Au début des nineties, plusieurs petits labels se sont spécialisés dans la production de vinyles EP (souvent 3 ou 4 titres en 33 ou 45t), dont les nord-américains Seraphic
Decay et Relapse Records. Ces deux écuries ont en effet rassemblé à elles deux un sacré paquet de formations deathmetal ou grindcore cultes, à l’heure des demo-tapes et avant les premiers albums, pour citer
Incantation,
Monstrosity,
Goreaphobia,
Amorphis,
Demigod ou
Sinister. Si Relapse est devenu un label important, ayant notamment compilé dès 2002 ses 20 premiers EPs dans cinq volumes "Relapse Single Series", Seraphic
Decay a quant à lui rapidement disparu après une trentaine de EP’s, en ayant toutefois gravé en 1991 sur CD six vinyles issus de son catalogue du moment, regroupant ainsi
Abhorrence,
Acrostichon,
Goreaphobia,
Toxaemia,
Disgrace et Minch sur un même support.
Le split-CD s’ouvre sur le redoutable EP éponyme (/ Pestilential Mists) d’
Abhorrence, idéalement capturé à l’été 1990 aux TTT Studios de
Timo Tolkki (
Stratovarius !). Ces quatre ultimes morceaux d’une rugosité toute particulière font suite à la fameuse démo
Vulgar Necrolatry et constituent l’un des EPs les plus sombres issus de Finlande, parmi les meilleurs également, une production d’autant plus culte puisque le quatuor d’Helsinski se séparera peu après l’enregistrement, le guitariste & compositeur Tomi Koivusaari fondant de son côté
Amorphis.
Acrostichon est quant à lui originaire de Tilburg en Hollande et constitue aux côtés de Derketa l’une des toutes premières formations deathmetal avec une chanteuse, le growl de Corinne van den Brand étant terrifiant. On retrouve ainsi son EP
Lost Remembrance de 1991 (bien produit au passage), qui servira de base pour le premier album à venir. Le split-CD inclut en plus deux titres issus des mêmes sessions que l’on ne trouve ni sur EP ni sur le futur album, Thriving On Chaos et Exasperation, deux compléments de choix pour les amateurs de cette bonne formation batave.
Quel plaisir d’avoir également la première démo Morbidious
Pathology des deathsters nord-américains de
Goreaphobia, pressée cette même année 90 sur vinyle EP par Seraphic
Decay et incluse dans ce split-CD. Le style US sombre & agressif du fameux trio Gamble / Bouks / Smilowski annonce déjà
Omen of Masochism, le terrible EP paru l’année suivante chez Relapse Records. Il faudra néanmoins attendre quasiment 20 années avant la sortie du premier album, de la part d’une formation qui nourrissait pourtant tant d’espoirs à court terme.
L’EP
Beyond the
Realm enregistré à l’été 90 par les suédois de
Toxaemia est aussi un bon ajout, un enchainement idéal après les trois titres de
Goreaphobia. Le quatuor originaire de Motala au nord de Mjölby lâche en effet quatre morceaux d’un deathmetal solide et relativement brutal (et bien produit), davantage proche de la scène nord-américaine que de la scène stockholmoise et du son made-in-Sunlight du moment en Suède. Prometteur, ce groupe assez méconnu se séparera hélas après une ultime démo en 1991.
Aux côtés d’
Abhorrence, le finlandais
Disgrace est également de la partie avec son EP Debts of Gods modestement capturé en juin 1990. Si l’influence du deathmetal carcassien de l’époque Symphonies of
Sickness est encore forte, le quatuor de Turku fait déjà preuve d’un talent certain qui préfigure le bon debut-album enregistré l’année suivante, muni cette fois d’une production idéale de
Timo Tolkki aux TTT Studios. Pour ne rien gâcher, le présent split-CD comprend en plus l’inédit Waves of
Hypocrisy Seas, tiré de la démo
Labyrinth of
Depression d’octobre 90.
Enfin, Minch est la déception de ce split-CD, un délire noisecore éprouvant d’une nullité totale, là où d’autres EP’s de Seraphic
Decay ne demandaient qu’à entrer, à commencer par les cultes Premature
Burial, Entrantment of
Evil,
Necrosphere, Adipocere, ou Brutally
Mutilated (Derketa,
Incantation,
Killing Addiction,
Morpheus -Descends- &
Mortician) ou l'éponyme de
Sinister, quoique la limite de stockage du CD ne soit guère éloignée, celui-ci dépassant les 77 minutes.
Disque remarquable rien que pour la présence d’
Abhorrence ou
Goreaphobia pour lesquels on attendait vainement une concrétisation sur album à l’époque, l’unique CD de Seraphic
Decay Records représente assez fidèlement le bon catalogue de cette petite écurie nord-américaine éphémère, ayant mis le pied à l’étrier à tant de bonnes formations influentes tel qu’
Immolation (/
Rigor Mortis)
Incantation,
Mortician,
Sinister ou
Agathocles, à la carrière longue et prolifique.
Fabien.
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