Fondé en 1996 par le guitariste et chanteur Stefan Lundgren (qui officie également chez
Sectu et a joué en tant que membre de session pour des groupes comme
Dawn ou Mörk Gryning),
Sobre Nocturne a souffert depuis ses débuts d'un certain nombre de coups du sort sans réelle gravité mais qui l'empêcheront de sortir plus d'un véritable album.
Outre les problèmes financiers du label
Loud 'N' Proud, qui fermera deux ans après la sortie de ce
Serpentine Dreamweaver, les différents changements de Line-up repousseront à plusieurs reprises toute tentative de nouvel album jusqu'à aujourd'hui, Stefan continuant bon gré mal gré à travailler sur un nouvel opus à l'avenir encore incertain.
Sorti début 2000,
Serpentine Dreamweaver est un mélange de
Doom Metal flirtant avec le gothique soft et de Heavy symphonique similaire en certains points à
Therion mais suivant une approche plus intimiste et nostalgique. Faisant appel à un véritable orchestre (basson, violoncelle, saxophone, flûtes, violons... ainsi qu'un chœur d'une quinzaine de personnes), le groupe suédois parvient en effet à se différencier de ses compatriotes et à se forger une identité propre dans son aspect symphonique , tour à tour empreint d'une ambiance mystique, douce et lumineuse (Coverted
Temple ou l'excellent Seal of the Bleeding
Moon), triste et nostalgique (Crystalizing the
Unspoken Truth et sa très belle utilisation du saxophone) voir doucement épique (An Atlantean
Ode) et préférant toujours une certaine subtilité à des atmosphères grandioses. Le résultat est élégant, délicat et se marie parfaitement avec le travail effectué par les guitares.
Outre l'aspect strictement instrumental, l'approche symphonique de
Sobre Nocturne passe également par une grande palette de chants s'entremêlant et se répondant à la manière d'un Opera métallique. Growl, chants clairs masculins et féminins variés, chœurs, le travail des cinq vocalistes de la formation est l'un des intérêts de cet album. Et si les interventions masculines sont relativement perfectibles malgré tout (les chants clairs notamment auraient pu être exécutés avec plus de conviction), les différentes chanteuses ( avec par exemple Katarina Lilja, qui officiera justement chez
Therion) proposent une prestation assez bluffante, tenant autant à leurs capacités vocales personnelles qu'à un excellent travail de composition sachant les mettre en valeur sans les rendre envahissantes.
L'ensemble des morceaux garde un rythme assez calme (à quelques exceptions près comme Flee
Into Eternity, légèrement plus pêchue que le reste), hérité de l'influence
Doom bien présente, même si globalement allégée en lourdeur et enrichie en mélodies. Reste donc la relative lenteur précitée, quelques riffs bien typés (le début de l'interlude The Rise par exemple), un ton général assez nostalgique et des vocaux théâtraux rappelant parfois ceux en vigueur chez les disciples de
Candlemass,
Solstice et consorts. Une position assez bâtarde au final, qui risque de faire fuir les différents types de public, selon qu'ils trouvent ce
Serpentine Dreamweaver trop mou ou au contraire pas assez
Doom. Un reproche similaire peut être fait aux mélodies, souvent marquées par une certain candeur voir une naïveté qui sans tomber non plus dans le ridicule peut surprendre l'auditeur non averti. Le presque joyeux Rooted est ainsi assez incongru dans un album étiqueté
Doom Metal, de même que de manière générale les orchestrations manquent peut être trop de noirceur malgré leur qualité pour satisfaire les goûts des aficionados du genre.
Mais si les choix stylistiques du groupe ne vous rebutent pas,
Serpentine Dreamweaver (malgré sa pochette assez quelconque) offre un petit bijou de mélodie tout en finesse et doté d'une personnalité bien affirmée, donc les quelques maladresses ne le rendent que plus attachant. A noter que le groupe offre son unique album en téléchargement gratuit sur son site officiel, une occasion de découvrir quelque chose de différent pour les fans de sympho et les fans de
Doom épique, ces deux genres étant rarement mêlés de manière aussi élégante et poussée.
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