Liste des groupes Death Technique Process For Enigma Seeds of Evil

Après plus d’une année d’attente, sans cesse repoussé, voici enfin le nouveau disque de Process For Enigma. Annoncé comme un premier full-lenght, nos jeunes Américains sortent finalement contre toute attente un nouvel EP au nom peu original (Seeds of Evil) et à la pochette très axée death metal. Un joli travail signé Jeffrey Wagner (auteur de designs pour As Blood Runs Black, Bleeding Through, Impending Doom, Whitechapel…) néanmoins pas vraiment très convaincant ni très original avec son cadavre sanglant dessiné à main levée, surtout lorsque l’on constate la typographie du titre, vulgaire copié-collé d’une écriture Word.

Enfin bref, l’habit ne fait pas toujours le moine, voyons ce nouveau son. Enregistré en 2009, le son est assez bon pour un EP : brut, sec, idéal pour les sweeps envolés et les riffs ultra-rapides qu’il faudra discerner. Un EP quatre titres qui dure pourtant plus de vingt minutes. Intrigant. On commence donc par le morceau "Dark Messenger" posté sur leur site officiel il y a de ça presque deux ans. Pas grand-chose de nouveau niveau riffs comparé à l’ancienne version si ce n’est la voix beaucoup plus caverneuse, avec moins d’aigu, et surtout une différence notable de son, énormément plus sombre, plus étouffé, à croire que l’accordage des grattes a variablement changé. Le titre reste puissant, ravageur, technique, dans la continuité de leur son désormais particulier, comme échappé de leur précédent EP Blueprints for a War Machine. Des sweepings par dizaines, des harmoniques à foison, un rythme de batterie frénétique changeant constamment de rythme, un chant mêlant voix grave et légers screams montant en puissance face aux riffs acérés, le tout dans un débit très proche du thrash. Un titre court mais complet, sorte de grosse intro pour ce qui va être un EP résolument ravageur.

Trois minutes, c’est plutôt court, plutôt concis, même un peu trop pour Process For Enigma. Le groupe veut exploiter le côté progressif à fond et c’est parti pour les trois prochains titres d’une durée quasi-égale de six minutes. "Finding Sanity in Amnesia" est donc un concentré de fureur technique et explosive, sans pause, sans baisse de rythme et ce, durant six longues minutes. On en prend plein la poire à grands coups de riffs saccadés ultra-rapides et d’allers-retours dévastateurs. Petit bémol : le blast pas toujours précis contrairement à la double-pédale fracassante. On passe d’un passage à l’autre sans s’en rendre compte, le morceau étant méchamment progressif mais toujours dans une même continuité. On pourrait bailler à l’écoute d’un titre aussi long mais comme dit précédemment, le morceau ne s’arrête jamais et nous tient en éveil tout le long, la deuxième partie devenant nettement plus mélodique, notamment grâce à un solo des plus épiques placé avec précision peu avant les riffs finaux. Du lourd en somme.

Déjà le troisième titre et on est toujours en émoi. "Fields of Shame" et "Seeds of Evil" ressemblent à s’y méprendre à leur prédécesseur sonore, avec leurs différentes parties très variées, solides, jamais ennuyeuses et au contraire terriblement entrainantes. Le groupe a une identité forgée depuis leur premier EP et il entend bien la conserver grâce à cette dextérité, (excellent solo bien heavy sur "Fields of Shame") mais aussi cette enivrante façon de mêler technicité et bourrinage mélo-death. Une identité qui se reflète d’ailleurs dans "Fields of Shame", long morceau exploitant tout aussi bien la multiplicité des riffs que les parties du début reprises à la fin pour structurer la compo de façon équilibrée. Le morceau final, d’une durée similaire, conclut en beauté un EP aussi court qu’intense, continuant d’étayer les différentes structures et autres prouesses techniques que le groupe arrive à produire, variant tout autant les styles et les influences.

Au final, malgré une production nettement en deçà de Blueprints for a War Machine, le groupe réussit à impressionner de nouveau grâce à un son beaucoup moins tape-à-l’œil mais néanmoins plus bourrin et surtout plus progressif. Un très bon second prélude pour, j’espère, un premier album.