Il y a des groupes qui tentent avec plus ou moins de réussite d’impressionner l’auditeur avec un satanisme en carton, relevant plus de la pose que de la conviction. Il y a ceux qui se réfugient derrière une technique virtuose parfois vaine et sans objet. Certains font du true black, du death old school ou technique, etc…
Et puis il y a ceux tels NACHTVORST qui font ce que bon leur semble avec une personnalité qui échappe (presque) aux classifications et retient du coup l’attention. Difficile de définir la musique du combo, qui mêle black, doom, drone, sludge dans une approche globale qui relève du post-rock.
Du
Silence il y en a peu dans ce deuxième opus. Ou alors un bruit blanc, un continuum opaque, une pulsation sourde, la fréquence reptilienne aveugle d’un black metal mutant.
Le duo originaire de Rotterdam, formé en 2007 par Erghal (chant, paroles) et Léopold (composition, tous instruments) semble avancer dans les ténèbres de son inspiration, mais sa démarche est en réalité maîtrisée, il faut plus d’une écoute pour en prendre conscience, et rassembler ce qui rend ces six pistes cohérentes.
Tour à tour méditative ou déchirée, leur musique emprunte les sentiers cathartiques d’un sludge aliéné sur lequel plane le chant écorché d’Erghal. Parcouru d’éclaircies ou l’atmosphère se fait plus éthérée sans pour autant que la tension ne faiblisse, cet opus se traverse comme une succession de visions nocturnes, de bribes de cauchemars interrompus.
Ici, un piano minimaliste vient créer une tension aride dans la progression pesante du morceau («The
Serpent’s Tongue »), là, des motifs déliés et planants de guitare, tels le ressac des vagues, apportent une consolation au cœur d’un chemin de croix (« A Gentle Notice Of A final Breath »).
En privilégiant l’ambiance plutôt que la technique NACHTVORST nous livre un album poétique et personnel qu’ils concluent par « A Way Of
Silence », près de 15 minutes à la fois incantatoires, mélancoliques, et finalement abrasives quand le grand BM revient pour une charge finale chaotique.
Un reproche que l’on peut faire concerne le manque de fluidité des compos qui fourmillent de moments forts pas toujours bien liés entre eux. Donnons le temps à ces gelées nocturnes de cristalliser plus encore l’essence de leur inspiration. Il y a fort à parier que ce duo possède une marge de progression conséquente. En tous cas un album prometteur, qui ouvre des perspectives.
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