KALISIA : groupe montpelliérain légendaire de
Death prog’ mélodique. Auteur d’un album unique d’une demi-heure en 1996, intitulé «
Skies ».
Voici une bien courte biographie. Et pourtant, le terme « légendaire » est à même de susciter toutes les curiosités.
L’album se divise en quatre morceaux, dont le dernier se révèle instrumental dans son entier. Autant préciser cependant que les trois premiers frôlent chacun la dizaine de minutes et sont par ailleurs pour leurs deux tiers respectifs instrumentaux.
Mais quelle variété mélodique dans ces quatre œuvres ! Il y a là matière à dix albums pour tous les autres groupes. Une touche étrangement prog’, plus commune dans une époque qui sortait du Grunge, donne le ton aux notes. Très mélodique, à l’opposé du grind.
Car le détail est si précis ! «
Skies » se présente comme une fresque en dentelles d’acier. Fresque pour l’union harmonique, car tous les morceaux s’enchaînent comme une symphonie continue en quatre mouvements. Dentelles d’acier, par la préciosité de la recherche mélodique à travers chaque note.
La musique de KALISIA : intailles ciselées dans un métal dur, puissant, nerveux.
Chaque instrument est un soliste relié aux autres par la cohérence symphonique. Mais pleins de reprises terribles, de montées en puissance surprenantes. Dès lors, «
Skies » fourmille de solos de basse (plusieurs), de guitares, solos de batterie et même de bruitages synthé d’une clarté touffue. De fait, KALISIA dose avec opportunité quelques musiques électroniques travaillées par la grâce des touches du clavier, semblables à l’intervention d’un virtuose sur un piano ou un orgue futuristes.
L’efficace vient de ce que le groupe, pourtant doté d’un grand talent, a refusé la facilité. «
Skies » est un album accouché. Mais cette souffrance dans la composition n’apparaît heureusement pas à l’écoute : l’ensemble évolue dans une grâce fluide, une puissance voluptueuse.
Car, le grand Charme de cette musique est cette naïveté, ce coté de fraîcheur primesautière jusque dans la ciselure la plus travaillée, la plus sophistiquée.
Oserai-je avancer que ces solos perpétuels, ces rythmiques si variées profusent l’arabesque ? Eh bien, non ! Leur générosité est différente. Car la musique de KALISIA conserve un caractère très original par la rigueur mathématique, ou plus exactement cubique. Peut-être l’art unique de KALISIA peut-il se définir comme l’art d’arrondir et cercler des carrés, des rectangles et des losanges ? Ce sera son titre de gloire face à notre modernité. Nous, enfants des tours rectangulaires et autres buildings inhumains, en avions tant besoin !
J’évoquerai aussi la voix
Death si nuancée du chanteur, qui peut, tournée vers le ciel, sonner grave et d’une si rauque douceur, comme se transformer en un grognement presque Black, le menton collé à la poitrine, dans un regard de défi. Quelques rares voix féminines, prosodiques à une exception près, agrémentent l’atmosphère, sans ôter son oppression ou sa joie.
Il faut noter l’exigence qualitative du groupe quant à la profondeur des paroles. Il peut en être fier, et à juste titre. «
Tower of Vanities » parle de l’orgueil humain qui ne sait pas se contenir et finit en arrogance stupide contre la Nature ; toutefois, l’Homme y appartenant composant, il perd son âme dans cet oubli, donc sa joie, et ainsi se détruit. « Chimeria » se moque des vaniteuses apparences physiques, mais par là même des modes morales et du vocabulaire y attenant. «
Lost Soul » est une chanson mystique, très religieuse. Elle se questionne sur le Destin de l’Homme. Je vous laisse découvrir sa profondeur.
Et qu’ajouter, sinon que «
Skies » regroupe une richesse et une variété infinie de sentiments, de sensations, de pensées ? Il y en a pour tous les goûts. L’ambition de KALISIA fut de représenter la vie. Mais la Vie comme une évolution, une quête, un mouvement perpétuel et labyrinthique menant à une conclusion limpide. L’on se sent à l’entendre libéré de saumâtres fantômes. Et pourtant, la quête repart vers d’autres horizons, perpétuelle aventure artistique et humaine.
À sa sortie, cet album créa un traumatisme musical. KALISIA, en une demi-heure, prouvait l’art d’un Grand. Chacun crut alors que KALISIA serait le chef de file d’un nouveau mouvement
Metal ! Le groupe a préféré se retirer dans un silence qu’il promet depuis peu seulement de rompre enfin par un nouvel album, intitulé «
Cybion ».
[Lequel, entre parenthèses, s’annonce superbe à deux extraits divulgués ; si différent de «
Skies », mais dans la même veine.
Plus violent et plus raffiné. Parlons-nous de génie ? J’en ai pleuré sur des voix
Death Metal ! Par la
Mort-Dieu, mais qu’ils le sortent !]
Ainsi, dix ans après, «
Skies » est encore cité en exemple, même aux États-unis. Une symphonie
Death à écouter les yeux fermés ou en suivant la profondeurs des paroles. À la délicate attention des bourrins raffinés, quelque soit leur genre de
Metal préféré.
Vous demeurez dubitatifs, considérez ma chronique trop apologétique ? Eh bien, l’album est téléchargeable gratuitement et légalement dans son entier, sous forme de mp3, sur le site officiel du groupe. Allez-y l’entendre vous-même, si vous ne me croyez pas !
http://kalisia.com/ (pas de triple w en effet)
Au plaisir de lire tes futures chroniques :)
Fabien,
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