Ce projet n’est en aucun cas à confondre avec le groupe de black metal américain portant le même nom.
Mord vient de France mais surtout se décline comme un projet parallèle de I. Luciferia du groupe
Reverence (l’album « Industrial
Mental Concept »). Cette démo bien conséquente (quasi une heure d’écoute) est en fait un disque de dark-ambiant/indus acéré et malsain comme il se doit.
«
SelbstmordInjektion » porte en cela bien son nom. S’il y a bien une infiltration dans la structure du disque cela est dû en partie à la tonalité indus particulièrement marquée. Aussi le disque s’ouvre sur un morceau classique qui va au fur et à mesure des secondes et des minutes se faire gangrener, se transformer par les touches ambiants/indus assez agressives (le titre « 03.2 »)... Le morceau (comme le reste du disque d’ailleurs) évolue devenant plus chaotique et d’avantage oppressant par la durée conséquente du morceau. Jouant sur le temps d'immersion, cette ouverture s’étend jusqu’à atteindre un point d’attraction qui au-delà de l’aspect noise se révèle en tout point marécageux. Il est d’ailleurs frappant de retrouver le concept de
Reverence couplé à la démarche d’un projet culte comme
Megaptera (son craspec voire indigent, concept mortuaire, structure faussement magmatique, contact frontal etc...). On retrouve ainsi sonorités mécaniques, martèlements incessants au milieu d’un magma insalubre qui renvoie à une industrialisation sociétale des masses. L’environnement aseptisé se retrouve à mesure que l’écoute se déroule, certains sons étant reconnaissables car très peu retouchés ce qui rajoute à la crudité de l'ensemble. La palme étant rapporté par le très noise « Has
Through » nous renvoyant ce sentiment de torture implacable, programmé et déshumanisé dont les voix noyées dans ce grondement ne peuvent que difficilement émettre et en toute logique se faire entendre...
Très pernicieux et imprégné d’une aura froide et sombre,
Mord fonctionne circulairement. Impossible d’y échapper, d’où le côté répétitif qui reflète parfaitement la logique du disque. « Mirrorflesh » le titre final atteint une intensité, non pas infra-sonique mais atmosphérique, par l’apposition de chœurs religieux qui s’ils rappellent Raison d’Être (difficile de ne pas y couper) n’enlève en rien cette ambiance entêtante entrecoupée de chants dévoilant une tonalité macabre. Ce qui a pour conséquence de terminer ce disque avec une pointe d’émotion larvée et non moins mécanique... Qui rappelle par là aussi « Thematic Emanation of Archetypal Multiplicity » de
Blut Aus Nord (quand on y pense la démarche des deux groupes est assez proche)
Et même si on regrettera certaines longueurs ou si le son n’est pas de toute puissance (faut souvent augmenter le son pour pleinement percevoir le flux qui se déroule devant nous), «
SelbstmordInjektion » est un premier objet tout ce qu’il y a de plus construit et de recommandable au milieu d’une scène où l’on peine à trouver ses marques.
Amateurs de
Megaptera,
Mord comblera vos fantasmes car nul doute là-dessus, ce projet a toutes les cartes en main pour être un groupe ambiant à suivre de près.
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