Disharmony, voilà un groupe grec pour le moins obscur et singulier. Formé il y a plus de 17 ans, le combo ne comptait jusqu'à présent à son actif que deux modestes démos dont la dernière remontait à 1999, autant dire une éternité. En 2014, Disharmony voit enfin l'occasion de livrer son premier full-length, s'offrant même un deal avec le label autrichien Noisehead Records.
L'artwork proposé pour ce disque est assez singluier, trahissant des influences modernes, à la fois mécanique et organique. Le tout flanqué d'un titre tout aussi intrigant, "
Shades of Insanity" installe dès lors la curiosité dans l'esprit de l'auditeur, ce qui n'est jamais une mauvaise chose. Disharmony a par ailleurs sur garder un line-up stable puisque 3 membres fondateurs (guitariste, bassiste, chanteur) sont là depuis le début tandis que le batteur Thanos Pappas et le second guitariste Stavros Gatsopoulos ont rejoint le groupe en 2009.
Les grecs évoluent dans un style flou, se plaisant à être à cheval sur les genres définis mais pour faire simple, on dira qu'on a là affaire à un heavy metal à la coloration doom. Le riff d'intro du morceau-titre, particulièrement rentre-dedans, nous met directement dans le bain, soutenu par un gros socle rythmique. Le rythme est majoritairement lent et lourd, magnifiant les vocaux de Chris Kounelis.
Kounelis offre un panel vocal assez large et magnifie les compos par son timbre singulier et ses accents particulièrement théâtraux, laissant entrevoir un petit manque de maîtrise dans les aigus ("This Possible Lie"), offrant parallèlement quelques pointes de growl (assez rare pour être souligné) sur "Infinite
Astray" ou "Cosmic Anarchy". Les orientations musicales explorées par ce disque sont par ailleurs très diverses.
Si la majorité des titres naviguent effectivement dans un trip heavy/doom ("Shadows" et ses riffs à la
Candlemass ou "Cosmic Anarchy" ), on visite pas mal d'horizons, à l'image de "This Possible Lie" et son refrain power épique, "
Nostalgia" qui officie dans un registre plus ambiant ou encore la reprise "Oman" de
Dead Can Dance (bel hommage par ailleurs, bien dans l'esprit du groupe) qui offre un interlude bien dépaysant.
Les compos sont toutes longues et soignées, misant avant tout sur les ambiances et également serties de nombreux soli, prenant le temps de créer les émotions. Cependant sur la longueur, on n'échappe pas à une certaine lassitude, pas non plus aidés par le côté légèrement barré du disque. "
Shades of Insanity" est donc un disque intéressant, dévoilant un bon potentiel, à l'image d'un vocaliste talentueux mais encore perfectible. Aux grecs de se servir de cette base pour convertir l'essai dans le futur.
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