Il est bien connu qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture, mais à son contenu. Il en va de même avec les disques de Black
Metal, quoique je doive avouer avoir un peu trop souvent acheté des albums du genre sur la seule foi d'une couverture qui m'avait attiré l’œil avec parfois de bonnes surprises mais plus souvent des mauvaises; En regardant la photographie ornant ce premier véritable album de Atel, il n'est pas difficile de deviner que l'on va avoir affaire à du Black Dépressif : une cabane dans des bois, au pied d'une montagne enneigée et photographiée en noir et blanc... Les clichés sont respectés aussi à l'intérieur du livret : photographies, toujours en noir et blanc, de cimetières et de statues funèbres. En lisant un peu, on s'aperçoit que l'album a été enregistré durant "l'hiver misanthrope 2015 à
Los Angeles, Californie"... Oui bon là, j'avoue que le cliché a gentiment sauté par dessus le requin. Parce que parler d'hiver misanthropique pour une ville où il fait en général un beau soleil et 24° C en Décembre, hein...
Mais ne nous arrêtons pas à ce genre de détails :
Xasthur et
Leviathan ont prouvé que l'on pouvait habiter la Californie (qui plus est, dans leur cas, dans ce berceau des hippies et de la Beat Generation qu'est San Francisco) et balancer une musique froide et haineuse qui n'aurait pas dépareillé en plein hiver au Me-Åkernes. On donne donc le CD à manger à la chaine hi-fi et la température se met à baisser dans la pièce dès le riff d'ouverture de "
Anthology Of
Nothing". Atel ne prend pas de gants, et ne cherche en rien à proposer du neuf : on a ici un
True Black de composition classique, avec des morceaux assez longs (notamment le plutôt réussi "
Destroyer Of Thoughts") et qui sait judicieusement alterner passages dépressifs et moments plus violents. Les influences sont repérables facilement, de
Burzum aux premiers
Shining. La différence avec pas mal de suiveurs des groupes cités est que Sandaramet, seul maître à bord de Atel, ne cache pas vouloir faire ici la plus sincère forme de flatterie tout en essayant d'y apporter sa propre touche. Pour ce dernier point, on dira qu'il y a encore du boulot mais cela ne semble pas inquiéter notre musicien, lequel au final joue la musique qu'il aime avec conviction et en se moquant bien de ce que les auditeurs pourront bien en penser.
Le titre le plus réussi du lot est sans conteste "Defeating
Melancholy With
Suicide", du Black Dépressif en mid-tempo dans la plus pure tradition du style. Au niveau instrumentation, rien de spécial à redire si ce n'est que l'on regrette que les riffs soient si basiques et manquent par moments de sentiments : on est loin de certaines sorties de
Hypothermia ou
Shining. La production est elle aussi assez classique (œuvre de Ricardo Roman, guitariste de
Ritual, groupe étant soit totalement kvlte soit le pire truc USBM jamais sorti, suivant votre humeur du moment), faisant la part belle aux guitares qui grésillent et donnant à l'album un son sale et froid, mais propre : il manque peut-être une petite étincelle crasseuse pour sublimer le tout, mais n'en demandons pas trop non plus.
Au final, on ne s'ennuie pas durant les 34 minutes que dure cet album et c'est bien le principal. Il faut prendre "Seeking
Morbid Silence" pour ce qu'il est : un album de Black sans prétention, fait avec conviction et respectueux du genre. Parfois, il n'en faut pas plus pour prendre plaisir à écouter un disque.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire