Abnocto est un projet ambient des suédois Simon Heath et Simon Köllen déjà connus pour leur complicité dans Musterion,
Atrium Carceri et Za Frûmi. Sous ce nom, les deux comparses n’ont produit qu’un seul album, intitulé
Simon Magus, enregistré en 2002. Pour cela, ils se sont enfoncés à 60 mètres de profondeur sous Stockholm, avec de la nourriture, de quoi dormir, quelques livres occultes et un orgue Farfisa. L’album relate la légende de
Simon Magus (Simon le Magicien ou Simon le
Mage, en français). Ce personnage fût l’un des premiers prêtres gnostiques et ses écrits ont été condamnés comme hérétiques par l’Eglise. Je tiens à préciser que le gnosticisme est un mouvement religieux caractérisé par la croyance que les hommes sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais. Après ces quelques lignes de présentation, passons à la partie la plus intéressante, la musique !
Envolées les mélodies tribales de Za Frûmi ! Apaisé l’ambient industriel d’
Atrium Carceri et Musterion, bienvenue chez
Abnocto !
Cette musique happe quiconque tend une oreille curieuse pour l’écouter. Les ambiances sont lourdes, sombres et lentes et imposent une atmosphère souterraine. L’album commence pourtant tranquillement par quelques notes d’un instrument qui doit être une guitare, soutenues de nappes atmosphériques apaisantes, un homme chante dans une langue inconnue, sa voix aérienne se répercute en échos sur les parois humides de la grotte où nous sommes entraînés malgré nous (
Spiritus Arma). Mais ces ambiances sereines s’assombrissent rapidement. «
Prophecy », le second titre nous plonge littéralement dans les profondeurs obscures où les bruits aigus des gouttes d’eau qui s’écrasent du plafond retentissent dans l’immensité souterraine, accompagnés d’une mélodie au piano, simple, mais terriblement efficace.
Les pistes suivantes s’enchaînent, proposant des mélodies envoûtantes, entêtantes, soutenues de chants étranges, amplifiées par les échos et les réverbérations et agrémentées de la musique naturelle de la caverne. Les musiques sont totalement épurées et libérées de toutes fioritures inutiles pour ne laisser que l’essentiel, ambiances et mélodies, et, malgré une apparente simplicité, leur complexité se révèle dans la capacité à captiver l’auditeur. L’album est d’une surprenante unité et harmonie et tient en haleine tout au long de ses 40 minutes. Nous retiendrons le titre « The
Garden », quasiment expérimental, uniquement composé d’un lourd silence ponctué de sons brefs et d’éclats de voix, chacune de leur apparition étant dosée pour apparaître au juste moment afin de maintenir en éveil et chasser la lassitude.
L’album, ou plutôt le périple, s’achève sur un morceau long de 7 minutes, « Petrus ». Il laisse un froid dans le cœur quand s’éteint la dernière note, ultime soupir d’un
Simon Magus à l’agonie…
Cet album est à mettre entre les mains des amoureux de l’ambient, des musiques calmes mais émotionnelles ou de tous les curieux, avides de nouvelles découvertes. En attendant une nouvelle production d’
Abnocto, je vous conseillerai de vous tourner vers Za Frûmi, qui propose une musique tout aussi sombre et originale, retraçant les légendes des orcs, vampires et autres créatures fantastiques !
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