Shrine Of
Malice est l’une de ces nombreuses formations de
Deathcore que l’on ne compte plus au travers des années. La naissance de nouveau-nés est devenue monnaie courante dans un genre qui peine à se renouveler et à proposer une recette unique. Toutes les formations se battent entre elles pour décider de celle qui est la plus brutale, celle qui produira le breakdown le plus lourd possible et abandonne totalement l’aspect mélodique et harmonieux. Même si certains tirent leur épingle du jeu, ces groupes hétéroclites restent rares et noyés dans la foule devenue inintéressante.
Pour notre quintuor, nous pouvons nous montrer un peu plus euphorique car nos musiciens, à l’image d’un certain
Lorna Shore ou
Shadow Of Intent, nous offre une vision d’un blackened deathcore, mélange entre death et black metal, qui peine encore à gagner en notoriété, malgré deux figures montantes et un armada bien construit. Malgré le fait que le style soit encore énigmatique, il demeure dans un certain sens une porte ouverte et un véritable encouragement dans la transformation du deathcore. Encore faut-il qu’il se révèle captivant …
Et là est un peu le soucis de
Sheol, premier opus de nos Californiens. Nul doute quant au fait que les titres soient percutants, puissants et bien présentés, en témoigne le premier morceau
The Awakening, à l’intro morne et déprimante à souhait avant de gagner en incision et en malveillance. Le travail vocal est de qualité avec une véritable synergie entre growl et hurlement. Le solo de guitare est soigné, sérieux, sans aller dans l’excès et le breakdown est parfaitement bien imprégné, quoiqu’un peu trop prévisible.
Quelques points sont néanmoins notables et aspirent légèrement notre curiosité. Le chant clair présent dans l’outro de
Kiss Of The
Wind est une modeste surprise dont on se contentera puisque le résultat final demeurera presque équivalent au premier titre : tout à fait convenable mais négligeant sans doute le plus important, l’ébahissement. Le tempo plus lent de Death Hunt réjouit également car il met mieux en avant l’angle rechignant et attristant du black. Enfin, le vocal plus parlé de The Left
Hand accentue cette toile inconfortable et effrayante.
Bien sûr, il semble important d’afficher la technicité de notre quintuor, qu’il s’agisse de l’instrumental ou du travail vocal, en atteste Z (
Lost In The
Cold) où les percussions tabassent à souhait et où les hurlements aigues offrent un air agonisé. Toujours dans une atmosphère suffocante, Death Hunt (encore lui) privilégie sur le double breakdown pour imposer sa prestance et sa lourdeur. Coffin dévoile le peu d’harmonie de l’album avec une nouvelle outro en chant clair et aux claviers moroses.
Hormis ces quelques prises de risque trop peu nombreuses et surtout de trop courtes durées, seule la monotonie des morceaux subsistent. La ressemblance entre les titres est redoutable tant le schéma est à peu près le même à chaque fois. Certes, l’intensité est au rendez-vous mais il manque cruellement d’une identité propre pour amener à la stupéfaction et à l’intérêt. Cet absence d’oscillation est d’autant plus notable au vu de la longueur de l’opus (près d’une heure dix) et du fait que l’impétuosité ne s’affaiblit pas.
Bon indéniablement, efficace incontestablement mais peu aventureux indiscutablement,
Sheol est un premier jet tout à fait convenable mais qui restera trop conventionnel pour être marquant.
Shrine Of
Malice s’est installé dans une spirale infernale dont il a déjà du mal à se détacher et dont il copie les erreurs de ses prédécesseurs. C’est d’autant plus dommageable que les américains semblaient avoir les armes nécessaires pour créer une œuvre unique. Cette galette ne sera donc pas pour maintenant …
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