Liste des groupes Heavy Speed Evil (DK) Shoot the Messenger

Evil, en fait le pseudo de Freddy Wolf si besoin était, est devenu un one-man band depuis son auto-reformation. Auteurs en 1984 du Mini-LP "Evil's Message", les Danois, peu connus dans nos contrées hormis par les quadras ayant écumé l'ensemble des groupes heavy/speed metal en vogue à cette période, splittèrent peu après la sortie de ce disque, en 1985. Signé chez Mighty Music, Freddy, batteur à l'origine du groupe, compose tout, produit, et s'occupe dorénavant de l'ensemble des instruments, à l'exception du chant assuré par son compatriote Soren Nico Adamsen (ex-Artillery). Le mix et le mastering sont confiés à Frank Pitters (Edenbridge, Visions Of Atlantis), dotant le disque d'un son vintage, mais plein, adapté au style comme il se doit. Le grain des guitares est très agréable, et la basse audible, ce qui n'est pas rien.

Passé une inutile introduction de deux minutes censée faire monter la tension et installer un climat malsain, Freddy / Evil propose sept morceaux d'un heavy-metal assez classique, d'inspiration Judas Priest/Accept/early Mercyful Fate. Puisant sa source dans la genèse du style jusqu'au bout des soli, Evil / Freddy propose également quelques riffs visqueux et lourdingues, inspirés du stoner avec une certaine réussite ("Shoot the Messenger"), la rage modulée des vocaux hurlés d'Adamsen se mariant de manière assez réussie avec les structures des morceaux.

Pour autant, les racines heavy ("I Could Be Your Hero", très Accept) sont extrêmement présentes, et confèrent à l'album un charme désuet qui pourra plaire à ceux qui vénèrent la période 1982 - 1984, l'avènement du speed-metal d'Exciter, d'Anvil ou de ces groupes n'ayant pas su anticiper le durcissement général de cette ère et ayant été ringardisés par le thrash metal naissant. Court, très court (30 minutes si on enlève l'intro), Shoot the Messenger est facilement assimilable, et contient quelques passages assez réussis (le solo de "Big Show", le riff principal de "Shoot the Messenger", le bon et entraînant "I Could Be Your Hero", et le final "World War 666" au rythme un peu plus tapageur).

Malheureusement, c'est bien peu en regard d'un disque qu'on imagine avoir mûri longtemps dans l'esprit du principal compositeur. Peu marquant, le disque ne possède pas de titres forts, et malgré les écoutes répétées, aucun ne se retient réellement, à l'exception de "I Could Be Your Hero". L'apparente simplicité des chansons, classiques et pas mauvaises en soi, ne transportent nullement l'auditeur et confèrent à ces morceaux un ennui persistant pas aidés par des riffs et arrangements mille fois entendus ("Keep It True", digne d'une face B de single de Judas Priest et tout juste sauvé par son pont mélodique, le caricatural "Big Show", poussif, et tentant de singer AC/DC).

Alors, à moins d'adorer sans mesure les groupes précités, d'écouter Anvil en boucle depuis 1982, et de vénérer cette période bénie où Venom faisait réellement peur, difficile de se tourner vers Evil. Dommage, car on ne peut pas dire que Freddy Wolf ait été pressé par le temps. Il est précisé au dos de la pochette l'adage suivant : "The power of Evil is not to be taken lightly". Le dernier mot est vraiment de trop.