Au fil des années, la Pologne a toujours su nous émerveiller, que ce soit pour son death metal (
Vader,
Decapitated,
Azarath) ou pour son black symphonique (
Hermh,
Vesania,
Luna Ad Noctum). Mais dans le domaine de l'extrême, il y a aussi quelques formations de metal avantgardiste dont
Forgotten Souls, tout droit venu de Cracovie. Actif depuis 1998, les Polonais ont à ce jour 4 albums dont certains flirtaient largement avec le gothique et le doom. Depuis, le quintette s'est dirigé vers quelque chose de plus expérimental, dans un terrain où les frontières ne sont plus des limites. Ainsi, c'est avec plaisir qu'on découvre leur nouveau matériel, «
Sirius 12 », loin des albums uniformes et fades que l'on a pu entendre ces derniers mois.
Forgotten Souls retrouve son ancien line-up et profite de ce retour pour se lancer dans un renouveau inattendu. Il puise dans plusieurs styles, s'accaparant des éléments death metal, modern metal, cyber metal, black metal, et parfois même black metal symphonique pour nous offrir des compositions archi travaillées et maîtrisées. Loin d'être fourre-tout, elles embarquent l'auditeur dans un monde certes barré, mais à l'image même de ce quintette à la recherche d'ambiances encore peu exploitées.
Fort de son inventivité,
Forgotten Souls repousse l'impossible et n'hésite pas une seule fois à intégrer tout un panel de sonorités aussi riches les unes que les autres. On passe volontiers d'un style à un autre, avec cette alternance de riffs mais aussi de chants, qu'ils soient death, black, clair ou atmosphérique (« The Flight », « Can't Resist »). Pourtant, il n'est pas si difficile que ça de s'accrocher aux titres car il existe un fil conducteur permettant de rattacher toutes les parties entre elles : les arrangements industriels/cybernétiques et expérimentaux. On retrouve continuellement ces effets, plus ou moins synthétiques, liant tous les morceaux entre eux comme un tout. Ainsi on peut voir «
Sirius 12 » comme une grande fresque avec différents actes et différentes scènes : le moderne avec « The Flight », le death avec «
Sirius 12 », le cyber metal avec « Na Horyzoncie » et « Signals », l'arabisant avec « Can't Resist », le symphonique avec «
The Black Tsar », et j'en passe.
Difficile donc de coller une étiquette parfaite à cette œuvre tant elle sort de l'ordinaire et il faut dire que
Forgotten Souls a le mérite de proposer quelque chose de très fouillé et de très riche. En cela, les expérimentations nous proposent de découvrir la capacité de
Forgotten Souls à proposer des parties atmosphériques impromptues («
Sirius 12 ») tout comme des parties plus rentre dedans où la mélodie prime, qu'on le veuille ou non.
En plus de cela, on découvre avec étonnement la présence d'une clarinette, un instrument qu'on ne voit pas souvent dans le metal mais qu'on avait pu entendre précédemment avec un groupe tel qu'
Aenaon. On peut l'entendre sur le premier morceau, l'introduction donc, mais il fait partie intégrante du titre « Na Horyzoncie », mélangé aux bidouilles cybernétiques et à l'aspect mécanique des riffs et du rythme. Sans oublier le jazzy «
Willow Green » et son côté barré mais énergique.
La Pologne n'est pas prête de s’essouffler, ni même
Forgotten Souls qui a, sans doute, atteint la consécration. Jamais le quintette n'avait atteint ce stade, mélangeant avec habileté plusieurs styles tout en gardant une cohérence, une puissance et un savoir faire quasi parfaits, d'autant plus qu'il a tout enregistré et produit lui-même, à l'exception du mixage de la batterie.
Signé chez Mighty Music, «
Sirius 12 » et son petit aspect futuriste, tel un voyage à travers les dimensions, a de quoi faire des adeptes. Une très bonne sortie en perspective.
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