Située en Californie, la faille de San Andreas est une faille géologique à la jonction des plaques tectoniques du Pacifique et de l’Amérique. S’étendant sur environ 1300 km de long et 400 km de large, la faille de San Andreas coulisserait d’environ 3 à 5 cm par an et provoquerait annuellement près de 200 séismes d’intensité supérieure ou égale à 3 sur l’échelle MSK autrement dit des secousses pouvant être ressenties par l’homme. Notamment responsable des catastrophes de San Francisco en 1906 (environ 3000 morts), de Long Beach en 1933 (115 morts), de San Fernando en 1971 (65 morts) ou encore
Loma Prieta en 1989 (63 morts), la faille de San Andreas constituant l’un des phénomènes si ce n’est le phénomène géologique le plus étudié au monde passe bien évidemment par la Cité des Anges, hantant à ce titre les esprits locaux quant à une potentielle future tragédie on ne peut plus dévastatrice. Aussi et à prendre davantage en considération que la comptabilité macabre ou les risques à venir énoncés précédemment, cette particularité géographique de la zone a enfanté le patronyme d’un obscur combo sleaze/glam de la bonne époque :
Shake City.
Fraichement débarqué du légendaire
Warrant qui le remplace par un certain
Jani Lane (RIP 1964-2011), le chanteur Adam Shore forme début 1987 le groupe Hot Wheelz en compagnie du lead guitarist Don E. Sachs. Vite rebaptisé
Shake City, le projet devient un véritable combo avec les arrivées concomitantes du second six-cordiste Michael Blair (cousin germain d’Erik Turner de
Warrant), du bassiste Ray Bailey et du batteur Jaycee Cary. Après l’écriture de quelques compositions originales et quantité de répétitions nocturnes,
Shake City investit les scènes des clubs rock du Sunset Strip tels les mythiques The Roxy,
Whisky A Go-Go, Gazzarri’s et autres Central et devient dès lors un incontournable de l’underground sleaze local. Epaulé par
Jani Lane et Erik Turner de
Warrant mais aussi Tommy Thayer de Black N’ Blue notamment au niveau du songwriting et des ouvertures de portes,
Shake City rentre aux Fort Apache Studios d’Hollywood en aout 1990 pour y enregistrer neuf morceaux avec Mikey Davis (assistant studio pour
Kiss, W.A.S.P.,
Vinnie Vincent Invasion..) dans le but d’avoir sous le bras une maquette professionnelle à présenter aux labels susceptible de signer le quintette. Rebelote en aout 1991 aux
Fortress Recorders d’Hollywood avec Pat Regan pour trois autres titres. Promis à la gloire et à la fortune,
Shake City redeviendra finalement poussière avant même de dégotter un deal et splittera définitivement en avril 1992 durant les émeutes raciales de
Los Angeles. Cependant en 2009 et à l’initiative d’Erik Turner, les enregistrements de 90 et 91 sont mis à la disposition du grand public via la parution d’une compilation éponyme inespérée éditée par l’excellent label Eönian Records.
Cinquième release d’un catalogue comptant nombre de compilations de démos similaires de groupes non signés de l’âge d’or du hair metal tels
Gynger Lynn et
Pistol Dawn de Chicago,
High Noon de
Los Angeles ou encore
Murder Bay de San Francisco, «
Shake City » entame sa réhabilitation du combo hollywoodien du même nom via le percutant et groovy « One Good
Reason » permettant à l’auditeur de découvrir un groupe ayant la banane et fronté par un chanteur aux vocaux bad ass bien évidemment aigus mais également zélés et rappelant peut être à ce titre ceux de Johnnie Holliday de
Star Star, le tout soutenu par une production logiquement perfectible mais largement audible et tout à fait honorable pour un titre démo. Fin des 80’s oblige,
Shake City officie donc dans un hard rock sleaze bien ficelé et surtout débordant d’enthousiasme et de sentiments hédonistes comme peuvent en témoigner le suave et magnétique « Get It While It’s Hot » appuyant le sex appeal incontestable du groupe, le mid tempo accrocheur on ne peut plus bien nommé « Hot Love », le catchy et particulièrement fluide «
Lust & Love » ou encore le survitaminé et enjoué « Betty Blue » qui à l’instar du titre éponyme de
The 69 Eyes extrait de l’excellent «
Paris Kills » de 2002 rend un classieux hommage à l’héroïne passionnée et nihiliste du chef d’œuvre du Septième Art français « 37°2 le matin » de Jean-Jacques Beineix (1986) incarnée par l’imprévisible Béatrice Dalle. Tiré de la session studio d’aout 1991, il conviendra de louer les mérites de l’excellent et bombastique « Submarine » articulé autour d’un refrain imparable et que l’on aurait tout à fait imaginé faire un carton quasi absolu sur les ondes et sur MTV et devenir ainsi le tube intemporel de
Shake City ci ce dernier était passé à la postérité via la parution d’un premier full length qui ne verra finalement jamais le jour.
