Shaddaï, jeune formation de black metal, sort avec "Serpens Antiquus" un premier EP occulte et sombre. La pochette est soignée et au design thématisé (le titre en latin vous en donnait un avant-goût)sur le satanisme traditionnel.
Pas de paroles données en prime, mais vu la tracklist on ne réinvente pas une roue qui tourne depuis
Mayhem : on semble avoir affaire à du black metal très orthodoxe.
Après une intro partagée entre les grésillements d'un brasier infernal sur fond de bruits indéterminés et une mélopée rituelle instrumentale, on entre dans le vif du sujet avec les trois réels morceaux de l'album, déjà entraînés dans l'ambiance de l'opus. Car sous l'apparence d'un black metal plutôt conventionnel, dans les structures du moins, avec refrains et riffs mélodiques, la personnalité de Shaddaï se construit sur des ambiances occultes. La production, pas optimale, loin de là, joue en leur faveur à ce niveau. Si elle ne dégoûte pas l'auditeur (rassurez-vous, il y a bien pire), elle le fera plonger dans les arcanes sataniques de Kelen Ob, compositeur principal, chanteur et bassiste du groupe.
Le résultat du mixage donne une lourdeur aux percussions franchement délicieuses dans les passages lents de l'EP; en revanche dans les blasts on perd un peu de clarté, mais qui réclame de la clarté dans ce genre de musique? L'atmosphère en profite pour tirer avantage de la masse sombre générée par les fûts de Xaphan, ça penche du côté de groupes plus ambiants comme
The Ruins Of Beverast. Un résultat peut-être pas recherché, mais il y en aura pour y trouver leur compte, de plus la voix, profonde, grave et rituelle à souhait, va également dans ce sens, et alors que le prêtre noir accomplit son office au-dessus de mélodies lancinantes, les cymbales rythment ses incantations. Bref, une manière de dire que l'opus contient des moments vraiment intéressants.
Les trois morceaux s'enchaînent, liés par une ambiance malsaine, et soutiennent l'attention de l'auditeur en alternant blastbeats, lourdeur pachydermique et passages acoustiques. Les mélodies ne rappellent pas immédiatement un autre groupe, "Dieu" soit loué, et elles ne sont pas fades pour autant. Autant d'atouts qui permettent de pardonner à Shaddaï le contenu plutôt maigre - à peine vingt minutes d'écoute, mais c'est leur premier-né - ainsi que des transitions parfois difficiles à comprendre, des blastbeats parfois mal insérés. Mais l'ensemble garde une logique, satanique, et ne souffre pas d'une trame décousue.
En conclusion, une démo offrant quelque chose d'intéressant à se mettre sous la dent, mais surtout empli de promesses en vue d'un éventuel premier album. Pour l'instant le jeune Shaddaï n'en est qu'à ses balbutiements, mais il pourrait devenir une étoile montante de la scène black metal suisse. En tout cas, vu les débuts de monstres comme
Samael ou
Hellhammer, il sait se défendre. À suivre avec intérêt donc.
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