riffs soient tant inspirés par
Pantera" ! Oui, sauf que
Slaughter in the Vatican est paru en 1990, année de sortie du premier gros album de
Pantera, Cowboys from
Hell. Alors comment parler d’inspiration "panteresque", ou même de plagiat ? Impossible… D’autant que la musique de
Exhorder est autrement plus violente que celle de
Pantera, beaucoup plus thrash dans l’esprit. Mais bordel, quel concentré de violence, de hargne ! Le rapprochement avec
Pantera se fait facilement en raison du groove incroyable des riffs, à la fois chaloupés, tortueux et tranchants.
Si les deux premiers morceaux de l’album sont bons, le groupe ne dévoile l’ampleur de son talent qu’à partir du troisième titre, le colossal "Desecretor", à l’intro écrasante. Et la suite est tout aussi bonne, parfait mélange de thrash et de violence limite death. Le morceau titre, "
Exhorder", est un concentré de haine aux mid-tempo incroyablement entraînants, "The Tragic Period" renferme quant à lui un riff formidable suivi d’un mid-tempo foudroyant (à 4’40) et son final est magistral. Tout simplement un de mes morceaux metal préférés, tout styles confondus ! "
Legions of Death" met tout le monde KO avec son intro saccadée, chargée de triolets, qui enchaîne sur un riff lourd aux relents de
Massacre. Je ne vais pas tous vous les passer en revue, tous les morceaux de cet album sont bons !
Ce groupe est américain et a sorti son album en 1990, devinez qui en est le producteur ? Scott Burns bien sûr ! Le son de batterie est typique des enregistrements du bonhomme, assez sec et avec une grosse caisse très claquante style machine à écrire. Perso, j’adore, les nombreux roulements de doubles sont ainsi parfaitement mis en valeur. Le son des grattes diffère par contre assez de ses autres enregistrements.
Plus gras, moins stéréotypé, ce son quelque peu brouillon colle très bien à l’esprit thrash des compos.
Un dernier mot concernant le chant, après je vous fous la paix. Le style de Kyle Thomas est plutôt surprenant, teigneux mais malgré tout mélodique, en tout cas très inhabituel dans le genre. Même sa tronche sur la photo est bizarre, on se demande s’il ne s’est pas gouré de groupe ! Si ses vocaux déconcertent dans un premier temps, force est de constater qu’ils collent parfaitement aux compos et renforcent leur originalité.
Exhorder est un groupe qui a rapidement fini aux oubliettes, étonnant compte-tenu de la qualité et de l’intensité de ce premier album. Les musiciens eux même semblaient beaucoup croire au potentiel de leur formation, vu comme ils arborent fièrement sur leur épaule leur tatouage
Exhorder (sauf le chanteur…). Z’ont l’air cons aujourd’hui avec ce tatouage périmé tiens… En tout cas, ces mecs-là ont pondu une œuvre colossale de thrash / death qu’il est urgent de redécouvrir.
Legions of death will leave you crucifiiiiiiiied!
Quel album ! Demolition Hammer n'est pas loin non plus dans le riffing. Chronique sympa.
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