Stillborn Messengers est un groupe français qui nous vient tout droit de Nice. La bande est composé de cinq membres dont Kevin et
Jim à la gratte, Cyril à la basse, Sylvain derrière les futs et Lou au chant. Le groupe débarque donc en
2012 avec un EP sous le bras intitulé
Sightless. Après une première écoute on peut déjà féliciter le jeune quintette niçois pour avoir produit une musique sans fioritures : d’emblée on distingue un
Metal Hardcore puissant et rageur avec des touches prononcées de Math et Djent
Metal.
On entame alors l’écoute avec
Rebirth qui est introduit par une scène du film
Alien (le moment où la porte s’ouvre et Ripley arrive dans un robot et s’avance devant la maman
Alien à qui il dit « Get away from her, you bitch »). Bref, passé la charmante référence cinématographique : la musique ! Et quelle musique, ça démarre en trombe avec un bon gros
Metal Hardcore qui s’accroche ici à de multiples influences dont un Djent (le son des guitares est vraiment caractéristique) puissant façon
Periphery (sans l’abominable chant clair) et un Math
Metal dissonant à la manière d’un bon
Misery Signals.
Notons aussi les incroyables breakdowns très (voire trop) présents dans la musique et apportant avec eux une atmosphère lourde et étouffante. Cette atmosphère très pesante permet aussi d’accrocher facilement un auditeur qui se retrouve malgré lui embarqué de force dans la musique grâce à laquelle il headbangera jusqu’à la mort. Toutefois dans le fond de la toile musicale on observe des plans mélodiques de toute beauté qui apportent un peu de douceur dans ce monde de brute. Il faut dire que les guitaristes ont assez de talent et de technique pour nous concocter une panoplie de riffs qui varie entre riffs Djent typiques, gros riffs gras et chaotique (rappelant parfois les Américains de
Norma Jean sur les parties rythmiques), ou encore accords euphoniques qui s’entremêlent et laissent le plus souvent éclater de nombreuses et belles dissonances pour notre plus grand plaisir. Au niveau du chant, Lou nous gratifie d’une performance plutôt bonne. Son chant, très puissant et profondément Hardcore, oscille entre des cris secs, virulents et nerveux et de jolies growls caverneux à souhait. Côté batterie, on voit qu’il y a du boulot derrière les futs. Ainsi Sylvain nous offre un jeu à la rythmique puissante et endiablée, enchaînant avec une habileté qui force au respect, les blasts beats.
Mais
Stillborn Messengers, ce n’est pas seulement des instrumentaux à la fois techniques et efficaces, c’est aussi des ambiances mémorables comme l’interlude onirique
Voices (sur lequel paradoxalement il n’y a pas de chant). Facing Yourself propose aussi davantage de variété avec l’ajout d’éléments électroniques sur un passage étonnamment calme, bercé par le chant mélancolique mais pas très au point de Lou. Et puis il y a aussi des pistes comme
Human Nature et
Nemesis qui renvoie à l’aspect le plus flagrant de l’album soit un côté totalement anarchique et rentre-dedans assisté par une atmosphère glauque et froide qui fiche la chair de poule. Enfin on finit sur Break The
Circle, un simple défilé de breakdowns ravageurs qui doit faire un malheur en concert. Ensuite, la chanson se consume avec lenteur et majesté sur des airs spatiaux proche d’un
Born Of Osiris ou d’un
Born To Suffer.
Néanmoins passé les éloges il faut maintenant en venir aux points négatifs de l’album. Et on va commencer par dire que ce dernier comporte beaucoup trop d’influences notables notamment avec du Slipknot sur l’intro de Facing Yourself. La musique se rapproche aussi étrangement de ce que font les Djentcoreux de
Veil Of Maya. Et puis au sujet des riffs c’est souvent du déjà vu par les grands de
Periphery à
After The Burial en passant par les schizophréniques de
The Dillinger Escape Plan. De plus certaines ambiances (notamment celles de Facing Yourself et
Nemesis) auraient pu être davantage travaillé pour un rendu encore plus contrastant et diversifié. Il aurait peut-être fallu aller plus loin dans le délire progressif en donnant, par exemple, naissance à des morceaux plus longs avoisinant les cinq minutes et plus de changements de rythme pour casser la monotonie de certains breakdowns.
Sightless est un bon album et je ne démentirais jamais sa qualité ni la bonne volonté mise à l'intérieur.
Stillborn Messengers produit une musique variée où chaque titre s’enchaîne avec fluidité et dont aucun n’est hors-sujet. La production ni trop sale ni trop clean est excellente. Les musiciens gèrent très bien leurs parties et ont clairement du talent, il ne reste plus qu’à voir ce qu’ils vont en faire…
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