En cette fin de millésime marqué par l’effervescence de la sphère progressive, voilà qu’un vieux client refait parler de lui. Avec déjà cinq albums au compteur, Annubis
Gate brise cette fois-ci le cercle des albums conséquents pour adopter un autre angle de vue. C’est une offrande plus modeste que nous font les danois avec cet EP qui ne contient pas la douzaine de titres habituelle, ni d’ailleurs une demi douzaine, mais seulement trois compositions. Chose d’ailleurs fort cruelle qu’en cette période de fête, le contenu d’un album ne soit pas proportionnel au nombre d’huîtres que les amateurs vont s’enfiler…
Mais déjà, la chronique se perd dans les méandres de l’humour de bas étages. Vous en conviendrez, il est grand temps de revenir à nos moutons. Car c’est bien le cœur du sujet ! Drôle de nom en effet que «
Sheep », mais donne bien envie de savoir ce qui se cache sous ce tas de laine. Un nouveau guitariste donc, Michael Bodin, ainsi que trois morceaux, le tout pour vingt minutes d’écoutes, avec ça pas de quoi faire un pull pour l’hiver… Néanmoins, faute de quantité, la qualité elle semble être au rendez vous. Les premiers riffs de « Destined to Remember » se font entendre puis la musique se radoucit pour permettre l’entrée d’Henrick Fevre. L’atmosphère est globalement dense, dans les refrains notamment, mais ne déteint en rien sur le chant d’Henrick, pourtant clair et toujours dans le haut de la tessiture. La production irréprochable laisse pleinement ressortir le contraste entre un chant poussif et des riffs massifs. Voilà un certain nombres d’éléments qui rappellent ce qu’a pu faire
Threshold avec « March of Progress », et qui montrent que les influences des britanniques ne sont guère lointaines.
Le premier morceau s’achève et notre mouton lui trace sa route. Sans s’aventurer en terres inconnues, il emprunte cette fois des chemins plus progressifs. Ainsi, à mesure que les pas s’enchaînent et que les minutes défilent, les paysages évoluent et la route se fait plus sinueuse, serpentant entre un caractère dynamique et des nappes sonores inquiétantes dans lesquellent se mêlent chant d’oiseaux du soir et sonorités robotiques.
Anubis Gate brouille les pistes et l’auditeur est à la recherche de repères, en vain. Néanmoins, le mouton finit par retomber sur ses pattes. Projeté hors du gouffre par un long riff de batterie, le thème originel refait son apparition. Les riffs de guitare lumineux qui se succèdent et le jeu de percussion explosif sont porteurs d’une atmosphère plus optimiste que l’on retrouve également dans « Broken
Wings ». Le titre véhicule une impression de grande sérénité grâce à un rythme binaire bien prononcé, des harmoniques claires et à cette longue ligne de guitare au second plan supplantée par un solo final pour clore le morceau. On perçoit aussi une dimension nostalgique, là encore dans le chant clair pur mais moins fougueux d’Henrick.
Et déjà «
Sheep » referme ses portes, laissant à l’auditeur le loisir de se replonger ou non dans ce court mais sympathique moment de musique. Il ne fait aucun doute que la majeure partie optera pour l’affirmative, mais cela ne veut pas dire que cet EP n’a que des qualités. Si la créativité reste au rendez vous avec le titre éponyme, elle est moins présente dans « Destined to Remember » et dans « Broken
Wings ». Bien qu’il soit possible de produire une musique de grande qualité sans nécessairement aller de l’avant, on déplore qu’
Anubis Gate ne rompe pas les rangs comme il a pu le faire auparavant du temps de Jacob Hansen. En revanche, le niveau technique est irréprochable et l’on sent la musicalité présente sous chaque doigt.
S’il ne laissera pas un souvenir impérissable, on prendra toujours du plaisir à l’écoute de «
Sheep », qui de plus ne demande d’innombrables écoutes pour en cerner toutes les subtilités. De son côté,
Anubis Gate à réussi son pari, même si les motivations restent énigmatiques. Est-ce le fruit d’un manque d’inspiration ou bien une transition dans une carrière déjà bien entamée ? Ne faut-il pas mieux faire plus court pour repartir de plus belle ? Au contraire, n’est ce pas là le signe d’un déclin ? Faut il donc voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Bien malin qui pourrait nous le dire. Alors faute de pouvoir se prononcer quant au verre d’
Anubis Gate, j’espère que le vôtre sera bien rempli en cette fin d’année.
Santé !
14/20
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