Dans le néant de la nuit, le
Silence est total. Dans les ténèbres de l’espace, le son est absent, l’air n’est plus, l’isolement est complet et la folie progresse.
Lorsque le metal prend comme concept principal cet isolement, cette atmosphère et cette folie latente, c’est souvent pour développer une ambiance glaciale, une vision spatiale et stellaire et des émotions de misanthropie et de destruction personnelle.
Darkspace ou
Samael, dans des visions musicales complètement différentes, sont deux influences majeures et il est évident que dans le cas présent, Spatial écouta beaucoup ces deux artistes puisque leur aura plane clairement au-dessus du premier album sobrement et symboliquement nommé "
Silence".
L’aura de
Samael notamment, période "Passage"/"Reign of Light", suinte irrésistiblement dans le son, les riffs, les atmosphères et surtout la voix écorchée et singulière de Strzyga qui évoque Vorph par bien des aspects. La production puissante mais froide et robotique n’est pas étrangère non plus à cette comparaison que les polonais ne semblent pas véritablement vouloir cacher. D’un "
Silence" spatial (ahah) et ésotérique, nous passerons à un "Knights of the
Forgotten Realm" bien plus black metal et rapide, plus noir également et laissant de côté les claviers pour se focaliser sur les riffs et l’impact immédiat de la musique.
Honnêtement, ce premier album n’apporte absolument rien à la scène et il est important de le préciser en préambule pour ceux qui recherche une quelconque créativité ou originalité. Spatial se base sur des ambiances, une âme qu’il cherche à reproduire et surtout une vibe particulièrement hypnotique et froide. "
Golem" par exemple, est une formidable réussite alliant une mélodie en tapping extrêmement réussie, des vocaux black impériaux, lourds et dominateurs ainsi qu’une batterie agressive et lourde. L’ombre des suisses est bien évidemment présente, comme sur l’ensemble du disque, mais posséder ce genre de compositions pour un premier disque est un bel effort et surtout un motif de satisfaction pour les années à venir, preuve d’une déjà très belle maitrise de leur sujet.
On sent en revanche le groupe moins à l’aise lorsqu’il faut ralentir le tempo, s’exprimer en chant clair ou simplement se baser sur des mélodies plutôt que des atmosphères ("
Empire of
Ancient Graves", "
Nightrage"). On sent le vocaliste notamment à la peine dès qu’il s’agit de réellement chanter, surtout que ce ne sont pas forcément des passages nécessitant ce type de chant. Cela est d’autant plus dommage que cela casse souvent la dynamique du titre et l’atmosphère qui était déployé par les riffs ou les claviers. L’album se termine néanmoins sur un "Posag Minionych Burz" chanté en polonais et dévoilant des atmosphères moins metal mais pour un résultat tout aussi saisissant dans les contrastes proposés, entre le chant clair cette fois très maitrisé et les parties extrêmes semblant par comparaison bien plus lourdes et sombres que sur le reste de l’album.
"
Silence" est donc un premier disque réussi et intéressant qui, à défaut de proposer du neuf, est fait avec professionnalisme, talent et envie. Certains choses sont évidemment à corriger, des erreurs de jeunesse pour la plupart et il faudra suivre Spatial pour savoir dans quelle direction ils partiront à l’avenir. Le dark metal a, en tout cas, encore de belles années devant lui.
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