Thy Majestie pourrait aisément remporter le peu envieux titre de parangon des formations dont les qualités auraient pu, et dû, évincer nombres de ces concurrents bien moins talentueux que lui, mais qui, pour certaines raisons obscures, n'aura jamais véritablement réussi à s'imposer plus largement qu'un succès bien trop modeste, eu égard aux capacités démontrées au cœur de travaux enthousiasmants.
Un début de réponse quant à cette incapacité à exister plus largement pourrait se trouver dans une discographie peu fournie. Nous en proposer davantage dans un monde aux certitudes et aux convictions, malheureusement, aussi changeantes, parait indispensable. Difficile, en effet, d'exister sans assiduité. Culturellement, ce qui ne se voit pas ou ne s'entends pas, n'existe pas.
Bien évidemment, il ne nous appartiendra pas ici de juger les raisons profondes de cette présence artistique relativement sporadique.
Et puis dans le paysage ultramontain, expliquant sûrement aussi ce relatif désamour à l'encontre de
Thy Majestie, il y a
Rhapsody. Sans ce dernier rien n'eut été possible. Mais à cause de lui tout est devenu plus complexe tant il est difficile de vivre hors de l'ombre de cet illustre acteur.
Quoi qu'il en soit comment, en effet, ne pas saluer l'excellence d'une carrière qui, en définitive, n'aura à rougir d'aucune imperfection, si ce n'est de ne pas être plus rempli? Des albums tels que
Hastings 1066 (2002) ou
Jeanne D'Arc (2005) sont indiscutablement des fresques qui si elles ne seront pas responsables de bouleversements majeurs, resteront de très bons albums. Tant et si bien, d'ailleurs, que l'annonce d'un nouvel opus intitulé
ShiHuangDi, prévu en cette année
2012 et venant rompre le long silence suivant
Dawn, ne pouvait que réjouir les fidèles amateurs de leur
Power Symphonique.
Musicalement
Thy Majestie n'a jamais véritablement donné dans la complaisance excessive. Ni même dans la facilité outrancière. Si sa première œuvre, au-delà de son excellence, avait eu à souffrir d'une parenté un peu trop proche des travaux de
Luca Turilli et de ses complices, bien vite, le groupe aura su affirmer une personnalité attachantes et propres. La prouesse est notoire puisque les acteurs prenant part à ce projet auront beaucoup changé durant ces années. Et d'ailleurs, une fois encore, ce Shi HuangDi ne déroge pas à la règle puisque ses artisans ne seront pas tout à fait les mêmes que ceux présents sur
Dawn. Le changement le plus crucial étant celui concernant les vocaux qui désormais seront assurés par Alessio Taormina (dont votre humble serviteur n'aura pu s'empêcher de noter quelques similitudes avec celle de Matthieu Kleiber (Ex-
Karelia). Ce qui n'est absolument pas un défaut. Bien au contraire.).
De plus, loin de se contenter d'égrener sa musique en de très bons titres,
Thy Majestie se sera, de surcroît, de tout temps appliquer à nous conter des histoires où chacun de ses morceaux est un chapitre construisant un tout dantesque. Ce nouvel effort n'enfreindra pas non plus ce précepte, le groupe choisissant de nous y narrer des récits qui, cette fois ci, seront très empreints d'orientalisme. Il s'agira ici d'évoquer la vie du premier empereur chinois, Yeng Zheng qui deviendra Shi Huangdi. Le souverain, bien que tyrannique, est reconnus pour avoir unifié son pays. Il fut aussi l'un des partisans actifs de sa modernisation. Et d'aucuns considèrent qu'il fut l'instigateur de la construction de la Grande Muraille Muraille de Chine (même si certains contestent ce point-là).
Dans l'enchevêtrement des chansons passionnantes de ce nouveau disque, se mêlent constructions variées, émotions diverses, grandiloquence émouvante, chœurs tantôt célestes tantôt grave et profond, vélocité, chants aigus, orchestrations symphoniques, et tant d'autres choses encore, racontant l'ascension du monarque. Fort de ces vertus, après un premier instrumental poignant, des pistes telles que les remarquables
Seven Reigns,
Harbinger of a New
Dawn, Walls of the
Emperor, Under the Same Sky ou encore, par exemple,
Farewell viennent nous séduire avec toutes les délicieuses spécificités de ce genre si prisé. Ajoutons encore que l'aspect très scénarisé et très cinématographique de l'ensemble exhausse indéniablement les charmes de ce tableau.
Signalons aussi que l'emblématique Fabio Lione est venu prêter sa voix pour un titre.
Une fois encore, avec ce
ShiHuangDi, les Italiens de
Thy Majestie auront brillamment exposé toutes les qualités qui sont les leurs. Ils auront, à nouveau, réussi à nous proposer une œuvre dense et captivante qui au delà d'une forme très maîtrisée aura aussi du fond. Du fond, et du sens.
Cela suffira-t-il? Rien n'est moins sûr...Malheureusement...
15/20 pour ma part.
Il manque singulièrement d'identité propre.
12/20
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