Entité sleaze n’ayant rien à envier à l’attractivité visuelle d’un
Poison alors au firmament de sa popularité ou de son grand frère
Warrant, le propos strictement musical de
Shake City revêt également un intérêt certain tant le gang d’Adam Shore sait se concentrer sur la sacro-sainte efficacité, ingrédient ô combien prépondérant dans le succès d’un groupe lorsque l’on connait le formatage et la saturation propres au genre hair metal qui vit alors ses dernières heures et abat généreusement ses dernières cartouches en 90-91 avant la névrose de Seattle. A cet égard, l’auditeur appréciera sans doute le classieux et racé « Psychedelic Ride » extrait de la session d’aout 91, symbole du charisme de
Shake City mais également de son habilité musicale notamment au travers d’un solo de six-cordes de maitre signé Don E. Sachs et de petites et subtiles touches de keyboards seyant tout à fait l’esprit du morceau et l’ambition du combo hollywoodien. Aussi, l’ultime et insolente « Bad on Wheels » rythmée par un beat syncopé relativement jouissif confortera l’auditeur dans l’intime conviction qu’à défaut de réinventer le fil à couper le beurre et de faire de l’ombre aux mastodontes du genre que sont les
Ratt et Mötley Crüe entre autres, l’expansif et coloré
Shake City aurait mérité de sortir un premier album et contribuer ainsi à écrire les lettres de noblesse d’un style mort et enterré à jamais, n’en déplaise aux amateurs de néo-sleaze et autres plats périmés à réchauffer au micro-ondes. Enfin et comment omettre cette composante indispensable et bien évidemment obligatoire du hair metal de la bonne époque, le chapitre « ballades » de
Shake City peinera globalement à convaincre l’auditeur au travers la présence sur la compilation de trois pleurnicheries plutôt inégales. La très belle et langoureuse mélopée acoustique « Little Lianne » tout d’abord, mais également les insipides, ô combien niaises et peu convaincantes « Sweet Dreams » et « Can’t Get Over You » que n’auraient certainement pas renié aujourd’hui les eunuques de la bande FM James Blunt et Raphaël.
Ultime et unique témoignage sonore d’un quintette sleaze/hair metal de la bonne époque made in Hollywood et fronté par le premier chanteur de
Warrant Adam Shore, l’inespéré et enthousiaste «
Shake City » saura assurément séduire l’auditeur via des versions primitives mais audibles de morceaux particulièrement catchy animés par l’efficacité brute et la fougue non négociables pour tout groupe souhaitant casser la baraque avec style et attitude et expérimenter à fond la rock n’ roll life. Combo au fatum maudit selon les uns ou au timing imprécis selon les autres, le charismatique et non moins bad ass
Shake City prouve au monde via cette compilation éditée par l’excellent Eönian Records qu’il avait probablement les armes pour sortir un premier full length solide et contribuer ainsi à écrire l’Histoire de manière indélébile. Cette Histoire passionnément intarissable qui ne finit jamais de délecter nos tympans constamment mis à l’épreuve.
Etonnant non comme aurait dit l'ami Desproges.
Merci pour ce très bon texte d'un groupe dont, bien
évidemment, je n'avais jamais entendu parler. Les groupes cités donnent envie d'y préter l'oreille
@ Mike : la chro du 2nd Star Star est prévue dans un avenir plus ou moins proche..
@ Zaz : effectivement, j'ai d'ailleurs failli faire mon intro sur ce film mythique, mais je garde l'idée pour The 69 Eyes..
Merci Adrien de faire écho à ces damnés oubliés.
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