Tribes Of Neurot, malgré tout le mal qu’on se donne et les efforts répétés des scientifiques du milieu à cataloguer le groupe, échappe à toutes formes de classification aussi farfelues soient elles. Comprenez que si d’un point de vue strictement sonore et par le regard le plus objectif qui soit on peut "rapprocher" la musique du groupe comme un drone-ambiant expérimental, déstructuré, chaotique car pour la majeure partie de ses morceaux improvisés, on se rend compte qu’on a jamais vraiment entendu un conglomérat de sonorité présenté sous cette forme...
"
Silver Blood Transmission" est en fait le premier album studio enregistré par l’alter ego de
Neurosis et ce que l’on ressent à la première écoute du disque c’est ce sentiment d’angoisse sous forme de torture et de triturations de sons divers et variés. Ces sonorités ainsi retravaillées sont jetées sur bande et se mélangent, dés fois dans le plus grand des hasards, donnant un résultat pour le moins magmatique, toujours surprenant et non avare en sentiments suppliciés donnant cette impression de franchir brutalement une frontière ésotérique, invisible et néanmoins palpable, marque de fabrique du groupe...
Dés le premier on peut sentir la patte de Steve
Von Till, grand triturateur de sons s’en donnant à cœur joie pour immerger son auditeur dans les méandres qui sont les siens et ceux de sa "tribu" (Tribes of Neurot n’a jamais caché son attirance pour une tribalité sonore et non pas sociale comme certains se plaisent de le croire). Aussi pouvons nous ressentir cet appel chaman, viscéral, démontant notre conscience pour mieux la faire ressurgir pour une nouvelle connaissance du monde. Percussions largement mises en avant emboîtent le pas donnant à cet album une résonance rituelle follement jubilatoire. D’ailleurs les connaisseurs et autres fans acharnés de
Neurosis (dont je fais partie) reconnaîtront le rythme des percussions toutes droites sorties de "Cleanse", titre final du fantastique, glorieux, immortel de "Enemy of the Sun". Même puissance et peut-être même décuplée par cette aura entourant l’album, vaporeuse. Vous noterez aussi l'adéquation avec "Trough
Silver In
Blood" de
Neurosis.
Véritable appel à une introspection inquiétante et belle, on retiendra la magnifique clameur de "Achtwan", plainte langoureuse et contemplative en diable pour presque vingt-cinq minutes d’ésotérisme et de mélancolie poignante, chant féminin fantomatique et percussions à la fois lourdes et subtiles à l’appui (sans être passéiste, je précise). Samples et sons se concordent, s’assemblent et ne se ressembleront jamais et si on peut rétorquer que cet album perd de temps à autre son intensité du à son « décousage » voulu, il n’en reste pas moins après écoute un ressenti inquiet, troublé et agité qui perdure dans notre tête. Car un disque de Tribes of Neurot se révèle comme une véritable expérience à part entière, laissant la plus grande liberté d’interprétation possible à celui qui l’écoute.
Fans de Tribes of Neurot, vous savez ce qui vous reste à faire...
Remercions aussi Relapse qui a la bonne idée de ressortir l’album cette année alors que ce dernier se révélait pour ainsi dire introuvable.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire