Nouvel entrant dans la sphère metal symphonique à chant féminin, marchant sur les traces de ses illustres compatriotes de
Magica, ce jeune quartet roumain originaire de Craiova, comme tant de ses homologues avant lui, entend bien s'illustrer à son tour. Mais tenter de se frayer un chemin au beau milieu de cet incessant fourmillement de formations de tous poils, et ce, pour espérer embrasser une carrière à l'international, reste un pari osé. Nos acolytes en ont mesuré les risques et pris la mesure des enjeux. Aussi ont-ils déjà mis les petits plats dans les grands... Simplement leurs armes artistiques et techniques seront-elles suffisamment affûtées pour assurer à ce projet sa pérennité, et maintenir à distance les
Elvellon,
Beyond The Black et autres
Metalwings ?...
Cofondé en 2015 par le batteur Marjan Calin (
Avatar, ex-
Obscurum Noctis) et le guitariste Dan Scurtu (ex-
Obscurum Noctis, ex-
Avatar), le combo compte également dans ses rangs, et depuis le début, les talents de la frontwoman aux puissantes inflexions Adda Witch et du bassiste Catalin Brinzan. Patiemment, le discret combo échafaude ses gammes et sculpte ses arpèges, asseyant son projet sur un travail minutieux en studio, mettant alors l'accent sur la qualité des enchaînements et des finitions. Aussi, ce n'est que deux ans plus tard qu'il accouche de son premier bébé à l'instar de cet EP 4 titres répondant au nom de « Shadows and
Stories » ; laconique mais énergisante auto-production d'une durée de 20 minutes tout au plus.
Entièrement enregistré par Adastia, ce frondeur et rayonnant opus jouit d'une belle profondeur de champ acoustique. Quant au mixage, essentiellement signé Thomas Plec
Johansson (The
Panic Room Studio, Skövde, Suède), il s'avère bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation. Ce que révèle également « To the
North », titre mixé, pour sa part, par Alexandru Seidiu. Une ingénierie du son quasi professionnelle qui n'aurait rien à envier à celle de ses pairs, nous intimant d'aller jeter une oreille attentive à cette introductive offrande ; message musical rock'n'metal mélodico-symphonique et progressif aux accents power. Ainsi, on est au carrefour d'influences telles que
Magica pour son riffing effilé,
Lacuna Coil quant à ses enivrants harmoniques,
Gwyllion eu égard à ses lignes de chant,
Ancient Bards pour sa fibre power et
Amberian Dawn (seconde période) au regard de ses lignes mélodiques. Tout un programme...
Le collectif roumain interpelle par la ferveur de sa section rythmique autant qu'il témoigne d'une réelle capacité à concocter les séries d'accords qui font mouche. Dans cette dynamique, on retiendra «
Shadow Story » et «
Power », rutilantes piste power symphonique à la croisée des chemins entre
Ancient Bards et
Amberian Dawn. Jouissant d'une insoupçonnée et frissonnante polyrythmie, alimentés par un riffing crocheté et une basse vrombissante, les deux manifestes se dotent en prime d'une sente mélodique difficile à prendre en défaut et dont pourraient bien s'inspirer ses concurrents. Mis en exergue par les corpulentes attaques oratoires d'une sirène bien habitée, les refrains de l'un s'avèrent immersifs à souhait, lorsque le second nous octroie de saisissantes variations dont s'abreuvent les couplets. Bref, deux offrandes aux allures de hits en puissance qui renseignent déjà sur les intentions de nos quatre mousquetaires d'en découdre. Mais le spectacle n'est pas terminé...
Parfois, la troupe intensifie le rythme de ses frappes, se plaisant alors à nous secouer le tympan dans ses folles embardées, pour un résultat des plus inattendus. Aussi ne passerons-nous pas outre « Damned to Chaos », efficace mid tempo progressif un tantinet orientalisant dans le sillage de
Gwyllion, avec un zeste de
Lacuna Coil, nous plaçant prestement sur des charbons ardents. Lorsque le convoi orchestral prend l'ascendant, parallèlement les patines oratoires de la déesse se densifient tout en assurant de fines modulations. Enfin, on restera soufflé par les insoupçonnés changements de tonalité du méfait, et ce, jusqu'à la note ultime d'une pièce se clôturant crescendo. Et comment résister à la vague de submersion du solaire « To the
North » ? Pourvu d'un cheminement harmonique dans l'axe d'
Amberian Dawn conjugué à une mélodicité d'une précision d'orfèvre, cet impulsif effort ne tardera pas à porter l'estocade.
Carton plein, donc, pour cet introductif propos, dont on se surprend à remettre le couvert aussitôt notre parcours achevé ?
Pas tout à fait. D'une part, quelques arrangements instrumentaux restent en-deçà de ce que l'on pourrait attendre dans ce registre. De plus, très peu de prises de risque s'immiscent dans cette rondelle et les exercices de style tendent à se répéter. On regrettera encore un cruel manque de diversité rythmique et vocale, empêchant cette œuvre d'en faire un incontournable d'une cd-thèque metal symphonique qui se respecte.
Toutefois, nos quatre gladiateurs ont encore le temps de faire évoluer leur art et cette livraison est déjà révélatrice d'un potentiel technique efficient et d'envoûtantes sentes mélodiques, celles qui, parfois, échappent à leurs homologues générationnels. Aussi, on conseillera cet EP aux aficionados de leurs maîtres inspirateurs, toutes proportions gardées, et plus largement aux amateurs fervents de metal symphonique à chant féminin non lyrique. Sans doute le début d'une longue aventure...
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