Liste des groupes Heavy Progressif Silver Lake (FIN) Silver Lake

Ce projet solo de Esa Holopainen, connu comme membre fondateur et guitariste de Amorphis, a vu le jour lorsque Nino Laurenne, propriétaire des studios Sonic Pump en Finlande, l’a appelé afin de le prévenir que, « grâce » au COVID-19, une rare opportunité s’offrait à lui pour enfin mettre en musique des idées qu’il avait rassemblées ces dernières années et qui ne pouvaient s’intégrer ni chez Amorphis ni dans l'un de ses autres projets. Ce faisant, en profitant de trois titres déjà écrits avant la demande du producteur (« Sentiment », « Ray of Light » et « Promising Sun »), Laurenne et Holopainen se mirent au travail vers mars 2020 sur ce projet intitulé Silver Lake afin d’écrire et d’enregistrer en un peu plus d’un an six autres compositions pour que cet album puisse enfin voir le jour !

Ainsi, ce premier album au titre éponyme du nom du groupe comporte une grande touche de sensibilité émouvante qui fait briller les neuf chansons qui le composent. Qui plus est, Holopainen a décidé de ne pas chanter lui-même, faisant plutôt appel à une multitude de chanteurs invités aux styles très divergeants, tels que les scandinaves Jonas Renkse (Katatonia), Einar Solberg (Leprous), Bjorn « Speed » Strid (Soilwork - Night Flight Orchestra), Tomi Joutsen (Amorphis) ainsi que Anneke Van Giersbergen (Vuur) ; et pour couronner le tout, vous avez quelques jokers en la personne de Håkan Hemlin (Nordman) et du comédien/acteur Vesa-Matti Loiri, qui a déjà touché au Metal avec une apparition orale sur le titre "Pohjola" de l’album « Unsung Heroes » du groupe Ensiferum. Bref, nous avons-là une collection prometteuse de musiciens, qui, pour la plupart, définissent l’épine dorsale de ce disque en le rendant plus qu’agréable et plus intrigant que la plupart d’autres projets du même acabit.

Dès lors, ce disque ressemble à un voyage autour de la musique progressive d'Europe du Nord, et cette pérégrination débute par un instrumental au titre éponyme bucolique et atmosphérique, avec ses guitares acoustiques accompagnées d’un piano offrant un aperçu sonore de ces friches du Nord en servant d’ouverture à "Sentiment". Cette agréable piste sonne comme l’un des morceaux inspirés du Folk des récents disques de Katatonia, tout en contenant les sons lourds des années 70 (c’est peut-être mieux de l’écrire dorénavant en chiffres), où le jeu de guitare d'Esa est magnifiquement habile et poignant, à l’instar du chant de Jonas Renske, que l’on entendra également sur l’outro "Apprentice" de style Soft Rock, pourvue de nuances de touches de clavier et de guitares acoustiques où le chant est plus émouvant que sur l’entrée en matière.

À mi-chemin du disque, le matériel devient un peu plus lourd même s'il reste mélodique et atmosphérique, à l’image de l'hommage ethnique rendu sous forme de poésie prononcée par le notable finlandais Vesa-Matti Loiri sur "Alkusointu". Il s’agit-là d’une pièce musicalement triomphante qui voit Holopainen s'autoriser quelques opportunités de solo envoûtantes avant que la lourdeur ne monte de plusieurs crans sur "In Her Solitude", morceau dynamique et puissant au style "Amorphis-ien" où l’on retrouve bien évidemment Joutsen au chant.
Dans cette catégorie entre également "Promising Sun", qui convient parfaitement à Björn Strid en affichant une touche légèrement plus moderne et en proposant de délicieux riffs qui donnent des frissons dans le dos.

Une fois cette lourdeur musicale passée, l’entrée d’Anneke Van Giersbergen accompagnée par la guitare d’Esa est parfaite pour calmer le jeu et entamer "Fading Moon", piste rappelant assez curieusement l'album « The Life and Times of Scrooge » de son homonyme Tuomas Holopainen (Nightwish), notamment en raison de l'instrumentation délicate et de la mélodie entendue sur ce titre.
Pour le reste, Einar Solberg ajoute ses tons les plus distinctifs à "Ray of Light", créant ainsi une sensation classique des années 70 (sans commentaire), où le chanteur de Leprous offre une performance tout simplement captivante en renforçant l'intention mélodique déjà forte de la musique.

Enfin, Håkan Hemlin, ce chanteur du duo Pop/Rock Nordman (probablement étranger pour une grande partie d’entre nous) émerveille littéralement le disque par sa prestation exceptionnelle, correspondant parfaitement à l'ambiance Rock générée par "Storm". Pour les plus curieux, il s’agit-là d’une ode vivifiante à la majesté de la vieille Carélie, où les mélodies de guitare et le refrain s’installent de manière répétitive dans le cerveau, et ce, grâce à la gracieuseté du chant rauque de ce chanteur qui incitera plus que certainement les auditeurs à activer le mode « Repeat » assez fréquemment.

Bref, ce « Silver Lake » de Esa Holopainen est une belle collection de chansons interprétées professionnellement avec une certaine légèreté, comme si vous étiez assis au bord d'un lac finlandais en profitant du calme, du soleil et de la nature.

En définitive, ce projet est un début solo exceptionnel, montrant alors le guitariste d'Amorphis dans un contexte légèrement différent. A l’évidence, chacune de ces chansons est un régal qui répand une ambiance magique à laquelle on ne peut résister, et c’est précisément le genre de disque solo que beaucoup d'entre nous espèrent encore entendre un jour, puisque sa plus grande force est d’emmener les auditeurs au firmament des étoiles avec sa forme unique de composition chaleureuse et exaltante.